"Exercice, exercice, exercice !" C'est par ces mots que doit commencer toute communication téléphonique, mail ou notification dans le cadre de la simulation d'inondation, en ce 9 octobre, en mairie de Val d'Aigoual. Il se passe la même chose en mairie de Sumène ou Saint-André-de-Majencoules. D'une vigilance jaune, le département passe en orange en journée et une sonde de Vigicrues sur l'Hérault est défaillante. Tandis que le massif de l'Aigoual a reçu plus de 250 mm de pluie dans la nuit. On attend des cumuls de 100 mm par heure, à partir de 13h...
"En vigilance orange, on n'est pas encore sur la mobilisation des effectifs, diffuse le 1ᵉʳ adjoint, Gilles Berthézène. Il nous faut juste informer les services techniques pour aller sur le terrain." Gilles Berthézène est dans la salle du conseil municipal avec deux adjoints, dont Florence Mestre qui coordonne l'ensemble et consigne les informations qui arrivent et les décisions prises. Dans une autre pièce, bientôt rejoints par la sous-préfète du Vigan, Anne Levasseur, la chef d'escadron de gendarmerie du Vigan, Ludivine Wieder, et Nicolas Gourbe, pompier du groupement territorial Cévennes Aigoual décollent rarement l'oreille du téléphone, joints par leurs équipes sur le terrain.
En mairie, on a sorti le manuel du plan communal de sauvegarde. Tandis que Gilles Berthézène est informé du niveau des cours d'eau par ses agents, les problèmes commencent : un livreur est coincé sur un chemin ; la gendarmerie signale une route en partie effondrée. Bientôt, celle entre Saint-Martial et Sumène est fermée, pour un éboulement, par les services du Département. Puis, une autre entre L'Espérou et Valleraugue. Et une autre au niveau d'Aulas, toujours pour la même raison.
"Il faut tenir la préfecture au courant, en temps réel", conseille Ludivine Wieder à Florence Mestre et Gilles Berthézène. Par sécurité, les touristes des campings de la Corconne et de Pont d'Hérault sont évacués. Puis, vient le tour des enfants de l'école, qui se dirigent vers l'église du village. Pour finalement atterrir à l'ancienne gendarmerie, l'église subissant l'assaut du ruissellement. L'occasion, pour Gilles Berthézène, d'expliquer à la sous-préfète qu'à Notre-Dame-de-la-Rouvière, les enfants sont plus en sécurité, confinés à l'école quand il déluge. "D'accord, répond Anne Levasseur, mais il faudra en informer les services de l'Éducation nationale." Un élu présent lâche, en souvenir des inondations tragiques de septembre 2020, "c'est quand même beaucoup moins stressant qu'en 'live'"...
Les notifications Illiwap commencent à tomber sur les cellulaires, tandis que le site Inforoute 30 signale les routes barrées en temps réel. "Et qu'est-ce qu'on fait quand on n'a pas de réseau ?, interroge Bernard Grellier, conseiller municipal. Ne faudrait-il pas des talkie-walkie ?" "On en a dans chaque village historique", se souvient Florence Mestre. Mais cela ne peut pas changer le sort de trois randonneurs dont on est sans nouvelles, partis de Saint-Roman-de-Codières vers la montagne de la Fage.
Après l'Hérault et le Clarou, au tour du Rieutord d'exploser. Une dame appelle, dans le même temps, car ses toilettes refoulent. À la pharmacie, on demande d'urgence un groupe électrogène pour sauver les vaccins et médicaments maintenus au froid. "Ça va trop vite, il faudrait qu'on soit quatre !", commente Florence Mestre. "Est-ce que la pluie diminue ?", interroge une secrétaire de mairie.
Quelques minutes plus tard, c'est l'heure du débrief à chaud en mairie de Saint-André-de-Majencoules. "Pensez à la réserve communale pour disposer de référents dans les hameaux, conseille l'animateur de Riscrises. Il faut aussi réfléchir à la perte d'accessibilité : comment ravitailler ? Et trouver des centres d'accueil dans divers lieux." "C'est déjà ce qu'on a fait, rassure le maire Christophe Boisson. D'ailleurs, au centre d'accueil de Pont d'Hérault, lors des dernières inondations, on n'avait pratiquement personne de la commune mais que des gens bloqués sur la RD."
"En 2020, on n'a eu aucune alerte. On a dû la déclencher nous-mêmes, déplore le maire. Je pense que c'est là-dessus qu'il faut agir. Et déplacer les sondes qui sont très mal placées : celle à l'amont de Valleraugue doit être placée à l'aval." Après que la Clarou a grossi l'Hérault. C'est bien de lui qu'est venu le plus haut débit, ce sinistre 19 septembre 2020, qui avait vu le décès de Didier Abric, "fontainier" de Val d'Aigoual...