LÉDIGNAN Privée d'eau potable, la commune met à disposition citerne et palettes de bouteilles

La commune, grâce à Alès Agglo, a mis une citerne à disposition des administrés
- CDUn taux trop élevé de terbuméthon-déséthyl détecté par l'Agence Régionale de Santé a forcé la commune à couper ses vannes de distribution d'eau du jour au lendemain. En attendant, la mairie s'est organisée avec d'autres collectivités pour fournir les habitants en 'or bleu', plus essentiel et prisé que jamais.
Une molécule en trop et tout un village est assoiffé, ou presque. Il y a deux semaines, les 1500 habitants de Lédignan ont dû troquer l'eau potable de leurs éviers pour les bouteilles mises à disposition par la mairie, qui a dû couper sa distribution d'eau sous ordre de l'Agence Régionale de Santé. "On a une molécule qui pose problème, sur la trentaine analysée. Elle correspond à la dégradation d'un herbicide interdit depuis 2003, explique Bernard Cauvin, maire de la commune. Les consignes immédiates ont été d'informer la population sans délai. On l'a fait dans la soirée grâce à des flyers déposés dans les boites aux lettres, des alertes téléphoniques un post Facebook et une mise à jour sur le site internet de la mairie".
"Vraisemblablement un essuyage et lessivage des sols"
La molécule en question est le terbuméthon-déséthyl. Le taux détecté à Lédignan le 10 avril et révélé le 23 avril est de 0,118 microgramme par litre, au-delà du 0,100 autorisé. Les communes avoisinantes, comme Cardet ou Maruéjols-les-Gardon n'ont elles aucune alerte. Mais alors pourquoi à Lédignan et maintenant ? "Les dates correspondent aux forts épisodes de pluie sur le secteur, répond et théorise l'édile. C'est vraisemblablement un essuyage et lessivage des sols, et du fait de notre position topographique et géologique très basse, tout s'est déversé à Lédignan. Cette molécule est restée dans le sol, mais la nappe phréatique est montée très haute à cause des pluies."
Un produit "rémanent et principalement utilisé pour les vignes mères" serait ainsi à l'origine de la présence de la molécule. En tout cas, le maire l'assure : "Je n'ai aucun soupçon sur qui que ce soit, il n'y a pas d'acte de malveillance".
Citernes et palettes de bouteilles en réponse
En réponse à la situation, l'équipe municipale a déclenché le plan communal de sauvegarde "pour mieux s'organiser et être plus efficace". Cette efficacité s'est traduite par l'approvisionnement immédiat d'une quinzaine de palettes d'eau et d'une citerne mise à disposition par Alès Agglo, dont les Lédignanais peuvent profiter les lundis, mercredis et vendredis. "On a dû faire vite afin de livrer à domicile les personnes vulnérables. Celles-ci sont réapprovisionnées en même temps que les collectes d'eau aux ateliers communaux, tous les deux jours. La citerne est vidée et reremplit intégralement sur cette même période".
Élus, commerces, agglomérations et département à pied d'œuvre
Les élus communaux mettent eux-mêmes la main à la pâte en organisant les collectes du soir et sont aidés par le département, distributeur temporaire de l'eau à boire du collège, la communauté de communes Piémont Cévenol, gestionnaire de la crèche et Alès Agglo, fournisseur de la citerne. Le Super U du village a aussi "excessivement bien joué le jeu" en s'organisant pour avoir des stocks de bouteilles.
Une organisation et coopération nécessaires pour la commune : "On doit s'inscrire dans la durée car on ne sait pas quand on sera de retour dans le vert. En tout cas, on ne dort pas bien la nuit...," confie le maire. Deux résultats d'analyse sont attendus dans les prochains jours.