Publié il y a 34 min - Mise à jour le 11.12.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 39 fois

FAIT DU SOIR Avec la décarbonatation, l’eau dure n’est plus une fatalité

Les élus du SMAEPS et la Saur ont présenté l'usine de décarbonatation mercredi soir

- Thierry Allard

Il y a un peu moins d’un mois, le Syndicat mixte des eaux du plateau de Signargues (SMAEPS), qui s’occupe de la distribution de l’eau potable de Rochefort-du-Gard, Saze, Domazan, Estézargues et Théziers, a démarré sa nouvelle usine de décarbonatation, installée sur son captage des Issards, aux Angles. Grâce à ce nouvel outil, les 13 000 habitants desservis par le Syndicat mixte ont désormais une eau adoucie au robinet.

On ne vous apprendra rien en vous disant que dans le Gard, l’eau du robinet est souvent calcaire. Une eau dure qui entartre les bouilloires, machines à laver ou encore systèmes de chauffage, mais pas seulement, puisqu’elle provoque aussi une surconsommation de détergents et une augmentation de la teneur en plomb et en cuivre de l’eau. Cette dureté de l’eau est quantifiée par un indicateur, le degré français, et jusqu’alors, l’eau du SMAEPS était « à 34, 35 degrés français, une eau très dure », rappelle le président du SMAEPS et maire de Domazan, Louis Donnet. Une caractéristique qui découle directement « de la nature du territoire, c’est un territoire calcaire, qui se retrouve dans les nappes », explique Sébastien Raynaud, responsable de territoire de la Saur pour le Gard.

Bref, sans intervention à la source, c’était à chaque usager d’installer, ou non, un adoucisseur d’eau chez lui. Alors dès la fin des années 2000, le Syndicat mixte a lancé une réflexion visant à décarbonater l’eau, et en 2019, la décision est prise d’inclure une usine de décarbonatation dans la future délégation de service public. « Nous avons opté pour le procédé proposé par Saur, une décarbonatation catalysée à la soude », précise Louis Donnet. Ainsi, de la soude et des microsables sont injectés, et « ce procédé permet de fixer les carbonates (le tartre et le calcaire, NDLR) autour des microsables », rajoute-t-il.

Le calcaire, késako ?

Il est composé de carbonate de calcium, aussi appelé tartre, et de carbonate de magnésium. Il n’a pas d’effet sur la santé.

Ce procédé est présenté comme plus écologique, puisque, contrairement aux méthodes les plus courantes, notamment chez les adoucisseurs particuliers, il n’engendre pas de production de saumures à retraiter. Le seul résidu est composé de ces microsables chargés en carbonates qui ne sont pas polluants, « un déchet valorisé localement comme remblai de tranchées », précise Sébastien Raynaud. Le nouveau système a été installé en amont de la filtration déjà existante du fer et du manganèse, « ce qui permet d’alléger ce travail de filtration, nous devrions donc gagner sur le fonctionnement », glisse Louis Donnet.

Les microsables se chargent en carbonates tout au long du processus. À droite, les microsables à l'état initial • Thierry Allard

« Pas un luxe »

Et c’est ainsi que « nous avons désormais de l’eau adoucie au robinet, autour de 16 degrés français, alors que l’objectif était d’être à 18 à 20 degrés français », affirme Louis Donnet. Une dureté désormais considérée comme idéale, une eau trop peu dure devenant agressive, notamment pour les canalisations, et non-potable. Cette eau décarbonatée, outre qu’elle ne va plus abîmer les appareils et les tuyaux, a aussi un meilleur goût. « Ça va permettre d’éviter les adoucisseurs particuliers », avance la maire d’Estézargues Martine Laguérie.

Reste que le projet a été long et coûteux. « Nous avons deux ans de retard, dus à des difficultés sur le volet administratif, avec un premier permis de construire retoqué », explique le président du SMAEPS. Les travaux ont finalement pu démarrer à l’automne 2024, et se sont achevés un peu plus d’un an plus tard, pour une mise en service le 12 novembre dernier. En tout, l’usine a coûté 1,8 million d’euros dans le cadre de la délégation de service public avec Saur, dont 1,2 million pour le SMAEPS, financés par l’emprunt.

Financés également par une hausse du prix de l’eau « depuis 2020 pour anticiper le coût de construction et d’exploitation de l’usine », dit Louis Donnet, d’une trentaine de centimes au mètre cube pour la part du délégataire et de 15 centimes au mètre cube pour la part syndicale. De ce fait, l’eau est plus chère ici qu’aux alentours, bien plus qu’à Avignon, par exemple.

« Nous sommes les plus chers, oui, reconnaît le vice-président du SMAEPS Patrick Sandevoir, par ailleurs vice-président du Grand Avignon chargé de l’eau. C’est parce que nous devons traiter notre eau pour le manganèse et le fer, alors qu’Avignon, par exemple, n’en a pas. Et désormais, nous rajoutons la décarbonatation. » Alors l’eau est plus chère, mais « pour nos usagers ce n’est pas un luxe », affirme Louis Donnet, qui indique que « le surcoût engendré couvre très largement le coût de l’entretien d’un adoucisseur particulier. »

Reste désormais un dernier chantier dans les tuyaux pour 2026 : desservir Théziers avec cette eau moins dure, la commune n’étant actuellement pas connectée au captage des Issards. « Nous avons prévu de construire un nouveau réservoir à Aramon, ce qui permettra d’envoyer l’eau depuis Saze », précise Louis Donnet.

Quelques chiffres

Selon les estimations, une eau adoucie permet de réduire jusqu’à 30 % la consommation énergétique des appareils chauffants, d’économiser jusqu’à 50 % sur les produits d’entretien et de prolonger la durée de vie des appareils électroménagers de 5 à 10 ans.

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