Au Grand Café Malarte, jeudi soir, devant une centaine de personnes, Cyril Juglaret s’est voulu résolument optimiste. Face à un contexte national qu’il qualifie de "gros bourbier", où "on ne sait plus où on va", il a choisi de placer la stabilité locale et la confiance au cœur de son intervention. "Les élus locaux, c’est ce qu’il reste de stabilité, cette pierre angulaire, ce symbole de proximité", a-t-il souligné. Le conseiller régional a parlé développement économique, sécurité et dossiers épineux mais il a aussi, en fond, esquissé une stratégie en construction pour les échéances de mars 2026.
"Je serai là, je jouerai un rôle, sous quelle forme ? Pas de scoop ce soir", a-t-il lancé au sujet de sa participation aux prochaines élections municipales. Tête de liste lors des scrutins de 2014, puis de 2020, Cyril Juglaret n’a donc pas précisé s’il mènera une liste, rejoindra celle du maire sortant, ou optera pour une autre voie. "Ce qui m’importe, c’est que ce ne soit pas n’importe qui qui arrive en responsabilité", a-t-il insisté, évoquant la menace du Rassemblement National, qu’il qualifie de "non-solution pour Arles" et le refus d'un "retour en arrière à la méthode d'Hervé Schiavetti que j'ai combattu pendant 12 ans."
Son objectif, et il l’a martelé, c’est "additionner les forces et les talents" pour faire briller le territoire et éviter la dispersion des voix. "En 2020, j’ai su me retirer pour ne pas ajouter de confusion. Aujourd’hui, il faut se mettre d’accord sur une méthode, une vision, un projet", a-t-il rappelé, soulignant sa volonté de fédérer au-delà des clivages.
La composition de l’assistance à cette réunion était, elle aussi, "au-delà des clivages". Hormis des figures du monde économique, agricole, associatif, on retrouvait pêle-mêle d’anciens élus de l’ère Schiavetti (dont Patrick Chauvin et Amina Afkir), mais aussi des représentants de la majorité actuelle (Guy Rouvière, Michel Navarro, Mandy Graillon), des opposants à Patrick de Carolis (Carole Fort Guintoli)… "Depuis 30 ans, j’ai toujours montré que je n’étais pas dogmatique. Je discute avec tout le monde, pourvu qu’on partage les mêmes valeurs", a insisté Cyril Juglaret, rappelant que "la politique locale doit dépasser les étiquettes". "À la Région, on a montré que c’est possible : 14 courants politiques différents y travaillent ensemble. Ce qui est fait là-bas, on peut le faire ici." Arles l'a même déjà fait, sous des mandats précédents, avec des cohabitations formées pour gagner. "On a besoin de toutes les compétences. De chasser en meute, comme le dit Martine Vassal", a ajouté Cyril Juglaret.
"Oui, ce soir, on a vu des élus de Patrick de Carolis et c’est normal : on discute, on échange", a-t-il ajouté. Ces discussions s’étendent-elles au-delà de la majorité actuelle ? "Je ne suis pas dans la tractation en coulisse, mais dans l’échange, a nuancé Cyril Juglaret. Est-ce qu’on pose le même diagnostic ? Est-ce qu’on a les mêmes priorités ?" Le conseiller régional laisse mûrir les discussions. "Si la fumée est blanche, je serai dans la logique d’unité. Sinon, je prendrai mes responsabilités", a-t-il prévenu, laissant planer le doute au cas où un terrain d'entente ne serait pas trouvé : alliance élargie ou liste autonome ?
Priorités économiques et enjeux locaux
Pour fédérer, Cyril Juglaret mise sur l’économie locale et le développement durable, deux thèmes consensuels. "La priorité, c’est le développement économique. C’est le b.a.-ba. Pour qu’Arles prospère, il faut aussi de la sécurité, et les collectivités sont à la manœuvre au côté de l'Etat", a-t-il avancé. Le conseiller régional a aussi abordé des dossiers sensibles, comme la ligne THT. Interrogé à ce sujet par la conseillère municipale d'opposition Carole Fort-Guintoli (en tant que porte-parole de l’association de sauvegarde des terres de Camargue et de Crau), Cyril Juglaret a reconnu la difficulté de "concilier aménagement et préservation". "On a besoin de cette énergie pour nos entreprises, mais il faut que ce soit le meilleur projet possible", a-t-il nuancé, appelant à "mettre tout le monde autour de la table".