Publié il y a 5 h - Mise à jour le 29.09.2025 - Louise Gal - 3 min  - vu 1107 fois

FAIT DU JOUR Beauduc, un hameau en sursis

Georges Gauzargues, président de l'association des cabaniers du sablon devant son cabanon.

- Louise Gal

Un vingtaine de cabanons du hameau de Beauduc, sur la commune d'Arles, sont visés par une procédure lancée à la demande de la direction départementale des territoires et de la mer, qui dénonce leur emplacement sur le domaine public maritime.

Il est presque 14h dans le hameau de Beauduc, situé à 45 minutes de route au bout d'un long chemin cabossé entre les étangs. Le temps semble figé. Seul un chat se promène sur la grande place circulaire où trônent notamment une grosse croix camarguaise, un ancien bateau de pêche et une balançoire. Aucun bruit à l'horizon, si ce n'est celui du mistral. Difficile de ne pas se croire dans un village fantôme de l'Ouest Américain. Mais celui-ci se trouve en plein milieu de la Camargue et est bel et bien habité. Pour combien de temps encore ? "Un jour ou l'autre, il nous faudra partir, je le sais", s'est résigné Patrick*, propriétaire de l'un des 77 cabanons du hameau.

Place centrale du hameau de Beauduc. • Louise Gal

Tout au bout de la place, un petit groupe d'amis est réuni sur une terrasse, en train de prendre l'apéro loin du tumulte de la ville. Mais certains d'entre-eux sont en sursis. Une vingtaine de cabanons sont en effet menacés de destruction. "Tous ceux qui sont en dessous d’un certain nombre de cm du niveau de la mer doivent être rasés car appartenant au domaine public maritime naturel (DPM)", explique avec lassitude Georges Gauzargues, président de l'association des cabaniers du sablon. Une situation qui fait remonter en lui les souvenirs des premières démolitions survenues en 2004. "À l'époque, il y avait beaucoup de monde à Beauduc, il y avait même deux restaurants, se remémore-t-il. On était allé jusqu'en cassation puis on avait perdu...", raconte celui qui habite depuis 1959 dans un cabanon qu’il a hérité de ses parents.

Georges Gauzargues, président de l'association des cabaniers du sablon devant son cabanon. • Louise Gal

"On fait partie du cadre"

Si le sentiment d'injustice reste intact, la situation n'était pas tout à fait la même qu'aujourd'hui. "Tous les cabanons rasés étaient sur le DPM. Mais cette fois-ci, ils n'appartiennent pas au domaine public, les trois quarts sont sur une propriété privée des Salins du Midi et on nous dit maintenant qu’ils seraient en fait sur le DPM", s’insurge-il. Autre point de discorde, les habitants expliquent que la DDTM s’appuie sur un relevé très ancien. “Les cabanons ont changé, il y en a qui ont été remontés depuis. On a aussi fait une digue que chaque propriétaire a payé pour se protéger de l’eau l’hiver. Mais de toute façon, la mer recule maintenant”, s’agace Patrick, qui prend pour exemple le ponton du président de l’association. "Il prend le sable, Georges est obligé d’en rajouter un bout chaque année car il n’est plus dans l’eau…", assure l’homme d’une soixantaine d’années.

Contactée, la direction départementale des territoires et de la mer répond que ses services "ont relevé en 2024 des infractions au code de l'urbanisme concernant certaines constructions ou extensions récentes, dans cette zone protégée à plusieurs titres : directive territoriale d'aménagement, zone naturelle du plan local d'urbanisme et loi littoral. Ces constatations ont été transmises au parquet du tribunal judiciaire de Tarascon et font l'objet d'une enquête en cours. Cette procédure étant sous compétence du parquet, il n'appartient pas aux services de l'État d'intervenir avant qu'une décision judiciaire soit rendue."

Les cabanons sont équipés d'éoliennes ou de panneaux solaires pour avoir de l'électricité. • Louise Gal

En plus d’assurer avoir pris des précautions face à la question de la montée des eaux, les habitants estiment qu’ils participent à la protection des lieux. "On fait partie du cadre", martèle d’ailleurs Georges Gauzargues, qui rappelle que l’électricité est fabriquée grâce à des éoliennes ainsi que des panneaux solaires et que l’eau utilisée provient de récupérateurs d’eau de pluie. Seuls quelques cabanons sont encore habités à l’année, la plupart des propriétaires ne viennent que le week-end ou lors des vacances. Mais ils sont bien décidés à perpétuer leur mode de vie autant de temps que cela sera encore possible.

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