Publié il y a 4 h - Mise à jour le 14.10.2025 - Sacha Virga - 3 min  - vu 144 fois

FAIT DU SOIR Les vignerons du Gard à l'aube d'un nouveau virage

Denis Verdier

Denis Verdier, président de la fédération gardoise des vins IGP

- Sacha Virga

Avec une production viticole estimée entre 2,2 et 2,3 millions d'hectolitres cette année, les vendanges 2025 devraient être les plus faibles depuis l'après-guerre.

Le pessimisme s'installe chez les vignerons gardois, aujourd'hui et à l'avenir. Suite à une addition de faibles récoltes cette année, due à un changement climatique important, les producteurs de vin traversent une période fragile. La récolte se retrouve affaiblie de -11 % par rapport à l'année dernière et -19 % par rapport à la moyenne quinquennale. Tout avait pourtant bien commencé : les observations menées fin juillet et début août dans le vignoble gardois annonçaient que les vignes étaient correctement alimentées en eau, avec une précocité importante et une pression parasitaire nulle.

Déjà, les fortes chaleurs concentrées sur quelques jours en juillet, mais surtout sur la période du 10 au 18 août, ont accéléré la maturation du raisin en concentrant le volume sur souche. Mais la pluie est venue jouer les trouble-fête, provoquant un vrai casse-tête pour les vignerons et les caves, en perturbant largement les plannings de ramassage. "À partir du 14 juillet, il a commencé à pleuvoir", se remémore Gérard Sanchez, directeur de l'Institut coopérative du vin. De mi-août à début septembre, le bassin alésien, l'axe Corconne-Quissac-Gardonnenque, Uzès et même la Petite Camargue ont subi des épisodes pluvieux mélangés à des températures et des journées chaudes et humides.

Résultat : il aura fallu beaucoup de patience et d'organisation dans les caves et chez les vignerons pour s'adapter à ces conditions climatiques. Les vendanges, en plus d'être faibles en quantité, ont été longues. "Certains ont ramassé du raisin sur huit ou neuf semaines", assure Gérard Sanchez. Lors de l'hiver et du printemps dernier, 4 000 hectares ont été arrachés dans le Gard, ce qui représente une perte de 150 000 hectolitres en moins dans les récoltes.

Cependant, la qualité des vins reste conforme aux attentes du marché. Pour les vins blancs, une faible récolte est à signaler, avec une perte de -30 à -35 % par rapport à l'année dernière. Presque tous les cépages sont concernés. La préservation de l'acidité naturelle des raisins a été le maître-mot cette année. Au regard des volumes vinifiés, les enjeux autour du vin rosé sont grands. Les attentes commerciales sont très précises : des teintes plutôt pâles et franches, une belle intensité olfactive et l'expression de la spécificité aromatique des différents cépages. Le vin rouge atteint un niveau plutôt correct, avec un peu moins d'intensité colorante, mais rien de bien grave.

Inquiétudes

Pour Denis Verdier, l'avenir n'est pas radieux pour la jeunesse et ceux qui sont en train de s'installer. "Nous manquons de vision pour le futur, pourtant nous avons fait des propositions à la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard", d'ailleurs reconduite dans le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu. Un moindre soulagement, puisque les dossiers sont donc toujours en sa possession. "On attend cependant des réponses précises pour éclairer le devenir de notre profession", confirme Denis Verdier. L'Observatoire de l'IGP Cévennes travaille notamment sur une réforme et une simplification des lois européennes.

Et qu'en est-il des six cépages interdits ? L'Observatoire milite activement pour leur réintroduction, notamment à destination de l'oenotourisme, une pratique qui se répand déjà fortement chez nos voisins italiens et qui pourrait bien être l'avenir de nos vignobles. Les députés européens Éric Sargiacomo et Chloé Ridel et des partenaires italiens et portugais se sont concertés pour créer un amendement visant à autoriser à nouveau ces cépages interdits.

Il sera soumis au vote du Parlement européen le 5 novembre prochain, dans le cadre de la Politique agricole commune 2027. En amont de ce vote, une conférence-dégustation se tiendra au Parlement européen à Strasbourg le 22 octobre pour éclairer le débat et sensibiliser les parlementaires à l'intérêt agronomique, environnemental et culturel de ces variétés.

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