« Les premiers visiteurs un petit peu âgés que l'on a vus ces derniers jours étaient ravis de voir des ouvrages qu'ils ont connus lorsqu’ils étaient petits, ils étaient très émus. Il y a une dimension émotionnelle extrêmement forte dans cette exposition », confie Bénédicte Tellier, bibliothécaire au service Patrimoine.
Louise Gal à l'origine du fonds
Louise Gal née en 1887, était une femme qui détenait une librairie, Le coupe-papier dans le quartier de l’Odéon à Paris.
À la suite d’un don très important, plus de 350 ouvrages, effectué par Sylvie Lucas, une habitante les Cévennes, la Ville de Nîmes s’est vu confier un véritable trésor. Une bibliothèque familiale qui rassemble des livres pour enfants transmis sur trois générations. Des livres qui ont vécu. Sylvie Lucas a souhaité les confier au Carré d’Art.
Collection d’émotion
La collection revêt un caractère émotionnel. De nombreux visiteurs, parfois âgés, retrouvent les livres de leur enfance. La donation raconte une véritable histoire familiale. On y suit les générations. Des livres en guise de prix scolaires décernés à l’arrière-grand-père Paul Gal jusqu’aux ouvrages de Sylvie Lucas, l’ultime dépositaire, en passant par les dédicaces adressées à sa grand-mère Louise Gal. Ces livres portent des traces de vie – coloriages, inscriptions, marques d’usage – qui rappellent qu’il s’agit avant tout d’une bibliothèque familiale vivante, plus qu’une collection de bibliophile.
Jusqu’ici, il n’existait pas de fonds spécifiquement consacré à l’édition jeunesse à Nîmes. Quelques volumes étaient conservés de manière éparse, mais rien d’aussi structuré. Depuis deux ou trois ans, un plan de conservation a été mis en place pour l’édition jeunesse en Occitanie, et Nîmes est désormais chargée de conserver les productions des éditeurs locaux.
Le Carré d’Art en écrin
En reprenant ce don, le Carré d’Art s’inscrit dans cette mission de sauvegarde. Comme l’explique Bénédicte Tellier, l’équipe pratique régulièrement un « jardinage » des collections, retirant les ouvrages trop abîmés pour les intégrer au patrimoine. Ce travail a permis d’unifier et d’enrichir le fonds à présent assez riche pour être présenté. C’est ainsi que cette exposition particulière est désormais accessible au public.
Afin de montrer la diversité de cette bibliothèque qui couvre un siècle (de 1860 à 1960), l’exposition est visible à plusieurs endroits du musée d’art contemporain nîmois. Dans la galerie de l’Atrium, sont présentées les pièces majeures retraçant l’histoire de l’édition jeunesse depuis la fin du XIXᵉ siècle. D’autres vitrines sont consacrées aux magazines périodiques, aux animaux ou encore aux héros et héroïnes, notamment à la bibliothèque du centre gérontologique de Serre Cavalier. Là-haut, le visiteur découvrira albums illustrés, bandes dessinées, romans, revues et contes.
Dhuoda
La donatrice elle-même a continué à acquérir des volumes afin d’enrichir l’ensemble. Cette vitrine « familiale » retrace cette généalogie à travers les ouvrages conservés et les inscriptions manuscrites d’appartenance, de petits mots sur certaines pages, et parfois des coloriages.
Cerise sur le gâteau, l’exposition met en lumière une pièce exceptionnelle du patrimoine nîmois, le fameux manuscrit du « Manuel » de Dhuoda rédigé au IXe siècle et copié au Xᵉ, considéré comme le premier ouvrage écrit par une femme, destiné à la jeunesse. Conservé à Nîmes, ce manuscrit sur parchemin, unique au monde, illustre combien la transmission des savoirs et des récits à l’endroit des jeunes lecteurs s’inscrit dans une histoire familiale séculaire.
Carré D’art - Musée d’art contemporain - Place de la Maison Carrée – 30 000 Nîmes. Du mardi au vendredi de 10h à 18h / Samedi et dimanche de 10h à 18h30. Fermé le lundi et le 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 11 novembre et 25 décembre. 04 66 76 35 70 (le week-end et les jours fériés : 04 66 76 35 35)