Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 05.02.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 394 fois

NÎMES Avec Douce France, les élèves de Dhuoda se frottent au débat de société

(Photo Anthony Maurin).

52 élèves lors de la première projection (Photo Anthony Maurin).

Au Sémaphore, le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (CAUE du Gard) organisait une projection de Douce France, suivie d’une rencontre avec le réalisateur, Geoffrey Coanon. Face à lui, une centaine de lycéens.

Sur deux jours quatre classes d'élèves du lycée Dhuoda (121 élèves de seconde, première et terminale générale et technologique), participaient à l'événement. Le but du jeu était de susciter des débats qui afin d'inciter les élèves à donner leur point de vue sur les valeurs que se donne la société à travers l’aménagement d'un territoire dont ils sont les héritiers.

Ghislaine, Thierry et Pascale sont tous les trois au CAUE. "Nous avons beaucoup aimé ce film que nous tenions à vous faire découvrir. On y voit que les jeunes ont des choses à dire quand on parle d’aménagement du territoire, vous êtes l’avenir et ce film est important car il le montre. Je suis sociologue et anthropologue, donner la parole aux jeunes, aux gens de manière générale, c’est important car tout le monde n’a pas les mêmes considérations" note Pascale. Douce France en est un parfait exemple.

Dès les premières images datées des années 1960, un survol en hélico d’une cité bétonnée, permet de comprendre les enjeux du film. Quel avenir a un espace urbain, une cité dortoir comme peuvent l’être Villepinte ou Gonesse ? D’ailleurs, c’est entre ces deux cités que le film se déroule en prenant pour exemple le complexe commercial nommé EuropaCity.

Ce vaste centre prévoit de bouleverser le paysage du triangle de Gonesse mais il promet aussi de satisfaire les envies consuméristes d’une société toujours en manque de shopping. Nous sommes alors en 2017, le film a été tourné en 2020 et est sortie en 2021. Protagoniste principale comme certains autres élèves de sa classe, Amina, est en 1ère, elle veut faire des études qui la mèneront vers le métier choisi. Avec ses copains, elle se questionne sur l’efficience de ce projet d’urbanisation d’un espace encore agricole. EuropaCity devait voir le jour en 2024 et la société qui devait créer cette nouveauté mettait sur la table plus de trois milliards d’euros d’investissement.

C’est alors que le film compare le projet à l'implantation de Disneyland à Marne-la-Vallée… Travail précaire, hausse de l’immobilier, pression urbaine, défaut d'écologie, loisirs coûteux et aspects politiques, tout est passé en revue avec brio.

Pascale au micro, Ghislaine et Thierry du CAUE 30  (Photo Anthony Maurin).

Sami et Jennyfer sont aussi des élèves que l'on voit dans ce film documentaire. Ils travaillent sur le même questionnement. Jennyfer se voit, dans dix ans, en parfaite nomade, gagnant bien sa vie dans la finance. Ils aiment les loisirs et le shopping mais voient que les terres agricoles se raréfient. Venant de la cité, ils n’ont pas connaissance de cet univers rural évanescent qui pourtant contribue à les nourrir. Les jeunes commencent à faire le lien entre leur futur et celui de leur territoire. Comment l’aménager de manière pérenne, efficace, vivace ?

Connu depuis 2010, ce projet intrigue le lycée Jean Rostand, non loin, dans un département (Seine-Saint-Denis) qui a le deuxième plus haut taux de surface commerciale par habitant au mètre carré en France… Il y a aussi la manière dont sont indemnisés les agriculteurs. Elle pose problème car ils se transmettent ces terres de génération en génération. Remarquez, les promoteurs ont proposé de faire une belle ferme urbaine au cœur d’EurpaCity… Cette notion fait sourire qui est conscient que l’agriculture ne peut pas être urbaine sans nuisance ni productivité.

Pourtant, le projet d’EuropaCity s’étale sur 80 hectares, peu de riverains semblent être au courant de la manœuvre. Il y a bien entendu des pour mais il y a aussi des contre. La vie d’une démocratie, l’espoir d’une population, la déshérence d'une économie, l'inhumanité d'un univers sans pitié. Dissocier le libéral du social ? Lutter avec une pétition ? Poser recours sur recours pour freiner un projet qui verra sans aucun doute le jour ? L’avis du rapporteur de l’enquête publique est défavorable au projet mais cela n’empêche pas le maire de vouloir passer en force, sûr de sa vision et des bienfaits du centre pour sa cité.

Ces projections très spéciales et organisées au Sémaphore en collaboration avec le CAUE et le lycée Dhuoda sont une excellente idée. Elles permettent aux jeunes de sortir, d'aller au cinéma pour la bonne cause, d'y voir des films on ne peut plus intéressants ou d'actualité et surtout, de confronter des idées, de permettre des échanges et du partage.

Anthony Maurin

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