Publié il y a 36 min - Mise à jour le 28.11.2025 - Anthony Maurin - 6 min  - vu 31 fois

GARD La CGT fait le point sur les enjeux de santé et l’offre de soins

CGT Santé (Photo Anthony Maurin)

CGT Santé (Photo Anthony Maurin)

Les professionnels de santé témoignent de leurs conditions de travail et des difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien.

CGT Santé (Photo Anthony Maurin)
Manif prévue pour la CGT du Gard (Photo Anthony Maurin)

En plein projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les maux sont visibles. « Partout sur le territoire, nous constatons que notre système de santé et d'action sociale craque de toutes parts avec des maternités qui ferment, menaçant la sécurité des femmes et des nouveau-nés. Dans la protection de l'enfance, des jeunes qui se retrouvent livrés à eux-mêmes, parfois poussés à la prostitution. Les urgences et le Samu qui débordent, provoquant des morts évitables. Dans les Ehpad, des personnes âgées qui souffrent et qui meurent dans l'indifférence faute de personnel. »

Ces mots sont prononcés par Romain Sabran, secrétaire général de l’USD Gard qui poursuit : « Pour les 80 ans de la Sécurité sociale, le gouvernement propose l'insécurité sociale ! » L'Objectif national de dépenses d'Assurance maladie (ONDAM), initialement prévu de +2,1 %, sera en réalité de +1,6 %, niveau le plus bas jamais atteint, et bien en dessous de l'inflation.

CGT Santé (Photo Anthony Maurin)
La CGT Gard à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Concrètement et selon le syndicat, cela représente 1,1 milliard d'euros, soit l'équivalent de 20 000 postes d'infirmiers non pourvus. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les recrutements commençaient à s'améliorer et qu'un manque important de soignants est attendu d'ici 2030, estimé entre 80 000 et 100 000 agents dans la fonction publique hospitalière, selon un rapport de France Stratégie de décembre 2024.

« C'est la pire cure d'austérité depuis 2010, avec des tarifs hospitaliers qui augmentent de seulement 0,5 %, alors que l'inflation, elle, est de 1,5 %. Cela continuera de creuser le déficit des établissements de santé », affirme Romain Sabran.

Il faut dire que la réalité décrite dans le rapport de la DREES de 2024 se vérifie pleinement dans notre département. On y voit une paupérisation croissante et un vieillissement marqué de la population. Les médecins généralistes se font rares, les spécialistes encore plus, itou pour les kinés et infirmiers.

Fons-outre-Gardon grève CGT santé Ehpad des Jasses (Photo Anthony Maurin)
CGT santé (Photo Anthony Maurin)

À l'occasion d’une journée d'action, un « village santé CGT » était monté sur l’avenue Feuchères. Au programme, interrogation des usagers à travers un questionnaire. Les réponses ? 38 % se déclarent peu satisfaits et 29 % très insatisfaits de l'offre de soins dans leur commune. L'analyse des réponses confirme une insuffisance nette de l'offre de soins. La présence du CHU à Nîmes ne suffit pas à couvrir l'ensemble des besoins du territoire.

Romain Sabran poursuit : « Les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous sont particulièrement longs, si bien que les urgences de Nîmes, Alès et Bagnols-sur-Cèze restent souvent la seule solution. Ces services accueillent les patients dans des conditions qui ne cessent de se dégrader, affectant leur dignité, tandis que les personnels soignants y subissent des conditions de travail éprouvantes et délétères. »

L'hôpital de Nîmes Carémeau (Photo Anthony Maurin).

Comme partout ailleurs, au pôle femme-enfant, il manquait du personnel. Maria Do Fundo, secrétaire générale du syndicat au CHU, explique : « Ici, on déshabille Pierre pour habiller Jacques ! Mais il n’y a pas de personnel supplémentaire. Il faut faire plus avec moins et ils nous disent qu’il faut être mieux organisé. »

Une puéricultrice de la maternité du CHU de Nîmes est à bout. « L’activité du CHU ne cesse de croître depuis la fermeture de la clinique Kennedy, la PGS baisse dans le même temps, donc nous avons 400 naissances supplémentaires sans le personnel adéquat. La puéricultrice, seule avec 30 bébés par jour, les auxiliaires aussi n’ont pas le temps, même de soutenir l’allaitement. Et la nuit, elles ont des rôles différents et qui les éloignent des bébés. Il est presque impossible de travailler en binôme, les tâches s’accumulent, l’épuisement professionnel s’installe et le service n’est plus attractif. Le personnel ne répond plus aux heures supplémentaires. Nous réclamons les moyens indispensables de pouvoir exercer notre métier dans les meilleures conditions pour les familles. » La mortalité infantile ne baisse plus dans notre pays, pire, elle est en hausse. Est-ce normal ? Le lien est pourtant clair.

Fons-outre-Gardon grève CGT santé Ehpad des Jasses (Photo Anthony Maurin)
Un métier... humain ! (Photo Anthony Maurin)

La partie administrative n’aide pas à faciliter les choses et à gagner du temps. L’aide au médecin prend, elle aussi, pas mal de temps. Il ne faut pas être en dernière ligne, sur la dernière marche de la cascade de tâches qui sont déléguées les unes après les autres. Charge mentale, surcharge d’activité, préparation psychologique avant de démarrer la journée, séquences de 12 heures d’affilée, vie décalée… C’est le quotidien de ces travailleurs de la santé, des travailleurs de l’ombre, qui ne parlent pas souvent, mais qu’il faut savoir écouter car, une fois de plus, ils tirent la sonnette d’alarme.

Le Covid a été un tournant. Non, les Français ont vu les manques et depuis ? C’est pire. L’État ne semble pas reconnaître ce monde hospitalier. Aujourd’hui, si une nouvelle pandémie nous tombe sur le coin de la tête, seront-ils encore là pour nous soigner ?

Image d'illustration (Photo Objectif Gard) • Nardini Laurent

Julie Guiraud, infirmière aux urgences gynécologiques, est émue : « On se bat depuis des années dans l’ombre, pour nos conditions de travail et surtout pour la prise en soin de nos patientes… C’est inacceptable ! On connaît tous des femmes et je ne souhaite à personne de venir consulter chez nous, la prise en soin n’est vraiment pas optimale… Il y a un mieux depuis le mois d’août, mais le manque d’effectif est encore criant. On doit se diviser en 10 000 pour accompagner ces femmes, on fait le maximum, des choses simples pourraient arranger la situation, mais les économies prévues me font dire que ça ira de pire en pire… Notre âme… C’est d’être là pour aider, pour soigner. On ne devrait pas faire d’économie sur la santé ! »

CGT Santé (Photo Anthony Maurin)
CGT Santé (Photo Anthony Maurin)

Le métier est une vocation, la conscience professionnelle est encore là, certes, mais les dépressions s’enchaînent, les départs se multiplient. Boris Vigne, secrétaire syndicat hôpital Bagnols, témoigne : « Je reconnais bien ce que je vois et vis dans mon hôpital... Cette politique est la même partout, beaucoup d’agents sont précarisés. Quand les liens de subordinations imposent des glissements, ils n’osent rien dire et font leur boulot et celui d’un autre. »

hôpital alès
Le centre hospitalier d'Alès. (Photo Tony Duret)

Pour la CGT, l’essentiel est aussi de prévenir la population de cette alerte, de ces alertes. Pour Nathalie Argenson, coordinatrice de l’USD 30 : « C’était important de verbaliser tout ça… Ce PLFSS voté au rabais ne va rien arranger. Nous savons ce que nous devons faire, l’organisation du travail décidée par l’employeur ne le permet pas. Ils portent une culpabilité, ils pèsent sur les salariés et les rendent malades… La Sécurité sociale, c’est notre pot commun, ça nous concerne tous, on nous culpabilise alors qu’on nous met dans la nasse ! Les salariés ont des droits, qu’ils reprennent confiance en leur pouvoir d’agir, on peut encore faire changer les choses ! »

Janick Colombo, ASH en maison de retraite, voit d’autres choses et connaît d’autres problèmes mais tout se recoupe : « Des gens ne viennent même plus se faire soigner. Ils n’ont plus de médecin traitant, pas d’argent… Quand je rentre, je suis éreintée, physiquement et moralement. L’organisation n’est pas adaptée, on veut nous faire mourir ? »

CHU Nîmes 2025 (Photo Anthony Maurin)
Le CHU de Nîmes en 2025 (Photo Anthony Maurin)

Les syndicats CGT et CFDT ont rencontré la direction du CHU de Nîmes afin d'aborder la réorganisation des urgences, suite à la création de l'UHCD. Les revendications de l’intersyndicale tenaient en quelques mots. Maintien des aides-soignants de jour et de nuit à l'accueil des urgences car la création de l'UHCD ne saurait être acceptée sans ce maintien aux urgences, de jour comme de nuit. La direction semble avoir acté le positionnement d'un aide-soignant de nuit à l'accueil des urgences mais il y a encore du boulot !

Au niveau national, la CGT appelle à la suppression immédiate des franchises médicales, aux soins 100 % pris en charge pour les patients en ALD, au maintien de l'AME, à l'arrêt des fermetures de lits et de structures, au maintien et à la réouverture de tous les services d'urgences 24h/24. Enfin, la CGT espère des salaires revalorisés et des embauches massives dans tous les secteurs du soin, du social et du médico-social.

(Photo Marie Meunier / Objectif Gard)

Autres demandes ? L'arrêt des politiques d'exonérations de cotisations fiscales et d'aides aux entreprises sans condition ni contrepartie qui assèche la Sécurité sociale. L'arrêt du développement du secteur lucratif dans notre champ professionnel en stoppant l'attribution des agréments ministériels. Le développement d'un grand service public de santé et d'action sociale.

« Le PLFSS destructeur du gouvernement ne doit pas passer, nous appelons les salariés, les usagers et autres bénéficiaires à se mettre en grève et en manifestation le 2 décembre à 10h à Alès et 14h30 à Nîmes », concluent les représentants de la CGT.

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