ARLES Trois tableaux de l'église Saint-Trophime vont être restaurés

Le tableau la Lapidation de Saint Etienne.
- Louise GalLa Ville d'Arles a lancé un grand chantier de restauration de trois oeuvres du peintre Louis Finson qui sont exposées dans l'église Saint-Trophime.
La Ville d’Arles a lancé un chantier de restauration de trois œuvres du célèbre peintre caravagesque Louis Finson (XVIIe siècle), exposées dans l’église Saint-Trophime : La Lapidation de saint Etienne, L'Adoration des Rois mages, et L'Annonciation. Ce chantier, co-financé par la Drac, le conseil Départemental et la Ville d'Arles, se déroulera en trois phases comprises entre 2025 et 2027 au Centre interdisciplinaire de Conservation et de Restauration du Patrimoine (CICRP) de Marseille. Avant de revenir à Arles, les tableaux figureront parmi les œuvres principales d’une exposition internationale portée par le musée des beaux-arts de Marseille en collaboration avec le musée Capodimonte à Naples.
Mercredi 18 juin, a eu lieu la dépose du plus grand des trois tableaux, la Lapidation de saint Etienne, situé au-dessus de l’arc ouvrant sur le chœur de l’église. Un échafaudage de 21 mètres de haut a ainsi été installé dans l'église afin de permettre la descente du tableau. "Il va être posé face contre terre, décadré, on va enlever le châssis, le dépoussiérer, enlever les pigeons morts accrochés, puis nous allons le rouler et il partira en restauration", explique Carole Nanni du service patrimoine. La Lapidation de Saint Etienne et L'Adoration des Rois mages étaient des commandes de Monseigneur Garpard du Laurens, et ont été acquis en 1614. Le premier n'a pas été touché depuis 1889, ce qui suscitait quelques inquiétudes. Le second a été restauré en 1877.
"Ils sont en très bon état de conservation eu égard à leur histoire. Les oeuvres subissent en permanence les courants d’air, les oiseaux qui viennent, probablement des rongeurs qui peuvent passer donc elles peuvent être endommagées. Le fait qu'elles soient en bon état c'est le signe que c'était un grand peintre. La qualité technique fait la résistance technique des matériaux", estime Danielle Amoroso, restauratrice spécialiste en peinture. "Sur La Lapidation de Saint Etienne, il y a quelques déchirures liées à des chutes de gravas, probablement aux oiseaux également, mais globalement, la toile n'est pas oxydée, elle est encore solide, bien tendue", souligne-t-elle.
Une troisième toile plus endommagée
Le troisième tableau, L'Annonciation, a également été acquis en 1614 mais n'était pas une commande de l'Église. "Il représente l’Annonciation, le jour où les consuls prenaient leur fonction, et il se trouvait dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville jusqu’à la Révolution française. C’est une oeuvre qu’il avait déjà réalisée à Naples dans un autre format. Elle n'est pas du tout caravagesque, c'est un style beaucoup plus classique, plutôt très Flamand, presque néo-renaissance. Il en existe au moins huit versions", explique Carole Nanni.
Ce tableau est un peu plus endommagé que les deux autres. Outre ces trois oeuvres qui se trouvent dans l’église Saint-Trophime, il se pourrait que la Ville possède un quatrième tableau du même peintre, de 3m20 par 2m50. Une toile représentant saint Antoine Abbé a en effet récemment été retrouvée roulée. "Il a été inscrit au titre des Monuments Historiques le 15 mai 2025, a été placé en conservation préventive et fait l'objet d'une étude afin de confirmer l'identité de son auteur", confie la membre du service patrimoine, qui estime qu'il pourrait s'agir "d'un très grand Finson."
Les reliques de Saint Césaire
La municipalité a également entrepris des travaux dans la salle capitulaire du cloître Saint-Trophime, où sont conservées les reliques de saint Césaire. La salle avait dû être fermée au public en 2022 car l'éclairage mis en place depuis l'arrivée des reliques en 2018 s'est avéré inadapté à leur conservation. Des travaux ont donc été réalisés afin de modifier l'éclairage et le système de climatisation afin de pouvoir contrôler de manière plus précise la température. Les reliques ne pouvant pas être exposées à la lumière plus de 221 heures par an, il a été décidé de rouvrir la salle au public une journée par semaine depuis le 3 mai, le samedi, avec la mise en place d'un éclairage automatisé afin qu'il ne fonctionne qu'en présence de visiteurs. "Nous avons un trésor, le service a mis beaucoup d'efforts pour me convaincre de réouvrir parce que je considère que nous en sommes les gardiens pour les générations futures", souligne Sophie Aspord, adjointe au patrimoine.