Publié il y a 1 an - Mise à jour le 12.07.2023 - Abdel Samari avec Anthony Maurin - 3 min  - vu 2108 fois

LUNEL Sébastien Castella : "J’ai retrouvé toutes mes sensations"

Sébastien Castella

Sébastien Castella en 2019

- Photo archive Anthony Maurin

Ce dimanche, les arènes de Lunel proposent un trio magique pour la corrida mixte : la cavalière nîmoise Lea Vicens, Alejandro Talavante et le biterrois Sébastien Castella. Ce dernier en dit plus sur l'ambition qu'il porte pour cette saison hors norme pour lui.

Objectif Gard : Vous êtes biterrois et revenez enfin dans l’Hérault après votre retraite temporaire. Comment envisagez-vous ce paseo lunellois dans ces nouvelles arènes, chose rare aujourd’hui ?

Sébastien Castella : Rare comment ? Ce qui est certain, c’est qu’il s’agit d’une corrida très importante pour moi. Ce sera ma seule venue dans le Sud en juillet. J’ai décidé cette année de prendre une corrida après une autre. Sans regarder le passé. À Lunel, ce sera très spécial pour moi, je suis l’un des matadors qui l’a inauguré il y a quelques années. Ce sera donc un moment important, de revenir devant mon public même si je suis biterrois. En France, où que je sois, toréer, c’est être à la maison. Il y a une émotion spéciale, d’être dans mon pays, avec beaucoup d’amis autour de moi. Je suis très heureux. C’est un grand plaisir ! Et je suis sûr de vivre de jolies sensations, véritables, pour offrir un spectacle à mon public.

Avec Léa Vicens et Alejandro Talavante à vos côtés, quel sera l’enjeu premier de cette corrida mixte ?

L’enjeu, il n’y en a qu’un : prendre un grand plaisir. Et transmettre. Dans le costume de lumière, je n’ai qu’une obsession : exprimer ma tauromachie. C’est ce que j’ai pu faire à Madrid il y a quelques semaines, à Nîmes aussi. Une faena très artistique, avec beaucoup de sentiment. J’espère le réussir aussi à Lunel.

Vous étiez une figura del toreo il y a encore quelques années. Pourquoi avoir arrêté puis être revenu sur le sable ?

J’ai arrêté car j’avais besoin d’une pause il y a quelques années. Je ne savais pas si j’allais revenir même si on né toréro et on meurt toréro. Il m’a fallu un temps de réflexion, de respiration, connaître un autre monde. Cela m’a donné l’envergure de cette profession hors norme. Pendant des années, j’ai laissé ma famille, mon pays pour partir derrière un grand rêve qui s’est réalisé. Mais j’avais besoin de ce temps à un moment donné. Peut-être parce que je n’avais pas vécu une étape de ma vie, celle de vivre tout simplement. Et je suis de retour dans ce qui me fait rêver, me fait jouir. De me mettre devant le toro, devant le public. Je le répète beaucoup, mais tout cela me remplit de joie.

Quelques grands moments, notamment Madrid, ont joliment émaillé ce début de saison. Lequel a été le plus important dans les toros, et lequel a été le plus émouvant ?

J’ai débuté la saison avec beaucoup de doutes. J’aime le souligner. C’était un retour au haut niveau. Est-ce que j’étais capable de poursuivre cette histoire ? Quand on est en Ligue 1, face à des compagnons qui eux n’ont pas arrêté, est-ce que l’on peut encore y croire ? Le public aussi est de plus en plus exigeant. J’avais l’envie de revenir différemment. Je cherchais une partie plus profonde, plus artistique, plus torero. La tauromachie au bout des doigts, à fleur de peau. Les premières parties ont été difficiles, je pense à Arles forcément. Avec trois fractures, je n’ai pas été comme j’aurais dû être. Cela m’a donné un coup au moral. La saison a continué et Madrid a été un triomphe. J’ai retrouvé toutes mes sensations. La saison est longue encore, mais le plaisir est là.

Même si dans les toros il n’y a pas de frontière, qu’avez-vous à dire aux aficionados français qui voient en vous le torero d’une génération voire plus ?

Cette question me met la chaire de poule. Je donne tout devant le toro. La tauromachie m’a apporté énormément. Aux aficionados comme aux antis, je veux le dire, c’est avant tout de profondes valeurs. Alors si je renais de nouveau, je serais torero. Vous le savez, il s’agit d’une profession très difficile mais en même temps, c’est pour moi, la plus belle au monde.

Vous avez surpris tout le monde en laissant libre cours à vos envies, où en est le Castella artiste hors arènes ?

Il est dans l’arène. Et a l’ambition de s’épanouir encore plus qu’avant. J’ai appris beaucoup à travers la peinture et cela m’apporte en tant que torero. Quand j’ai pris le pinceau, y avait des moments, j’avais l’impression de tenir la muleta. De la même façon, aujourd’hui, j’essaie de faire de l’art quand je suis face au toro.

Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter ?

C’est aux afficionados de le dire. J’espère être là encore un bon bout de temps. J’essaierais d’être à la hauteur. Par-dessus tout, avec l’envie de respecter cette profession, de respecter le toro, et le public. Et pour cela, je suis prêt à faire tous les efforts nécessaires…

Abdel Samari avec Anthony Maurin

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