Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.06.2023 - Propos recueillis par Thierry Allard - 4 min  - vu 7665 fois

L’INTERVIEW Sheila, en concert cet été à Bagnols : « Je ne fais pas un spectacle de croulant »

Sheila sera à Bagnols cet été

- Darius Salimi

Sheila sera sur la scène du théâtre de verdure du Mont-Cotton, à Bagnols, le 19 août, dans le cadre des Cèz’Tivales. Une étape de sa tournée anniversaire, à l’occasion de ses soixante ans de carrière.

À 77 ans, après 27 albums et 70 millions d’albums vendus, Sheila ne compte pas lever le pied et continue de tisser « la relation très particulière » entamée il y a donc six décennies avec son public et répond sans langue de bois à nos questions. Interview.

Objectif Gard : Vous célébrez vos soixante ans de carrière. Quel est votre secret ?

Sheila : J’ai des bons gènes, mes parents m’ont doté d’une bonne santé, ça commence comme ça. J’aime ce que je fais, je n’ai pas une sensation de travail, pourtant je me prépare physiquement et vocalement, ça me demande beaucoup d’énergie mais tant que j’y prendrai mon plaisir, que ma santé me le permet et que je verrai des gens heureux je continuerai. Je fais du spectacle, je chante, je danse, je suis avec un groupe de rock, je ne suis pas plan-plan, ce n’est pas piano-voix, quoi.

Est-ce que le secret de votre longévité n’est-il pas aussi d’avoir su vous réinventer ? Vous avez commencé dans le yéyé, la variété, puis le disco…

Le secret c’est de ne pas douter, et d’essayer. Si on se trompe, on se trompe. Dans ma vie j’ai fait tellement de choses, mais j’ai toujours pris le risque, la vie c’est un risque permanent. Et on est dans un métier où il faut prendre des risques. J’ai horreur de la routine, je m’enquiquine très rapidement, donc j’ai besoin que ça bouge. J’ai tenté, j’ai quitté la France, j’ai quitté Carrère (Claude Carrère, son producteur pendant longtemps, NDLR), j’ai fait plein de trucs, travaillé avec des gens que je ne connaissais pas à l’étranger, j’ai essayé. Et ça a marché ou ça a moins bien marché, mais ce n’est pas grave, j’ai vécu ma vie. Le but c’est de vivre sa vie à 200 %.

Vous parliez de votre départ à l’étranger. Il y a une grosse prise de risque à ce moment là, quand vous vous orientez vers le disco, en anglais, avec votre carrière qui s’ouvre à l’international. Vous arrive-t-il de penser à ce qu’aurait été votre carrière si vous n’aviez pas pris ce virage-là ?

Non parce que je l’aurais pris. Si ça n’avait pas été ça, ça aurait été autre chose, mais j’aurais fait quelque chose, je ne me regarde pas le nombril, je n’ai pas le temps. Même aujourd’hui, je ne regarde pas derrière, je regarde devant. J’ai toujours été comme ça, j’ai envie de tenter des choses, de voir des gens, j’aime apprendre, partager. Quand j’ai enregistré en Californie avec Keith Olsen, sur l’album « Venue d’ailleurs », j’ai travaillé avec le chanteur de Chicago, le chanteur de Santana, ils sont venus faire des choeurs. Ces mecs-là, qui m’aurait dit un jour que je les aurais rencontré ? Personne, mais j’ai passé des moments magnifiques. Il n’y a pas d’interdit, les interdits c’est nous qui nous les créons. Après, je ne vous dis pas que c’est facile, parce qu’on peut très bien se planter. Mais si tu n’essaies pas, tu ne sauras jamais si tu peux le faire ou pas. Moi je veux savoir si je peux le faire.

Ces soixante ans de carrière, vous les fêtez avec une tournée. À quoi faut-il s’attendre sur la scène de Bagnols le 19 août ?

Je serai avec le groupe H-Taag, donc ça va être du rock. Faut oublier Sheila aux couettes, ça c’est mort depuis longtemps, ce qui ne veut pas dire que je ne chanterai pas les chansons de l’époque, mais elles seront faites au goût du jour. Vous allez voir un spectacle d’aujourd’hui, même si je chante « Bang-bang » ou « Les Rois mages », ça n’aura rien à voir avec ce que vous connaissez de ces chansons là. Mais par contre tout le monde peut les chanter, parce que les chansons ne changent pas, ce qu’il y a autour change, c’est ce qui fait la différence. Sinon j’aurais arrêté, je ne peux pas refaire aujourd’hui la version originale des « Rois mages », sinon je me suicide. Sans déconner ! Après ça ne veut pas dire que la chanson n’est pas un tube, mais la musique évolue, les sons évoluent, et moi pour que je prenne du plaisir, faut que ça change. J’ai la chance avec le groupe H-Taag d’avoir des gens qui m’amènent leur créativité, un côté rock. Je fais un spectacle d’aujourd’hui, pas un spectacle de croulant. Si vous venez pour être assis sur votre chaise, faut pas venir ! Moi c’est debout ! Je suis ravie de retrouver les gens, on va faire une jolie fête. Toutes générations confondues.

Et le public est toujours là, vous remplissez des salles, encore à Paris dernièrement. Qu’avez-vous envie de lui dire à ce public ?

Que sans eux je ne suis pas là, c’est la vérité. Soixante ans c’est une vie. On a grandi ensemble, je fais partie de la vie. Mes chansons, et j’ai beaucoup de tubes, sont liées à un mariage, une naissance, ma musique est liée à une période de leur vie. Quand je fais des dédicaces, je vois des gens qui tombent en larmes, car leur vie remonte. Ça leur rappelle trop de souvenirs, trop de choses. Je suis la copine, mais aussi la cousine, je pourrais être la grande soeur. C’est pas juste des chansons, c’est au-delà de ça. On a une relation très particulière, et je remercie le ciel de m’accorder cette relation-là avec les gens.

Et la suite ? Quels sont vos projets ?

Je prépare un nouvel album, j’ai plein de dates, en 2024 ça continue, et j’ai d’autres projets dont je ne vous parlerai pas. Les projets c’est ce qui me tient debout, de me dire qu’est-ce que je vais faire demain.

Donc pas question de parler de retraite ?

Je ne connais pas ce mot-là. Pour moi retraite égale cimetière, ou deuxième vie. On arrive au bout, on a fait un premier passage, on sort avec les honneurs, on est major, pas senior. Et à ce moment-là, on choisit une deuxième vie. Ce n’est pas une fin en soi, la fin c’est le cimetière. Si vous regardez les choses comme ça, la vision des choses changent. Le temps c’est les autres qui vous le donnent, il n’a pas de prise. Je ne donnerais ma place pour rien au monde.

Sheila, le 19 août à 21h30 au théâtre de verdure du Mont-Cotton de Bagnols. Tarif : 15 euros (hors frais de billetterie). Billetterie ici.

Propos recueillis par Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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