"What a surprise !" Ce jeudi 18 décembre, en conseil municipal, le maire Patrick de Carolis n’a pu réprimer un sourire en voyant Carole Guintoli lever la main pour prendre la parole sur les deux délibérations brûlantes concernant les arènes d’Arles. "Personne ne s’y attendait, n’est-ce pas ?", a-t-elle lancé, l’ironie cinglante.
Évincée de la majorité en 2023 pour avoir contesté le choix de Ludi Organisation et soutenu l’unique concurrent, l’élue d’opposition n’a depuis cessé de traquer ce qu’elle dénonce comme des "irrégularités" dans le cadre de l'attribution de cette délégation de service public (DSP), saisissant le procureur de la République via l’article 40. "Je suis impatiente de connaître la fin de cette histoire fumeuse qui m’a coûté ma place", a-t-elle asséné lors de ce dernier conseil de mandature.
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Quelques minutes plus tôt, Emmanuel Lecot, élu délégué à la Tauromachie, avait présenté un avenant prévoyant trois modifications majeures au contrat liant la Ville à Ludi pour 2026. D’abord, une novillada sans picador viendra remplacer, à titre expérimental, la novillada avec picadors traditionnellement programmée le samedi matin de la feria de Pâques. Cette initiative, menée en partenariat avec l’École taurine d’Arles, a suscité des réactions contrastées. Ensuite, Ludi souhaite introduire un nouveau spectacle nocturne durant l’été 2026, décrit comme "plus qualitatif" et justifiant la création d’une grille tarifaire spécifique. Enfin, une hausse des tarifs d’un euro par catégorie de places pour les corridas principales a été proposée, après cinq ans de gel.
Un bilan 2024 dans le rouge, des signes d’espoir en 2025
Le rapport d’activité 2024 a révélé une perte record de 240 000 euros, principalement imputable à une fréquentation en berne. Malgré ce constat alarmant, Emmanuel Lescot a tenu à souligner les premiers signes de redressement en 2025, avec une hausse de 18 % de la fréquentation lors de la feria de Pâques par rapport à l’année précédente.
Pour Carole Guintoli, la pilule ne passe pas. "On nous a expliqué que ce candidat offrait le plus de garanties en termes de crédibilité et de notoriété", a-t-elle rappelé. Elle a dénoncé "de nouveaux cadeaux" faits au délégataire, ainsi que "la plus importante perte jamais enregistrée", avec "un cumul de pertes de plus de 700 000 euros en six ans". Mais c’est sur l’organigramme de Ludi qu’elle a concentré ses critiques : "Cerise sur le ruedo, la star a disparu des effectifs de la société. Étiez-vous au courant de ces changements ? Qui est l’empresa véritable des arènes ?", a-t-elle demandé à Patrick de Carolis. Le maire a reconnu avoir été informé de ces changements "mais pas de manière officielle", promettant de "s’en étonner officiellement par écrit". "La légèreté avec laquelle vous prenez les choses est désarmante, a réagi Cyril Girard à l'adresse du premier magistrat. Avec 700 000 euros de pertes cumulées en six ans, Ludi tiendra-t-elle jusqu’à la fin ?" a questionné l'élu de Changeons d'avenir.
La démission de Jean-Baptiste Jalabert : "un secret pour personne"
Contactée par notre rédaction, Lola Jalabert, présidente de Ludi depuis la création de la société en 2016 -"et cela n’a pas changé depuis", insiste-t-elle - a tenu à rassurer sur la pérennité de la société et la solidité de sa gestion. Elle a confirmé que Jean-Baptiste Jalabert, bien que démissionnaire de son poste de directeur général en juillet 2023, reste actionnaire majoritaire et impliqué dans la gestion des cartels, aux côtés de Simon Casas, actuel directeur. "Ce changement d’organisation n’était un secret pour personne. Dès le dépôt de notre dossier de candidature en réponse à l’appel d’offres, nous avions notifié que Jean-Baptiste Jalabert avait démissionné de ses fonctions de directeur général. Mon frère participe toujours à la vie de la société, il s’occupe principalement de monter les cartels, de négocier avec les toreros et de la communication au sujet des ferias. Nous travaillons collégialement, avec Simon Casas, et c’est moi qui gère la société au quotidien. Je suis l’empresa des arènes d’Arles, a-t-elle précisé. Ces attaques sont personnelles et ne reflètent pas la réalité de notre engagement."
Comme Emmanuel Lescot en conseil, Lola Jalabert a mis en avant les signaux positifs de 2025 : "Après une année 2024 catastrophique, marquée tout particulièrement par des conditions météo défavorables, 2025 montre une nette amélioration." Ainsi, l’empresa des arènes d’Arles se dit confiante et sereine quant à la capacité de Ludi à honorer son contrat jusqu’en 2028 : "Nous avons encore trois ans pour prouver notre efficacité. Les économies réalisées, la qualité de notre programmation et notre réactivité face aux difficultés nous permettront de tenir nos engagements. Il n’y a aucun doute, nous serons là jusqu’à la fin de la délégation."
À l’issue du conseil municipal, Carole Guintoli devait à nouveau saisir le procureur de la République.
