MARCOULE Le spécialiste de la gestion des risques, Patrick Lagadec : « il faut s’entraîner à faire face à l’imprévisible »
La Commission locale d’information de Marcoule-Gard tenait sa réunion publique annuelle ce mardi soir à la salle Louis-Chinieu de Chusclan. Pour l’occasion, elle a invité le chercheur et spécialiste de la gestion des risques, Patrick Lagadec, pour une masterclass.
La gestion des risques sur un site nucléaire comme Marcoule n’est pas un petit sujet. Si des protocoles existent, comme le Plan particulier d’intervention, et des exercices sont régulièrement conduits pour les éprouver, comme en fin d’année dernière, la gestion de crise peut dépasser les plans préétablis.
C’est le message que Patrick Lagadec est venu porter ce mardi soir : « Il faut voir ce qui est hors cadre », comprendre ce qui n’avait pas été envisagé, et encore moins prévu. À travers une liste d’exemples, de l’explosion d’AZF à Toulouse en 2001 à l’ouragan Katrina, le chercheur a évoqué ces situations où « on va être en dehors de toutes les réponses prévues, c’est là que tout commence. » Car « la crise ne respecte pas les plans », surtout dans le nucléaire où « il y a un risque de cristallisation flash. »
Voilà pour le constat, un chouïa anxiogène. Pour les solutions, Patrick Lagadec recommande, pour « naviguer en environnement chaotique », comme il dit, de « traiter l’hémorragie, prendre du recul, endosser les questions, savoir interroger l’expertise, dessiner les futurs, poser des jalons et retisser la confiance. » Le tout accompagné de ce qu’il appelle « une force de réflexion rapide, afin d’identifier tout ce qui pourrait mettre l’édifice en mode échec », et voir ce qui n’aurait pas été vu. Et ce avec « écoute et modestie, personne n’a la solution tout seul. » Il sera rejoint plus tard par le directeur du CEA Marcoule, Michel Bedoucha, qui a déjà eu à gérer des crises et qui considère qu’il y a « une peste dans la crise, l’ego », et qu’il faut, en temps de crise, établir une hiérarchie ad hoc, plus opérationnelle et différente de l’habituelle.
Plus globalement, Patrick Lagadec conclura avec quelques préconisations : « Il ne faut pas prévoir l’imprévisible, mais s’entraîner à y faire face », ça passe par « s’entraîner à être surpris » et savoir « être créatif dans l’inconnu. » Et ne pas se priver de « consulter » et même de « faire participer » les citoyens à cet effort pour mieux anticiper les crises qui pourraient advenir, et ainsi cultiver cette fameuse culture du risque. Autant de conseils sur lesquels le président de la CLI, le maire de Tresques et conseiller départemental Alexandre Pissas, a promis de « méditer. » Ça peut servir.
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