Quel a été votre meilleur souvenir de 2025 ?
Olivier Lataste : L’année 2025 a été particulièrement intense pour mener à bien la barque du Cratère : déménagement des équipes, des bureaux et du matériel technique au quartier de La Prairie, conception d’un site permettant la continuité des spectacles le temps des travaux du théâtre en centre-ville, puis mise en fonctionnement du Théâtre Éphémère dès le mois d’octobre, avec les équipes du Cratère et les agents d’Alès Agglomération on n'a pas chômé !
Alors mon meilleur souvenir de l’année 2025, c’est d’avoir vu autant de gens venir au Théâtre Éphémère découvrir l’installation GAIA et ses expositions thématiques, qui ont embarqué plus de 5600 personnes dans un voyage à la fois scientifique, écologique et social, et c’est ce qui me plaît quand la culture s’ouvre à toutes les disciplines !
Quelle a été selon vous la personnalité de 2025 ?
Parlant de croisement de disciplines, un autre domaine qui m’intéresse tout particulièrement ce sont les liens entre l’art et le sport. Originaire de Toulouse, je suis fan de rugby (même si aujourd’hui je pratique plutôt les sports de raquettes !) et il y a cette phrase de Pierre Soulages qui m’a toujours inspiré : "En rugby comme en art, il faut être attentif à ce qui échappe à l’intention."
Et une personne qui s’est jetée corps et âme dans une magnifique communion entre l’art et le sport, c’est bien le metteur en scène Thomas Jolly. Alors, vous allez me dire : 'Oui mais ça c’était en 2024'. Sauf qu’en 2025, il a reçu un Molière d’honneur lors de la 36ᵉ Nuit des Molières. Au-delà de l’hommage à son travail sur les cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, il a profité de cette tribune pour faire un important plaidoyer pour le spectacle vivant et son importance sociale. Et je pense que c’est bien aujourd’hui d’avoir des personnalités médiatiques qui rappellent que le service public de la culture, tout comme celui de la santé, de l’éducation, de la justice, etc. sont les ciments de notre société, et qu’il faut les défendre chaque année un peu plus !
Quelle sera pour vous celle de 2026 ?
L’autrice Leïla Slimani est connue pour ses romans qui transforment des expériences intimes — désir, maternité, famille, héritage — en révélateurs des violences sociales et symboliques qui traversent nos sociétés. L’an dernier elle a été nommée membre du jury de la 78ᵉ édition du Festival de Cannes, et en 2026, le grand public va entendre encore plus parler d’elle. Son actualité, c’est en effet l’adaptation cinématographique de sa trilogie (Le Pays des autres), qui débouchera sur un projet de film ou série qui devrait faire date.
Elle tient souvent des propos marquants sur le rôle de l’art et de la culture dans notre contexte mondial difficile. Cet exemple d’une femme qui prend des positions engagées, au Cratère on essaye à notre mesure de le porter chaque année avec notre temps fort 'Les femmes font bouger le monde'. En février, les spectateurs auront un large choix de propositions : Sandrine Bonnaire dans un huis-clos de Duras, Rosemary Standley avec son Carmen revisité, la saxophoniste Sophie Alour en jazz, et l’incroyable Emma la Clown qui rendra hommage à Anne Sylvestre.
Que sera d’après vous l’évènement de 2026 ?
Alors si on continue sur une note d’espoir, et bien on ne peut que souhaiter que les négociations sur la fin du conflit en Ukraine portent enfin leurs fruits en 2026, car des progrès substantiels sont en train de se faire sur pas mal de points diplomatiques. Ce serait un sacré évènement de vivre ça début 2026, et que dans son sillage la paix puisse se répandre dans d’autres zones de conflits dans le monde.
Trump et Poutine ne sont pas éternels, la roue de la vie tourne, alors un monde plus pacifique il faut y croire ! Et quels que soient les évènements, je pense que l’art et la poésie seront toujours les meilleurs antidotes pour ouvrir des ponts entre les cultures de tous les peuples de la planète GAIA !