NÎMES EN FERIA Les Vendanges pour une cuvée exceptionnelle ?
Dès vendredi, Nîmes entre en feria. Un petit point sur l’intérêt des courses programmées.
Un vendredi 13. On verra ! À 17h30, six toros de Jandilla pour Sébastien Castella, José Maria Manzanares fils et Lalo de Maria qui prendra l’alternative. Une corrida d’importance car le 74e matador de toros français sera consacré comme tel dans l’amphithéâtre antique.
Outre le fait, assez improbable, que sa mère elle-même avait pris l’alternative et toréait à cheval, c’est une belle histoire qui s’écrit, qui se poursuit. Lalo de Maria est honnête avec lui-même, il sait ce qu’il est. Mais vous ? Avez-vous essayé de voir derrière l’apparence ? Derrière la lignée ? Lalo est un garçon méritant et qui gagne son mérite au quotidien. Né avec une cuillère en argent dans la bouche, il a voulu revêtir l’or. Et dans les toros, tout est toujours remis à zéro. C’est la corne et elle seule qui règle les problèmes. Lalo arrive à Nîmes pour y devenir matador de toros mais il aurait voulu y arriver avec une foule derrière lui. Avec une cuadrilla de 10 000 personnes. Allez, une alternative, ça doit être mémorable…
Pour le Biterrois Sébastien Castella et pour l’Alicantino Jose Maria Manzanares, le repos du guerrier n’est pas à l’ordre du jour. Les toreros enchaînent les ferias, la fatigue est présente mais la fin de saison approchant il leur faudra marquer le coup.
Une alternative n’est pas un vrai cadeau car la competencia demeure énorme ! Mais ici, les parrain et témoin sont des amis, ils ont accueilli Lalo chez eux quand étaient plus jeune. Ce sera une belle alternative dans un costume étoilé réalisé par un autre matador de toros nîmois qui fête ses 20 ans d’alternative, Jonathan Veyrunes.
Le samedi 14 septembre 2024 à 11h30, corrida mixte avec quatre toros de Robert Margé et deux de Fermin Bohorquez pour la rejoneadora Léa Vicens et les matadors de toros Sébastien Castella et Clemente (qui confirmera son alternative).
Léa Vicens, comme Lalo, a un profil bien différent de la maille taurine habituelle. C’est une femme qui est respectée. Encore une fois, dans les toros aucune rareté ni extravagance, si elle est là, c’est qu’elle a gagné sa place pour y être. En regardant dans le rétro, on peut voir que la cavalière a toujours avancé. Qu’elle a subi des choses qu’elle a su renverser. Léa Vicens a été formée par les Peralta, légendes du rejon. En tout humilité, elle cavale en haut de l’escalafon depuis des années et offre à son public ce qu’il aime voir.
Castella fera ici son quatrième et dernier paseo de sa temporada nîmoise. Oui, quatre. On l’aura vu et revu pour le meilleur ou pour le pire selon les sensibilités, mais sur lui tout le monde s’accorde pour dire qu’il est à sa place tant il rayonne sur la planète des toros. Clemente, en embuscade, est depuis un an un torero à voir et à revoir. Le rater serait une faute care on pourrait presque parier sur une sortie triomphale !
Même jour mais à 17h30, solo, de Daniel Luque avec des toros de La Quinta. Là aussi on peut d’emblée parler de triomphe. L’exercice permet de couper bien plus d’appendices qu’en corrida formelle mais en faut-il les couper.
Daniel Luque a pris son alternative dans ces arènes. Depuis ? Il est juste devenu l’un des matadors de toros les plus importants et depuis trois saisons, il balaie tout sur son passage. Du jeune insolent il ne reste rien. Du grand maestro, il a tout. On pourrait croire qu’un solo est ennuyeux ou déroutant mais c’est aussi un pari que l’homme se lance à lui-même. Luque n’a plus besoin d’adversité alors il va révéler en lui le diable qui fera qu’il la retrouvera plus tard, quand il le faudra.
Dimanche 15 septembre 2024 à 11h30, place à la belle novillada qui verra un lot de présentation de Torrehandilla pour Nino Julian, Alejandro Chicharro et Javier Zulueta. Le dimanche matin, il y a encore peu de temps, était le créneau réservé par l’empresa à la corrida des artistes. Une corrida où les Morante, Conde, Ponce, Aparico, Manzanares… ont empêché les bigots d’aller à la messe.
Aujourd’hui, c’est la matinée de la transmission et c’est quand même sympa ! Mieux ? Certainement. La jeunesse doit avoir une place forte en feria. Les jeunes doivent continuer à venir aux arènes et pour cela il faut des jeunes qui toréent. Et avec des jeunes locaux, comme Nino Julian, le chef de lidia, c’est encore mieux ! Pas de protectionnisme aigu mais ce cartel, en mettant tout de même un régional de l’étape, est hyper attractif.
Alejandro Chicharro a 20 ans et une saison pleine derrière lui où il a totalisé 22 novilladas, 45 oreilles et une queue coupées. Il a coupé deux nouvelles oreilles à Bayonne la semaine dernière. Attention, Sévillan, Javier Zulueta complète ce beau cartel. En trois contrats (Huelva, Pedro Muñoz et Navas de San Juan) le mois dernier, il a coupé sept oreilles.
En guise de clôture, le dimanche 15 septembre à 17h30, autre corrida mixte avec quatre toros de Victoriano del Rio et deux d’El Capea pour le rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza qui fera ses adieux en France aux côtés des matadors de toros Alejandro Talavante et Juan Ortega.
Talavante et Ortega, deux styles, deux toreos, deux figuras. Talavante a bien changé ! Rappelez-vous ce novillero débarquer ici et semer la zizanie et le frisson dans l’ordre établi. Alejandro Talavante est change de sitio comme on change d’époque. Tantôt il plante ses genoux en terre, tantôt il fait virevolter les cornes sous sa muleta. Lui comme Ortega sont considérés comme des artistes. Ortega va fêter ses dix ans d’alternative dans quelques jours. Si un torero est encore matador de toros en activité au bout de dix ans c’est qu’il le restera à jamais. L’aficion à l’esprit sévillan adore cette tauromachie qui renifle le romarin. Ortega est un de ceux qui fait dans le détail alors regardez, observez.
Les adieux français du centaure des centaures, de celui qui a révolutionné le rejon se feront à Nîmes, là où il connaît par cœur les dimensions de la porte des Consuls ! Pablo Hermoso de Mendoza lègue à l’histoire de la tauromachie son savoir, son vécu, ses créations, sa vision de l’art équestre dans une arène mais il lègue aussi son nom.
Il a accompagné son fiston et a fait le trait d’union entre eux deux pour que les tendidos s’habituent doucement à voir un autre Mendoza. La classe. PHM mérite, qu’on apprécie ou non le rejon, qu’on lui reconnaisse de belles qualités. Il aura fait vibrer des milliers d’aficionados de tous les âges.
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