GARD Collecte des déchets : le SMICTOM lance un « ultimatum », le prestataire vient se justifier
Depuis le 1er janvier et l’arrivée d’un nouveau prestataire pour la collecte des déchets sur la partie gardoise du Grand Avignon et une partie de la Communauté de communes du Pont du Gard, soit 11 communes et près de 50 000 habitants, les couacs se multiplient. Hier soir, le SMICTOM Rhône-Garrigues donnait une conférence de presse à Villeneuve à laquelle le patron du prestataire, la société Éco Déchets, était présent.
« Vous vous doutiez que ce soir, ce ne serait pas une partie de plaisir », lancera le maire de Saze Yvan Bourelly au président d’Éco Déchets Thierry Bory lors d’échanges tendus avec les maires du territoire du SMICTOM. C’est un euphémisme : le patron du prestataire a passé un début de soirée difficile au siège du syndicat.
Il faut dire que la situation l’est aussi, difficile, sur le territoire et dans les bureaux du SMICTOM. Après avoir présenté ses excuses aux habitants et aux élus, le président du SMICTOM François Zanirato évoquera les équipes du syndicat, dont « vous ne pouvez pas imaginer ce qu’elles ont pris. » Pour quantifier l’ampleur du mécontentement, sachez que le SMICTOM a mis en place un centre d’appels, passé d’une quarantaine à plus de 500 appels par jour, et « une ou deux fois, le standard a sauté » face à la quantité d’appels, précise le maire de Domazan et vice-président du SMICTOM Louis Donnet.
Un « point zéro » cette semaine
Bref, les élus en avaient gros sur la patate au moment de recevoir le président d’Éco Déchets, qui a repris un marché à 3 millions d’euros annuels sur six ans rien que pour la partie gardoise, rappelons-le. Un prestataire choisi après un appel d’offres pour gérer la collecte sur le SMICTOM et une partie du Grand Avignon vauclusien, un marché attribué en juillet dernier. Et « ce n’était pas un appel d’offres au rabais, il était dans les prix objectifs du marché », souligne François Zanirato. Sauf que pour l’instant, force est de constater que les prestations n’ont pas été au rendez-vous depuis un mois. Le pire étant, de l’avis général, à Pujaut et Rochefort-du-Gard, où certaines rues n’ont pas été ramassées depuis… le 24 décembre !
La raison : « pas assez de véhicules, pas assez de personnel, des tournées pas prêtes, la géolocalisation inexistante, des équipages laissés à l’abandon », tonne François Zanirato, qui rappelle que pourtant « Éco Déchets avait le temps de se préparer. » Devant la colère du Grand Avignon et du SMICTOM, le prestataire a été sommé de rectifier le tir, « mais l’évolution est lente et le niveau de service pas du tout satisfaisant », tranche le président du SMICTOM. Désormais, il lance un « ultimatum au 1er février », c’est-à-dire aujourd’hui. L’objectif étant de « faire un point zéro cette semaine, en réussissant à collecter la totalité des habitants aux jours précisés dans le calendrier fixé », avance-t-il. Et à ce jour, « on constate du mieux », même si tout n’est pas parfait, loin de là.
On en est donc là. Après avoir présenté ses excuses, le président d’Éco Déchets a annoncé que la collecte allait rentrer « dans une certaine forme de normalité » et a déroulé une série de raisons pour expliquer ce début d’année difficile : un « souci de livraison avec certains camions, et d’autres pas au gabarit qu’on avait commandé », le fait que « le prestataire précédent (Véolia, ndlr) n’avait pas collecté certaines tonnes de déchets sans nous informer, ce qui fait qu’on se retrouve à courir après ces tonnages, même si nous avons mis trop de temps à réagir », ou encore « une modification des secteurs qui a modifié la compréhension des collectes par le personnel ». Le tout sachant que les tablettes GPS n’étaient pas livrées dans l’ensemble des camions, elles le seront ce samedi, promet Éco Déchets, la faute à « un retard à l’allumage sur la livraison des camions, qui a décalé l’installation des tablettes », précise Maxime Dessenoix, le directeur de la performance d’Éco Déchets.
Le courroux des élus
Donc le prestataire est revenu aux anciens secteurs de collecte et met en place « 30 % » de collectes en plus « pour revenir à une situation normale très rapidement. » François Zanirato lui lancera tout même qu’il était « surpris de l’impréparation » du prestataire et ira jusqu’à dire qu’il s’était « fait avoir » et que le chemin pour regagner sa confiance serait long. Et coûteux : « les communes ont engagé beaucoup de frais pour ramasser à côté des bacs, je me suis engagé à leur rembourser ces frais, et ces frais, je vous les présenterai », lancera le président du SMICTOM à celui d’Éco Déchets, qui ne bronchera pas. Et François Zanirato de lui dire aussi qu’il lui appliquerait toutes les pénalités prévues dans le contrat, au passage.
Thierry Bory n’en avait pour autant pas fini avec le courroux des élus, celui de la maire de Pujaut Sandrine Soulier au premier chef, celui plus froid du maire de Rochefort Rémy Bachevalier, celui de la maire de Villeneuve Pascale Bories, « abasourdie » par les propos de son homophone lorsqu’il affirmait avoir fait preuve « de transparence depuis le début », provoquant un tollé dans la salle, sous les yeux d’autres maires, notamment venus des Angles ou d’Aramon, plus discrets mais tout aussi remontés. Remontés aussi quand Thierry Bory leur expliquera qu’en pareille situation, comprendre la reprise d’un marché tenu auparavant par trois entreprises (Véolia pour le SMICTOM, Nicollin pour Le Pontet et Suez pour le reste de la partie vauclusienne concernée du Grand Avignon), il fallait « généralement quatre à dix semaines pour arriver à quelque chose de cohérent, mais on n’attendra pas dix semaines. »
Voilà donc le prestataire face à un ultimatum. Sinon quoi ? Certains aimeraient voir le marché dénoncé. « C’est extrêmement difficile », tempère François Zanirato, qui a toutefois évoqué les différentes éventualités avec le Grand Avignon, dont celle-ci. La tendance est toutefois à conserver Éco Déchets. La raison est simple : dénoncer le marché coûterait cher, et en passer un nouveau encore plus, sachant que, l’été dernier, Véolia était déjà « plus cher de l’ordre de 30 % », dit François Zanirato.
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