Publié il y a 1 an - Mise à jour le 03.02.2023 - Thierry Allard - 2 min  - vu 1712 fois

LES ANGLES Le coup de gueule d’un producteur de chanvre local : « Laissez-nous travailler ! »

Hugo Camusso dans une serre de l'exploitation

- Photo : French Bio Farmers

L’Anglois Hugo Camusso, à la tête de l’entreprise Le Bonnet Français, s’est lancé il y a un peu moins d’un an dans la production de chanvre local pour confectionner des produits contenant du CBD et du CBG, des molécules qu’on trouve dans le cannabis, mais à effet non psychotrope.

Ainsi, sous la marque French Bio Farmers, il propose une gamme issue de « huit variétés de chanvre à actifs CBD et CBG produits en permaculture dans le Vaucluse à Sarrians », des fleurs brutes aux infusions en passant par des bougies ou encore du sel rose au chanvre. Associé avec le propriétaire des terres, il se considère sur ce volet de son activité comme « un agriculteur, je passe beaucoup de temps dans les champs à enlever les chenilles à la main, à mettre de l’engrais organique, à récolter. » Du reste, entre les vols, les chenilles et les sangliers, il a subi des calamités bien connues des agriculteurs cette saison.

Seulement voilà, son activité n’est pas tout à fait comme les autres. Ainsi, le Gouvernement a tenté de l’interdire fin 2021, avant d’être contredit par le Conseil constitutionnel il y a quelques mois. De quoi en (re)faire un produit légal, vendu par de nombreux magasins ayant pignon sur rue. « Aujourd’hui, nous sommes plus de 1 000 producteurs en France », affirme Hugo Camusso, en montrant le résultat des analyses en laboratoire qu’il doit faire faire à chaque récolte et pour chaque nouveau produit.

L'entreprise cultuve ses plantes dans le Vaucluse • Photo : French Bio Farmers

Pour autant, si le CBD est légal, « depuis le début, à tous les niveaux on nous a mis des bâtons dans les roues », souffle l’entrepreneur gardois. Le dernier en date vient de sa banque, pourtant rompue aux affaires agricoles. « Au bout de onze moins alors que tout se passait bien, nous avons eu un changement de conseiller et on nous a informé que nous allions devoir fermer notre compte, raconte-t-il. J’ai appelé plusieurs autres banques, qui nous ont dit non aussi. Je ne vois pas pourquoi les banques sont dans cet état d’esprit alors que notre activité est légale. » Alors que le couperet se rapproche, Hugo Camusso s’est résolu à faire appel à la Banque de France pour qu’elle lui attribue une banque au nom du droit au compte bancaire. Et il l’affirme, il n’est pas le seul dans ce cas parmi les producteurs de CBD.

Car si cette activité est légale en France, ce n’est pas grâce au Gouvernement mais à la législation européenne. « Aujourd’hui le taux de THC (le cannabinoïde à effet psychotrope, ndlr) est limité à 0,3, alors qu’en Suisse par exemple il est de 1, le modèle français est limité », affirme-t-il. La conséquence de ces restrictions françaises est, explique-t-il, le fait que « les magasins qui se fournissent en Italie et en Suisse ont des fleurs qui passent par des systèmes pour baisser le THC. Ces processus font que le produit perd en qualité et ne sent plus rien, donc ils rajoutent des produits de synthèse. »

Bref, ce marché encore nouveau n’est pas un long fleuve tranquille. « Laissez-nous travailler et demandez à ceux qui savent », lance Hugo Camusso à destination des autorités, en espérant être entendu.

Pour aller plus loin

Un article de L’INSERM sur le sujet des vertus thérapeutiques du CBD, à lire ici.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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