Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 13.12.2023 - François Desmeures - 4 min  - vu 945 fois

FAIT DU SOIR De Molières-Cavaillac, COEO révolutionne le barbecue et la cuisson en extérieur

Kamado et brasero, les deux modèles de base de COEO, déclinables en fonction des options

- DR

Moins de trois ans d'existence, deux modèles de base et déjà l'un des titres les plus prestigieux du design mondial. Amandine Berthezène et Yannick Bonfort ont mis à profit une longue période d'enfermement pour faire aboutir leur idée de barbecue nouvelle génération. Une réalisation léchée et un petit coup du sort ont fait exploser leurs ventes. Leur ingéniosité est désormais validée par les plus grands, comme l'institut Paul Bocuse, à Lyon, ou des chefs comme Jérôme Nutile. 

Kamado et brasero, les deux modèles de base de COEO, déclinables en fonction des options • DR

Le German design award 2024. Soit l'un des trois prix les plus prestigieux en matière de design, dans un pays où le mot a son importance. C'est ce que vient de décrocher la jeune entreprise COEO, installée à Molières-Cavaillac, avec son nouveau modèle de Kamado. C'est-à-dire un barbecue inspiré d'ancestraux fours japonais, dans lequel on peut, au choix, fumer, griller, cuire à l'étouffée, ou effectuer une cuisson "flash" le tout en extérieur et au feu de bois. Un Kamado qui est le second modèle sorti de la tête des deux associés, qui ont créé une petite entreprise à l'ascension fulgurante. 

Comme souvent, l'idée est née d'une discussion entre copains. Un moment de convivialité, qui sied si bien à une idée de barbecue. Avec un troisième larron, Amandine Berthezène et Yannick Bonfort ébauchent l'idée sur un coin de table, d'une plancha qui fonctionnerait au feu de bois. "Puis, en 2019, raconte Yannick, on fait un repas tous les trois. Et on repose le projet sur la table. C'était un peu dans l'air du temps, on s'est lancé." 

Yannick Bonfort et Amandine Berthezene • DR

Sauf que le lancement connaît les péripéties de son temps. De chez eux, au Vigan, Amandine et Yannick repartent pour la Chine où ils travaillent. Juste avant que le Covid ne pose sa chape de plomb sur le pays. "On est restés bloqués pendant huit semaines, au 18e étage de notre immeuble. C'était une vraie angoisse, là-bas, et un vrai confinement." Dans leur malheur, ils en profitent pour "travailler des journées entières sur le projet". Puis, Amandine Berthezène se rappatrie la première, Yannick suit près d'une année plus tard. "J'en ai profité pour qualifier et former une partie des fournisseurs que j'ai encore aujourd'hui". Design, points de soudure, packaging, Yannick repart donc en France en ayant assuré la production. 

"On a lancé le premier prototype vers la production. Le 23 décembre 2020, je revenais en France avec les premiers modèles." Les premières ventes ont suivi, dès janvier 2021. "On a démarché à Montpellier, Nîmes, etc. Puis, on a commencé à faire des ventes en direct." Au-delà des qualités intrinsèques du produit, c'est un coup de pouce inattendu qui a véritablement lancé les ventes. "On avait rendez-vous à Narbonne, à 15h30. Avec les rendez-vous précédents, on a pu arriver qu'à 17h30." Le confinement d'alors se traduit par un couvre-feu. Et le commerce de bricolage et jardinerie refuse de recevoir le couple pour la présentation de leur brasero. 

"Deux acheteurs se sont regardés, on s'est dit que quelque chose se passait."

Yannick Bonfort, co-fondateur de COEO

Amandine parlemente et obtient que l'équipe du magasin vienne voir le produit sur le parking, à l'air libre. "Là, deux acheteurs se sont regardés, on s'est dit que quelque chose se passait", rembobine Yannick Bonfort. L'un d'eux s'écarte, prend son téléphone et annonce que le directeur des ventes va descendre. Et il ajoute : "Attendez-vous à être filmés, M6 est dans nos locaux". Et c'était vrai. Ainsi, on est passé à l'émission 66 minutes le 10 avril, un dimanche soir."

Et tout s'est accéléré : le téléphone s'est mis à sonner, le site Internet a saturé jusqu'à se mettre en panne "et dès le lendemain, on était en rupture de stock, avec plus de trois clients supplémentaires qui attendaient leur produit". Trois semaines après, c'est au tour d'un ancien rugbyman, reconverti dans la cuisine, d'évoquer leur brasero dans cette même émission 66 minutes. "Il a fallu répondre à 450 clients entre avril et fin septembre. Ça nous a permis de décoller plus rapidement." Tout en passant un été de labeur. 

Référencé par l'institut Paul Bocuse

En touchant le grand public, le produit COEO arrive aussi à des oreilles prestigieuses. Et le brasero est repéré par l'insitut Paul Bocuse, dans la région lyonnaise. Avant le kamado, désormais "référencé pour leur programme de master de cuisson au feu de bois". Cités par une prestigieuse école, les produits font donc leur retour dans la presse, dans des publications spécialisées et des magazines. De quoi conserver une renommée élevée sans avoir besoin de faire de publicité. 

Et de quoi penser aux futurs produits COEO. "En 2022, on a élaboré quelque chose de plus léger en construction, mais plus habilité four. Et non plus en acier, mais en céramique." L'inspiration vient du Japon, COEO réinvente le Kamado, un four rond. "Mais il nous semblait peu cohérent sur les modes de cuisson. On a donc repris le produit en partant d'une base de plat à tajine." Ceci afin de pouvoir maintenir une hygrométrie et répondre aux contraintes mécaniques de sèche. "On a imaginé qu'on pouvait obtenir un mix plus solide."

Les premiers prototypes sortent début 2023 et les retours des professionnels sont immédiatement excellents. Le Kamado s'appelle finalement Quatro, "pour les quatre grandes saisons et parce qu'il est prévu pour quatre types de cuisson" : le fumage, jusqu'à 120° ; four, jusqu'à 200° ; "grilling", entre 200 et 275° ; et pour une cuisson flash ou un simple marquage, au-dessus de 275°. Complet, le produit est évolutif et peut accueillir des accessoires. 

L'enclavement, une difficulté pour l'entreprise

C'est l'ensemble design, fonctionnalité, communication, et recherche et développement que vient récompenser le German design award, qui sera officiellement remis à Amandine et Yannick en janvier prochain, à Francfort. Sans parler du mérite à mener à bien une telle idée, à diffusion internationale, dans un territoire enclavé comme le Viganais. Car si les loyers sont moins chers qu'à Nîmes ou Montpellier, "on est extrêmement pénalisé, reconnaît Yannick Bonfort. Avec le moindre transporteur, quand il accepte de venir, c'est le prix de la palette + 300 €. Et sur l'export, c'est l'enfer. Les containers sont plus chers quand on produit d'ici." En plus du transport, l'entreprise peine à recruter le "couteau-suisse" aux multiples compétences dont elle aurait besoin. 

Pour autant, la croissance ne se dément pas. Et la récompense allemande ne devrait pas la faire ralentir. "On commence à avoir des volumes intéressxants, notamment en Europe de l'Est ou aux États-Unis." En France, le soutien de l'institut Paul Bocuse ne se dément pas et des chefs - comme Jérôme Nutile ou Sébastien Rath dans le Gard - font part de leur satisfaction. D'autant que COEO parvient à être bien moins cher que la concurrence - parfois de moitié - sur un  produit qui reste haut de gamme. "En 2024, on sortira un kamado plus petit." Pour petites terrasses ou plus petits budgets. Et, toujours, pour un moment festif ou convivial. 

www.coeo-design.com

Le German design award, pour la Kamado, sera officiellement remis à COEO en janvier, à Francfort • DR

François Desmeures

Economie

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio