FAIT DU JOUR Chantier de décarbonation : des investissements à la pelle
Anton Kollmann, directeur du site Ciments Calcia de Beaucaire depuis 2018, prévoit un taux de substitution des énergies fossiles de l'ordre de 75% à l'horizon 2025-2026.
Au tout début de ce mois de novembre, après avoir assisté à l'ouverture de la COP 27 à Charm-El-Cheikh (Égypte), le président Emmanuel Macron recevait à l'Élysée les représentants des 50 sites industriels français les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Parmi eux, le patron du groupe allemand Heidelberg Cement, propriétaire des usines Ciments Calcia depuis 2016, dont celle de Beaucaire. L'objectif de cette rencontre était de pousser les industriels à accélérer leur décarbonation.
Un sujet qui n'est pas inconnu au groupe Heidelberg Cement. L'an dernier, il annonçait un programme d'investissements de plus de 400 millions d'euros concentré sur les quatre principaux sites émetteurs de CO2 de la société industrielle Ciments Calcia. L'usine de la "Belle pierre" qui emploie 114 salariés figure dans cette liste (relire notre article en cliquant ici) établie dans le cadre du "master plan" Heidelberg Cement France. L'enveloppe allouée au chantier de modernisation de ce site tournait autour des 30 millions d'euros, elle est désormais de 45 millions d'euros.
"Car nous allons plus loin que ce qui avait été prévu, pour produire des ciments qui contiennent moins de clinkers, dont une partie peut être remplacée par d'autres matériaux. Mais pour cela, il faut une autre technologie de broyage pour ne pas perdre en qualité du ciment", explique Anton Kollmann, directeur du site Ciments Calcia de Beaucaire.
Début des travaux le 14 février 2023
L'homme d'origine autrichienne aime la précision. Mais globalement, ce qu'il faut voir à travers ce vaste chantier de modernisation, c'est la volonté du groupe de réduire sa consommation d'énergie et son empreinte carbone. Sur le site beaucairois construit en 1925, pour une production estimée à 700 000 tonnes de ciment par an, ce sont 470 000 tonnes de CO2 qui sont libérées "dont plus de deux tiers à cause du calcaire qui perd son CO2 lors du process et un tiers dû à la combustion", insiste Anton Kollmann.
Les travaux annoncés débuteront le 14 février 2023. Une première phase lors de laquelle les deux grilles du refroidisseur à clinkers seront remplacées. "La machine utilisée actuellement date de 1972. La dernière modification remonte à 1985. Nous allons la remplacer par un refroidisseur de dernière génération, avec un échange thermique plus efficace qui nécessite moins de combustibles."
Le directeur de l'usine beaucairoise poursuit : "Ainsi, à partir du mois de mars, on aura déjà une baisse de notre consommation thermique spécifique de notre système. Nous serons également en mesure d’augmenter notre taux de substitution au charbon par des combustibles alternatifs, des déchets revalorisés pour passer de 40% à 53% (Ciments Calcia a signé un partenariat avec l'unité beaucairoise Chimirec entre autres, Ndlr)." Ce qui signifie, 12 800 tonnes d’économie de CO2 par an. Pour cette première étape du projet de décarbonation, l'État a accordé une aide de 840 000€ dans le cadre du plan France Relance.
"Réduire davantage notre empreinte carbone avec 32 000 tonnes d’émission de CO2 en moins par an"
Anton Kollmann
Est-il possible d'aller encore plus loin ? Le groupe allemand y travaille. Des études sont notamment en cours pour la mise au point de nouvelles technologies permettant de capturer le CO2 à la cheminée. Reste à savoir où le stocker ensuite. "Vous voyez, le sujet de décarbonation est présent, et cela, depuis longtemps", souligne Anton Kollman qui personnellement n'a pas bien vécu de voir son activité pointée du doigt. "On a un gaz qui est un contributeur fort au changement climatique, mais nous y travaillons. Chaque projet de nos clients a le droit d’exister, a sa raison d’être." Ces clients sont situés dans un rayon de 100 à 150 km autour du site de production de Beaucaire.
L'électricité représente 15% des dépenses de production
Autre sujet présent dans les discussions et de plus en plus préoccupants : la crise énergétique. Car pour une usine telle que celle de Beaucaire, l'électricité représente 15% des dépenses de production. "Entre janvier et novembre, son prix a été multiplié par quatre et si les prévisions faites pour l'hiver se révèlent exactes, l’électricité sera dix fois plus chère que ce que l’on a connu il y a un an et demi, s'inquiète le directeur. On pourra tenir quelques mois sans augmenter les prix, mais pas quelques années."
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