La plupart du temps, la gestion de l’eau diverge entre la droite et la gauche. À Nîmes métropole, depuis 2020, ce service a été confié à la société Veolia pour une durée de huit ans. Coût du m³ : 3,89 € avec l'assainissement. Lors du dernier conseil communautaire, le vice-président chargé de la compétence, Jean-Luc Chailan, a fait le bilan de l’année 2024. « Ça donne une image de notre délégation », introduit-il, citant une cascade de chiffres.
Le réseau compte 101 876 abonnés, 1 736 km de réseaux et 14 955 989 m³ d’eau potable consommés en 2024, soit 147 m³ par an et par abonné. Jean-Luc Chailan poursuit : « On constate une diminution du volume à notre avantage, soit moins 5,7 %. Ça nous permettra, plus tard, d’entrer plus facilement dans le plan Eau du gouvernement. » Aussi : le rendement s’est amélioré à hauteur de 74 %, soit une économie de 1,5 M de m³ d’eau. Côté investissement, « 18,7 km de réseaux ont été renouvelés, soit plus 4,7 km que l’an dernier. Un gros effort a été fourni ».
Pourquoi Veolia est-elle en déficit ?
Gros effort ? Pour l’élu d’opposition (Parti Radical), membre du groupe La Gauche unie, Bruno Ferrier, le compte n’y est pas. « Aujourd’hui, Veolia paie 300 000 € de pénalité parce que le taux de rendement n’est pas de 80 %. Moi, je ne me satisfais pas d’un taux à 74 % ! » D'ailleurs, pour le renouvellement des réseaux, « le taux de renouvellement est de 0,6 %. Dans 100 ans, on va devoir renouveler tous nos tuyaux ! Que laisse-t-on à nos enfants ? » Mais c'est toutefois sur la question du déficit de la société, « soit 3 M € et même, 6 M avec l’assainissement », que Bruno Ferrier est le plus dubitatif : « Comment est-ce possible qu’une société privée perde de l’argent ? Plusieurs points ne nous semblent pas en phase avec le contrat initial. »
Jean-Luc Chailan rebondit : « Oui, le délégataire est déficitaire, c'est vrai. On paie l'eau moins chère. Le prix de Nîmes métropole est 17 % en dessous de la moyenne nationale. » Bruno Ferrier réagit : « C’est reculer pour mieux sauter. À la fin du contrat, il faudra augmenter le prix de l’eau de 60 centimes. » « Ce sera plus 50 centimes », conclut le vice-président, « et là encore, on n’arrivera pas à la moyenne nationale. L’eau, c’est une course après l’augmentation et pas la diminution. » C’est dit.
Et aussi :
La DSP plébiscitée par la majorité. Au cours de ce même conseil, les élus optaient pour une gestion de l'eau réalisée par une société privée. « Nous étions obligés, c'était le rétroplanning », a répété Franck Proust, président LR. Ce choix n’a pas vraiment été du goût de l’opposition de gauche : « À six mois des élections, il eut été logique de laisse ce choix à la future majorité, lance Bruno Ferrier, le 10 juillet, lors de la présentation d'une étude, à charge contre la régie, nous avions convenu de nous revoir pour, au moins, en débattre... » Pour Jean-Luc Chailan, le choix d'un opérateur privé est plus performant : « Leur expertise est plus grande, ils ont des prix plus bas : lorsqu’ils doivent changer une pompe, ils paient 500 € là où nous, on paie 1 000 ! Et, en cas de problème, une société a été capable d’alimenter, en trois jours, 40 000 Nîmois en bouteille d’eau. Aurions-nous pu le faire ? »