CULTURE À Bagnols-sur-Cèze, la résidence artistique des Deux dames au volant prend forme

Ce mercredi, lors de la sortie de résidence de la compagnie Deux dames au volant, à Bagnols
- Thierry AllardLa résidence artistique « Empreinter l’espace », organisée par le Conseil départemental et la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) dans le Gard rhodanien, a démarré à Bagnols.
Le projet, confié au collectif circassien La Basse Cour, concerne trois compagnies pour autant de villes, à savoir Sauveterre, Cornillon et Bagnols. Pour Bagnols, c’est à la compagnie Deux dames au volant de jouer. La résidence de la compagnie a débuté il y a quatre jours, et ce mercredi matin une première sortie de résidence, reflet du travail en cours, a été proposée à un public curieux, et plutôt nombreux en ce jour de marché hebdomadaire.
Cette toute première mouture de ce que sera le spectacle « From/To » aborde la question de la place des femmes dans l’espace public. Ainsi, une partie a pour thème le mansplaining, « un mot anglais qui décrit une situation dans laquelle un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà, voire dont elle est experte, sur un ton paternaliste, voire condescendant », rappelle au public Marion Coulomb, de Deux dames au volant. Et la voici qui incarne un homme multipliant lourdement les conseils à une femme, sa partenaire de la compagnie Emmanuelle Durand, pendant qu’elle accroche une corde à une branche du platane de la place.
Puis les comédiennes ont proposé au public de renommer la place du Posterlon, avec plusieurs propositions : place de l’Utopie, place Marguerite Raboisson, du nom d’une résistante locale, et place de la Vulve. C’est ce troisième nom qui sera choisi, et inscrit à la peinture blanche sur le platane par l’artiste plasticienne et scénographe Morgane Liébard, qui accompagne les résidences « pour laisser des traces dans l’espace public », précise-t-elle. Des inscriptions fleurissent tout autour, sur les poubelles, les bancs, la fontaine de la place, « des traces semi-éphémères, qui s’en vont avec la pluie, pour laisser une trace après le spectacle », rajoute-t-elle.
Le spectacle fait aussi la part belle aux performances circassiennes sur leur corde, aux interventions d’une troisième comédienne incarnant un Petit Chaperon Rouge qui se demande pourquoi elle est toujours la proie. Une idée aussi : celle de « créer des bancs de couleur, des bancs de la tranquillité, des bancs de la discussion et des bancs de la surprise », présente Emmanuelle Durand, idée germée de « rencontres avec des personnes des Ehpad qui ont peur d’aller dans l’espace public », précise-t-elle.
S’il ne s’agit que d’une ébauche, l’essentiel est déjà là, entre poésie, engagement et humour. Avec un but, présenté dans le nom du spectacle, « From/To » et par Marion Coulomb : « Partir du passé pour aller vers un futur meilleur. » D’autres moments de ce type seront proposés à Bagnols dans les prochaines semaines.