Ici, le cheval est roi et les cavaliers sont des idoles. Icônes de la camarguaise, l’un des meilleurs amis de l’Homme a toute sa place dans ces festivités mais il ne remplit plius les arènes depuis quelques temps. En ce lundi de Pâques c’était une corrida pour l’histoire et non un poisson d’avril qui était organisé. Pablo Hermoso de Mendoza disait adieux au public arlésien !

Absent de cette feria depuis presque dix ans, le centaure des centaures a connu une carrière des plus importantes car il a tout simplement révolutionné le monde équestre. Il écoutera cependant le silence à l’issue de son premier duel après avoir été longuement et chaleureusement célébré en piste. Il ne fera pas du PHM, peut-être pris à la gorge par l’émotion, mais le maître incontestable des centaures reviendra en piste et montrera autre chose.

Deuxième et dernière sortie en piste pour Pablo Hermoso de Mendoza. Lui, le public, son fils Guillermo, tout le monde a conscience du moment qui se trame. Même si les trophées seront sans doute donnés avec largesse, il n’en fallait pas moins pour remercier un si grand monsieur. Deux oreilles et une vuelta posthume pour le San Pelayo. PHM a enfin fait ce que l’aficion du rejon aime, le show. Pas forcément dans les meilleurs terrains, souvent touché mais toujours le spectacle et le sourire. PHM ne viendra sans doute plus en tant que torero à Arles 27 ans et un jour après s’y être présenté. Une longévité incroyable, salué par les tendidos.

Lea Vicens, la Nîmoise qui a fait sa place à l’escalafon des rejoneadores, est appréciée ici comme ailleurs. C’est d’ailleurs elle qui coupe en premier l’appendice de son toro. Comme PHM à son premier, Lea est peut-être un peu ailleurs et diffuse un toreo en quête de sens. Elle a laissé longtemps ses montures au frais dans les tunnels des arènes et l’humidité endort les membres. Moins réactive qu’à l’accoutumée sa cavalerie se reprendra au second essai. Oreille.

Seconde opposition pour la Française qui pousse pour triompher et qui arrivera à couper une oreille après un duel de haute volée mais durant lequel ses chevaux seront mis au travail comme rarement. Quelques beaux moments, des surprises, mais Lea tient son rang.

Pour que l’histoire soit encore plus belle et justement historique, PHM était accompagné par son fils, Guillermo, qui a déjà̀ une voie toute tracée vers la gloire et qui est un habitué des lieux. On le voit arriver depuis quelques années, le père passe le témoin et ce matin le fils est enfin sorti du bois. On l’a vu toréer pleinement, entièrement, dans des terrains extrêmes sans brusquer ni éperonner. Les deux oreilles tombent du palco et nul n’y trouvera rien à redire tant la classe du jeune a sauté aux yeux. La variété de sa tauromachie fait plaisir à voir, oscillant tantôt vers le classicisme pur et dur, tantôt vers le spectaculaire.

Le triomphe étant déjà assuré pour GHM, le cavalier tentera des choses moins agréables pour les puristes. Comme pour le premier de son père, Guillermo perd une oreille à la mort, non pas de sa faute mais par la maladresse du puntillero. Il faut dire que le jeune avait peut-être crié victoire un peu trop tôt… La sagesse s’apprend et c’est un long chemin ! Une faena moins magique et plus forcée, un toreo plus agressif et moins classique font que de ce duel Guillermo n’aura qu’une oreille mais sortira bien largement en triomphe.