Publié il y a 1 h - Mise à jour le 21.12.2025 - Thierry Allard - 4 min  - vu 329 fois

FAIT DU JOUR "On me laisse crever dans mon coin" : gravement blessé lors d’un salon de la moto, il est sans nouvelles des assurances

Jean-Claude Laville a été gravement blessé lors du Sou'Papes festival, en juin dernier à Avignon

- Thierry Allard

La vie de Jean-Claude Laville, vigneron de 64 ans originaire de Tresques, près de Bagnols, a basculé le 7 juin dernier lors d’un salon de la moto, à Avignon.

Ce samedi-là, aux alentours de 21h45, Jean-Claude Laville assiste à un show de « stunt », des cascades à moto, dans le cadre de la sixième édition du Sou’Papes festival, au Parc des expositions d’Avignon. « Il y a quatre ou cinq types à moto qui font des accélérations, des figures acrobatiques, rejoue Jean-Claude Laville. Et un quart d’heure après le début du spectacle, il y en a un qui part dans la foule, à fond, et je me le prends dans le ventre. En une fraction de seconde, la moto et la barrière m’ont enfoncé les organes. »

Sept personnes sont blessées, dont une en urgence absolue. Il s’agit de Jean-Claude Laville, qui s’est « fait éventrer », selon ses termes. Malgré son état, il ne perd pas connaissance, et se souvient d’une « douleur horrible » : « J’avais une hémorragie interne, des perforations à l’intérieur de mes organes. » Transporté au centre hospitalier d’Avignon, il survit, mais au prix fort : une ablation du côlon ascendant et d’une partie de l’intestin grêle, « 1m50 d’organes en tout », glisse-t-il. Sa cage thoracique est enfoncée, il passe deux semaines à l’hôpital dont quatre jours en réanimation.

« Je ne peux plus travailler depuis six mois »

« Et depuis, je suis dans un état… », commence-t-il, sans finir sa phrase. Il a perdu vingt kilos, et souffre depuis d’un transit chaotique, « avec des douleurs au ventre en permanence », glisse-t-il. Une situation « psychologiquement horrible », rajoute Jean-Claude Laville. « J’étais un type en pleine santé, j’ai passé ma vie à travailler et maintenant je suis une loque », poursuit-il. Avec des conséquences lourdes sur son activité : « Je ne peux plus travailler depuis six mois, je n’ai pas pu sulfater mes vignes ni les vendanger, j’ai dû payer des gens pour le faire, ça m’a coûté 15 000 euros, mes économies », présente-t-il. Sans compter tous les frais annexes non remboursés, comme les séances d’ostéopathie.

Une enquête a été ouverte pour déterminer les responsabilités dans ce tragique accident, et l’avocate de Jean-Claude Laville, Me Emmanuelle Guyon, a mis en demeure l’assureur de l’organisation d’indemniser son client, sans succès. « Après un accident grave, on ne devrait pas laisser les victimes crever dans leur coin », souffle Jean-Claude Laville. Me Guyon indique dans son rapport que « l’assureur du cascadeur conteste sa garantie ‘limitée à la circulation lors d’essais privés’ (…) cet assureur n’intervient pas en responsabilité civile » et charge donc les organisateurs, dont « la faute est d’autant plus grave (qu’ils) n’ont pas contrôlé la souscription d’un contrat d’assurance valide par le cascadeur », estime-t-elle.

« Nous avons toujours été dans les règles »

Contactée, l’organisation affirme qu’« une enquête est en cours, les assurances se renvoient la balle, on était tous assurés, mais personne ne veut payer », indique Jérôme Bonnefoy, de l’association Motards solidaires, qui organise l’événement. Il l’affirme, « on a tous été carrés, le pilote aussi, la moto avait été contrôlée ». Carrés aussi sur l’assurance du cascadeur : « Il n’y a pas de Fédération française de stunt, les pilotes sont assurés individuellement, ils ont une responsabilité civile et lors des shows, ils sont sous la RCO (la responsabilité civile organisateur, NDLR) », indique Jérôme Bonnefoy.

Et côté organisation, « nous avons un chargé de sécurité indépendant, nous avons déposé un dossier validé par la préfecture, la commission de sécurité était favorable, nous avons toujours été dans les règles », rajoute-t-il. La sécurité de l’événement était constituée d’une rangée de barrières derrière une rangée de bottes de paille. « Il y a des shows de stunt en France où il n’y a qu’une rangée de barrières, d’autres où il y en a deux, d’autres où il n’y a rien, c’est à l’appréciation de chaque préfet », affirme Jérôme Bonnefoy.

L’association organisatrice plaide donc la bonne foi : « Nous avons été transparents, transmis toutes les pièces à l’avocate, nous avons accompagné les victimes, notamment les enfants, et on se met à la place de Jean-Claude Laville », dit Jérôme Bonnefoy. Qui affirme que l’accident a été « moralement très dur » pour l’association qui organise l’événement, entièrement composée de bénévoles. « On se démène depuis six ans, on fait tout ça avec passion », souffle-t-il, marqué par cet épisode.

Désormais, ce sera sans doute à la justice de trancher, et ça risque d’être long. Alors Jean-Claude Laville voudrait qu’un fonds d’indemnisation des victimes soit mis en place, pour les dédommager le temps des procédures : « Pourquoi il n’y a pas quelque chose qui se met en place tout de suite pour les victimes ? On subit la double peine. »

De son côté, l’association travaille sur la 7ᵉ édition du salon, qui se tiendra les 6 et 7 juin prochains. Avec un show de « stunt » ? : « Nous travaillons avec la commission de sécurité, ils nous ont fourni deux nouveaux protocoles pour renforcer la sécurité », avance Jérôme Bonnefoy. Et s’il y a du « stunt », l’organisateur l’affirme : « Nous ferons de la sur-sécurité. »

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