Publié il y a 1 an - Mise à jour le 27.12.2022 - Boris De La Cruz  - 3 min  - vu 1844 fois

GARD Alain Artuso, l'homme qui fait parler la poudre

Alain Artuso

Alain Artuso

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Un chasseur est tué en ce mois de novembre dans le Vaucluse. Un accident lors d’une sortie entre gâchettes disciples de saint Hubert...

Quelques jours plus tard, Alain Artuso assiste à l’autopsie réalisée à l’institut médico-légal du CHU de Nîmes pour apporter son expertise sur le décès et la trajectoire du tir. Il devra dire si la version de l’auteur présumé du coup de feu est crédible et si l’arme saisie après la mort est bien celle qui a tué le chasseur. Des vérifications obligatoires dans ce dossier d’homicide involontaire avec arme.

Depuis près de 30 ans, Alain Artuso évolue dans l’univers du crime, du délit, de la mort ou des blessures graves. Expert judiciaire, il est de tous les dossiers sensibles où les armes à feu sont utilisées. Les juges d’instruction, les parquetiers et les enquêteurs ont besoin de son expérience pour dire de quelle catégorie d’arme il s’agit ou bien pour savoir si la version d’un accusé ou d’un prévenu est compatible avec les constatations médico-légale et avec les investigations réalisées sur le terrain.

Le chasseur s'accuse, il va être innoncenté

À 59 ans, sa science, essentielle dans le temps de l’enquête, permet d’asseoir une culpabilité, de figer une scène de tir ou bien, parfois, d’innocenter un homme... C’est le cas lors de cet accident de chasse survenu il y a une dizaine d’années. Quatre chasseurs partent traquer le sanglier. Trois d’entre eux se positionnent sur une même ligne. Ils attendent que le quatrième, placé sur le côté, guide le gibier dans leur direction.

cartouches
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Et là, c’est l’accident. Le mammifère apparaît, des tirs claquent. Un chasseur s’accuse immédiatement de la mort de son copain, certain d’être le tireur. Des semaines, des mois durant, l’enquête paraît figée, mais les certitudes vont bientôt tomber avec l’expertise balistique. Un juge d’instruction demande l’avis d’Alain Artuso. Ce dernier étudie les armes et les balles de tous les protagonistes et parvient à établir que celui qui s’accuse depuis le début « n’est pas celui qui a causé la mort. C'était un autre chasseur qui était à côté de lui qui est responsable du tir mortel ».

« Celui qui était innocenté est tombé à genoux, en pleurant à chaudes larmes devant moi »souligne ému le balisticien tombé "tout petit" dans la passion des calibres. « Mon grand-père était collectionneur, mais je ne l’ai pas connu et je n’ai même jamais vu ses armes. Vers 14-15 ans, alors que mes copains achetaient des livres et magazines de moto ou de sport, moi je collectionnais des bouquins de chasse ou d’armes », témoigne l’expert passé par l’une des plus célèbres institutions en la matière, l’école d’armurerie de Liège (Belgique).

« Je suis de Montpellier et j’avais une licence de sciences. Après j’ai échoué pour intégrer une école d’ingénieur dans les travaux publics, complète-t-il. Mon père m’a demandé ce que je souhaitais faire. J’avais la passion des armes d’épaule. Je voulais fabriquer et inventer des systèmes. » 

Armes
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Depuis plus de trente ans, il collectionne les grandes affaires et reste marqué par deux juges d’instruction du tribunal de Nîmes : Christian Lernould et son alter ego Jean-Pierre Bandiera. « Ils ont été les premiers à me faire confiance et puis ils faisaient partis des cadors de l’instruction. Avec eux, rien n’était laissé au hasard. Ils étaient d’une minutie qui a inspiré ma carrière », note le balisticien visiblement imprégné par des scènes de crimes ; des visages gravés dans sa mémoire.

Des images de crimes, des enfants tués

« Les morts d’enfants restent toujours des moments d’une intense émotion. Il est impossible de les oublier. J’ai l’image dans le Gard d’un enfant de trois ans, tué par le père qui ne supportait pas la séparation d'avec son épouse. Je revois encore la chambre, le petit lit, le pyjama de cet enfant, ses jouets, ses peluches qui l’entouraient. Je revois la scène comme si c’était hier alors que les faits datent de plusieurs années. Le visage de cet enfant est à jamais en moi. Cette maison, qui avait été à un moment celle d’un bonheur familial, est devenue un lieu de souffrance, de tragédie. »

Cet article est issu du magazine Objectif Gard, numéro 56 sorti le 6 décembre 2022. Vous pouvez le découvrir dans son intégralité en cliquant sur la Une :

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Boris De La Cruz

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