Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 22.06.2021 - thierry-allard - 3 min  - vu 769 fois

VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON À boire et à manger dans le Buffet des anciens élèves de Pablo Garcia

Pablo Garcia expose en ce moment à Villeneuve (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le fameux triptyque (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Chaque année, Villeneuve-lès-Avignon accueille à la Chartreuse, au fort Saint-André, au musée Pierre-de-Luxembourg et à la tour Philippe-le-Bel une grande exposition en partenariat avec le Fonds régional d’art contemporain Occitanie Montpellier (FRAC). Cette année, c’est Pablo Garcia qui y expose son surprenant et protéiforme Buffet des anciens élèves. 

L’artiste originaire de Paris mais installé à Saint-Victor-la-Coste a travaillé durant des mois en résidence à la Chartreuse, puis avec les élèves du lycée Jean-Vilar de Villeneuve pour proposer cette grande exposition inaugurée jeudi soir à la Chartreuse. Une exposition déroutante, où le sacré croise les références à la musique urbaine, où les formes se croisent, se mêlent. 

Pablo Garcia frappe d’emblée avec deux cimaises consacrées aux graffitis « récoltés sur les tables de pique-nique du lycée », dit-il. On les retrouve donc à la Chartreuse, consacrés comme œuvres d’art et témoins « de l’intemporalité des problématiques adolescentes ». En s’approchant de la cheminée, on entend des voix. Ce sont celles de plusieurs élèves du lycée, retranscription de ces discussions là aussi intemporelles.

Les graffitis du lycée Jean-Vilar érigés au rang d'oeuvre d'art (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Plus loin on retrouve un meuble, puis une vidéo, dont à chaque fois les titres renvoient à des morceaux de hiphop, reflets de la « liberté totale » dont Pablo Garcia a bénéficié. On la retrouve, cette liberté, dans toutes les pièces, comme avec ce magnifique triptyque de panneaux de bois dorés et peints à la manière du Couronnement de la Vierge d’Enguerrand Quarton, chef d’oeuvre sacré exposé au musée Pierre-de-Luxembourg. Sauf qu’ici, Pablo Garcia a choisi de représenter son sacré : une paire de Nike, une BMW et des cannettes de bière 8.6. « J’ai voulu présenter ma vision du monde d’adolescent », commente l’artiste. 

Sur la partie supérieure du triptyque un texte figure : « Trahi par la raison quand elle manquait à l’appel », citation d’un morceau du groupe de rap Lunatic, qui représente bien, selon Pablo Garcia, le fait qu’à l’adolescence particulièrement, « on peut faire des conneries sous influence ou être sauvés par de vrais amis ».

Le jeu de construction pour adultes de Pablo Garcia (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Tout autre ambiance à l’étage du dessus, avec une série d’installations faites de blocs de construction pour enfant à l'échelle « augmentés de 30 % », précise-t-il. L’artiste s’en sert pour composer une série sur l’architecture intitulée « Y’en a des biens », référence à Didier Super, puisqu’il n’y a pas que le rap dans la vie. Il y a Georges Moustaki aussi, dont la chanson « Sans la nommer » donne son titre à quatre œuvres colorées et poétiques. 

Il s’agit d’un poème de Marguerite Foil retranscrit à l’aide de moulages de graffitis gravés sur les pierres du fort Saint-André à partir desquels Pablo Garcia a composé un alphabet. Des moulages qu’il a choisi de laisser à l’envers, obligeant le spectateur à faire l’effort de décrypter les signes pour comprendre le texte, et ainsi potentiellement briller en société en se faisant surnommer Champollion.

Le poème est à déchiffrer (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

La spiritualité revient avec « Sonate pour une gouttelette », citation de James Dulleck, inspiré de l’armoire liturgique du musée Pierre-de-Luxembourg. « J’ai fait une marqueterie de Formica, et au lieu d’une chasuble, j’y ai mis la veste Lacoste mythique que je n’ai jamais pu avoir adolescent », présente Pablo Garcia, qui cherche ainsi à « questionner ce monde où la marque devient une spiritualité, questionner le sacré d’aujourd’hui ».

La veste sacrée (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Une exposition protéiforme, déroutante, fruit d’une exceptionnelle liberté. « Cette notion de plaisir est assez récente chez moi. J’ai beaucoup travaillé sur les champs de bataille et les camps de concentration », explique Pablo Garcia. On en est loin pour ce Buffet des anciens élèves, titre lui aussi issu de la sphère musicale, puisqu’il s’agit d’un album de l’Atelier, sorti dans les années 2000. « Un album expérimental, hors des clous, avec une poésie presque surréaliste », présente Pablo Garcia. Finalement, ce titre va aussi bien à l’album qu’à l’exposition. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

L’exposition Buffet des anciens élèves, de Pablo Garcia, est visible à la Chartreuse, au fort Saint-André et au musée Pierre-de-Luxembourg jusqu’au 19 septembre, et à la tour Philippe-le-Bel du 3 juillet au 19 septembre. Prix d’entrée habituels. 

Thierry Allard

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