Né à Bruxelles en 1977, Cédric Gerbehaye est photographe documentaire et réalisateur. Il a publié plusieurs ouvrages remarqués (Congo in Limbo, Land of Cush, D’entre eux, ZOONOSE) et reçu de nombreuses distinctions internationales, dont le World Press Photo, l’Amnesty Media Award ou encore le prix Lucas Dolega. Son travail est publié dans des titres de presse majeurs tels que Le Monde, The Guardian, The New Yorker ou Time Magazine.

Depuis 2008, le collectif imageSingulières invite chaque année un photographe en résidence pour explorer un territoire à travers le prisme de la photographie documentaire. Après vingt années passées à Sète, l’association CéTaVOIR, à l’origine du projet, s’est installée en 2024 à Aumessas, au cœur du Parc national des Cévennes. C’est dans ce nouveau cadre que s’est déroulée la résidence de Cédric Gerbehaye, premier auteur à ouvrir ce cycle cévenol.

Photographe et réalisateur belge, Cédric Gerbehaye est reconnu pour son approche humaniste et engagée. Durant plusieurs mois, il a arpenté les Cévennes, prenant le temps de la rencontre, à la recherche d’histoires de vie, d’expériences sensibles, de choix d’existence. Son travail révèle un territoire habité, ouvert, où coexistent enracinement et quête de renouveau.

À travers ses photographies, il entrelace l’immensité des paysages et l’infiniment petit. Le titre de l’exposition, Buxbaumia, fait référence à une mousse rare et menacée, la buxbaumia viridis (espèce de mousse sensible à la sécheresse, la buxmaumie verte peuple les forêts mélangées de montagnes et les forêts de résineux ombragées dont l’air est humide), symbole fragile d’un vivant discret à préserver. Cette plante devient ici une métaphore d’une attention portée à ce qui échappe au regard, à l’invisible, au précieux.

Photographe et réalisateur, le Belge est le premier auteur invité à s’immerger dans ces nouveaux paysages cévenols, en y développant, d’octobre 2024 à mai 2025, une résidence sous forme de carte blanche.

Les images de Cédric Gerbehaye témoignent d’un lien profond au vivant. Elles sont le fruit de rencontres fondées sur l’écoute, la réciprocité et le respect des récits de chacun. Dans ses pas, un garde-moniteur du Parc veille lui aussi, au fil des chemins, à protéger cet écosystème d’altitude. Ensemble, ils partagent ce regard attentif à l’infime, convaincus que le soin porté aux détails éclaire notre compréhension du monde.

Pour ImageSingulières, « Comme dans chacun de ses projets, qu’ils concernent des univers en crise ou des réalités proches, Cédric choisit de s’attacher avant tout aux humains, à leur vécu et à leur condition. Ici, se croisent des identités, des âges et des histoires. Certains sont là depuis un toujours plus ou moins long, tandis que d’autres, parfois appelés « néo », sont résolus à une vie renouvelée, à la fois rêvée et ancrée. » C’est alors qu’il faut faire des choix, un choix. Le choix. Refuser un modèle de société que l’on tente de nous imposer ? En imaginer un autre qui ressemble rassemble ? Le refuge n’est pas repli, il s’ouvre et accueille.

« En arpentant le territoire et les paysages qui le dessinent, le photographe documente ainsi, sans fioritures ni esthétisation, convictions et croyances. Chaque rencontre se fonde sur un principe d’équité : une écoute et un partage réciproques de qui l’on est, de ce que l’on vit ou de ce que l’on a vécu. Ces rencontres d’histoires sont parfois simples, parfois dures, parfois fragiles aussi. Toutes sont pour autant empreintes d’un attachement, et ont à cœur de se transmettre. »

Le dévoilement humain opère, à l’image de ces vallées et villages qui, aux aurores, doucement, se révèlent à travers la brume. Comme ces peuplades infinies d’arbres qui, entre terre et ciel, perdent notre regard pour redonner souffle à nos perceptions. « Comme, au sommet, ces mers de nuages qui nous enveloppent d’un voile de beauté. Cette beauté sur laquelle tous s’accordent ne semble pas connaître de fin, tant et si bien qu’en parcourant les Cévennes, Cédric a finalement cessé de se demander quelles en étaient les frontières. À chacun les siennes, qu’elles soient géographiques, géologiques, intimes, imaginaires ou poétiques. »

On est là, dans une relation profonde et nourricière au territoire, à la nature, aux gens. Au vivant. Les images de Cédric Gerbehaye entrelacent vertige de l’immensité et quête de l’infinitésimal.

Cédric reconnaît humblement ce qui intimement le meut lui aussi. « Il a besoin d’être et d’observer au plus près, évidemment, mais aussi et surtout cette conviction que l’attention et le soin portés au détail, à l’infime, à la rareté, au particulier, nous permet de mieux comprendre ce qui nous est universel. »

Au Château d’Assas du 20 septembre au 13 décembre 2025, du lundi au vendredi de 9h30 à 12h et de 13h30 à 17h. Fermé le 11 novembre, l'entrée est libre. Réservation aupèrs de Chantal Maucouvert 06 79 05 07 65 (chantal.maucouvert@gard.fr).