Des travaux - pharaoniques - qui ont débuté au printemps, doivent s'achever en 2028 (relire ici) et visent à répondre à des crues qui pourraient exister dans le futur. L'EPTB des Gardons (établissement public territorial de bassin) y a vu une occasion pour tenter de répondre à une injonction qui peut paraître contradictoire (et à laquelle Objectif Gard s'était intéressé il y a deux ans, relire ici) : si le barrage a été bâti afin d'écrêter les crues, son rôle est devenu essentiel lors des périodes de sécheresse pour assurer un étiage suffisant à la vie de la rivière, en aval des barrages de Sainte-Cécile et des Cambous.
L'EPTB lance donc une étude afin de pouvoir renforcer cet étiage, alors que les eaux du barrage sont de plus en plus sollicitées en été et que "les études montrent que les cours d'eau vont baisser dans les années à venir, avec un déficit de six millions de mètres cube attendu sur les bassins versants des gardons", a argumenté Bérengère Noguier, vice-présidente du Département déléguée à la transition écologique et à la biodiversité, ce mercredi matin en conférence de presse. Actuellement, durant les deux mois d'étiage, le barrage relâche 200 litres par seconde en plus du débit naturel de la rivière.
Pour augmenter l'étiage, la première option vise à "restaurer les capacités initiales de l'ouvrage", en évacuant les matériaux (galets, limon, graviers, etc.) charriés par le Gardon. Soit, depuis la mise en service du barrage, en février 1967, "environ 800 000 m3 de moins d'eau", lâche Max Roustan, président de l'EPTB Gardons. Sans les matériaux, la capacité de stockage en eau pourrait monter à 2 millions de m3.
Mais ces matériaux sont "très hétéroclites", disait déjà Nicolas Bouretz, chef du service des grands ouvrages hydrauliques au Département du Gard, en 2023. Si sables, graviers et limon en constituent sans doute la majorité, la teneur en métaux lourds doit être évaluée, sans parler des éventuels plastiques et déchets. Impossible, donc, de tout rejeter à l'aval des deux barrages et de laisser la rivière diffuser la totalité. Si tant est que l'autorisation de draguer ait été délivrée...
"Soit on gratouille et on enlève, soit on on augmente la capacité de stockage", poursuit Max Roustan. Le second volet des études porte, donc, sur l'équipement du barrage, qui n'a "pas de vanne pour redistribuer, comme à Sénéchas", constate Bérengère Noguier. Le dispositif permettrait de réhausser le plan d'eau avant la campagne de soutien d'étiage, comme le fait déjà le barrage de Sénéchas.
Les études devraient livrer leurs premiers résultats à la fin du semestre 2026. En attendant, les élus se sont congratulés de "la chance d'avoir une coopération assez extraordinaire sur la question de l'eau", dixit Patrick Malavieille. Une phrase qui a trouvé écho chez Christophe Rivenq, venu en président d'alès Agglo, qui a insisté une nouvelle fois sur "l'importance des collectivités locales".
"On est en désaccord avec l'État sur la gestion de l'eau", a-t-il expliqué, en avançant comme priorité la "protection des populations", quand l'État, "lors des premières réunions sur les travaux du barrage, demandait son démontage pour assurer la continuité écologique..." Patrick Malavieille a tout de même souhaité que "dans le charivari actuel, l'Agence de l'eau ne fasse pas les frais des réductions budgétaires". Mais a aussi prévenu que la convention sur le barrage de Sainte-Cécile-d'Andorge liait le Département jusqu'en 2029. "Le Département aura-t-il les moyens de poursuivre ?", s'est interrogé le vice-président. Les sept barrages écrêteurs, que le Département avait choisi de continuer à gérer après la loi GEMAPI, reviendraient alors aux communautés de communes concernées. Qui seraient bien empêtrées...