Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 20.06.2017 - anthony-maurin - 3 min  - vu 584 fois

NÎMES Bilan exceptionnel pour les fouilles du parking de l'Avenue Jean Jaurès

Ville de Nîmes et INRAP font face à la pile de 8000 pages du rapport des fouilles du Jean Jaurès (Photo Anthony Maurin).

Depuis dix ans, archéologues et spécialistes de la petite comme de la grande histoire bûchent sur un gros dossier. Les fouilles du parking de l'Avenue Jean Jaurès sont aujourd'hui terminées et leur bilan est plus qu'excellent.

En chiffres, c'est hallucinant! Nîmes recèle des trésors vieux de 2500 ans et promet une valorisation historique de la vie quotidienne locale sous différentes époques où le Musée de la Romanité jouera naturellement un rôle de premier plan. Débutées en 2006 et menées dix mois durant, les fouilles préventives qui devaient servir à sécuriser l'espace du parking sous-terrain de l'axe nîmois qui se prolonge par les Jardins de la Fontaine, source de la création de Nemausus, ont tenu toutes leurs promesses et plus encore.

"Ces découvertes exceptionnelles ont confirmé l'intérêt du Musée de la Romanité, il nous le fallait, c'est ce qui m'a définitivement décidé. Nous y mettrons les pièces maîtresses et nous aurons une meilleure compréhension de l'histoire antique de Nîmes" évoquait Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de la ville.

L'Institut national de recherches archéologiques préventives, qui était en charge des fouilles, vient de faire connaître son rapport définitif qui est composé de cinq tomes de 24 volumes (8003 pages), de 7200 illustrations et qui a été écrit par une cinquantaine d'auteurs allant de l'archéologue à l'architecte en passant par le numismate, le généticien, le botaniste ou encore l'anthropologue. On comprend mieux cette diversité si l'on se réfère aux trouvailles débusquées... Sur 6500m² de zone fouillée, on parle de 120000 tessons de céramiques, de 10000 objets, de 9000 restes d'os d'animaux dont de l'ours brun qui était visiblement très apprécié, de 8000 faits archéologiques, de 330 ensembles de peintures murales...

"Ces fouilles étaient exceptionnelles mais le rendu du rapport consacre un autre moment de cette histoire. Combien faut-il de mots pour décrire 2500 ans? Le travail des équipes a été fabuleux avec ces 8000 pages de données analysées depuis les Gaulois en passant par les Romains, le Moyen Âge et la période contemporaine. Dès le départ, la valorisation du chantier a été intense et a reçu un écho au Japon ou encore aux Etats-Unis" se satisfait fort logiquement Jean-Yves Breuil, responsable des fouilles.

Jean-Yves Breuil, responsable des fouilles (Photo Anthony Maurin).

Les gestes et les personnalités des premiers nîmois sont aujourd'hui mis au grand jour sur une période incroyablement longue de 2500 ans. On y retrouve aussi le plus vieux vignoble connu en Gaule, un graffite de gladiateurs qui combattaient dans nos arènes et bien sûr les trois pièces majeures de ces fouilles, à savoir les mosaïques de Penthée, d'Achille et la statue de Neptune. Occupé tout au long de l'histoire, avec ses hauts et ses bas, le quartier a successivement accueilli des vignes, des forgerons et de sublimes villas romaines avant de tomber en désuétude puis de revenir au goût du jour au Moyen Âge et finalement au 18ème siècle. Des milliers d'histoires à raconter et à faire connaître pour mieux comprendre la Nîmes d'aujourd'hui, cosmopolite, fragile mais fière de ses racines celtes et méditerranéennes.

Pour Dominique Garcia, Président de l'INRAP, "Jeune archéologue, je venais déjà à Nîmes pour sauver et valoriser le patrimoine. Aujourd'hui, grâce aux fouilles préventives, l'aménagement du territoire et la sauvegarde du patrimoine sont conciliés, c'est un système vertueux qui répond aux attentes de chacun. Ici, nous voulions recueillir et analyser un maximum de données donc les études ont pris du temps. Ces informations sont les archives de la terre que nous transformons en archives de papier. Le défi était lancé il y a une dizaine d'années, il a été relevé!".

Pour mettre en valeur toutes ces trouvailles, à l'époque des fouilles, 3000 personnes avaient visité le chantier. Depuis, trois expositions ont vu le jour en 2008, 2009 et 2014. Mais Nîmes méritait mieux. 35 conférences de gros calibre données par exemple au Collège de France ou au Louvre font aussi partie du bon bilan médiatique et professionnel de l'opération sans oublier les 31 publications déjà parues sur le sujet. Nîmes a de l'avenir grâce à son passé, préservons-le!

Anthony Maurin

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