VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Sorriso peint pour porter la voix de femmes victimes de violences

Avec le sourire, Sorisso donne la parole à des femmes en souffrance.
- Erwan RobertUne artiste-peintre a exposé 16 oeuvres dans un restaurant de Villeneuve-Lès-Avignon. Son objectif ? Que la peur change de camp, que les femmes victimes de violences physiques et morales osent se défendre, parler, partir.
La peinture, c'est l'arme fatale de Sorriso, pour prévenir et guérir des actes de violences envers les femmes. Cette artiste-peintre, originaire des Yvelines, a trouvé son arbre de paix à Villeneuve-lès-Avignon. Fière de pouvoir s'exprimer, elle ne souhaite pas pour autant entrer dans une case. « Je ne suis pas une activiste », confirme-t-elle. Engagée non, porte-parole certainement, pour celles qui subissent des coups, sans pouvoir riposter ni fuir, pour celles qui subissent des injures, en restant muettes. Le symbole de la femme inspire Marie, de son vrai nom, lorsqu'elle prend son pinceau pour créer : « La femme me touche. Plus jeune, j'étais très masculine. Je cachais mes formes, il ne fallait rien montrer. C'est un hommage à toutes ces femmes qui sont dans le silence. C'est un soutien à ma meilleure amie qui a été battue. Cela a été dur, c'est une cicatrice ouverte, mais elle s'en est sortie. »
« Jusqu'au jour, où j'ai décidé de partir, d'être libre »
Son histoire personnelle a aussi forgé l'artiste, déterminée à laisser une trace indélébile, pour changer les mentalités : « J'ai subi des remarques déplacées d'un homme. Pendant quatre ans, j'obéissais. Jusqu'au jour, où j'ai décidé de partir, d'être libre. Tout en nuançant son discours : « Mon but n'est pas de mettre tous les hommes dans le même panier. Aujourd'hui, je suis épanouie en amour. » Jeudi 6 juin au soir, c'était le vernissage de son exposition "Sorriso" composée de 16 œuvres. Pendant un mois, toutes ses peintures seront visibles dans le restaurant l'Aubergine, en accord avec la responsable des lieux.
Le corps de femmes abîmées sur les toiles
Le titre des œuvres a de quoi interpeller les visiteurs, comme "Encore". Sur cette toile, elle a "laqué l'embout de sa chaussure pour faire ressortir le cœur de la femme". Près de l'entrée, un autre thème est abordé, avec la représentation de la "La prostitution gratuite". Émue, la restauratrice de métier, raconte les contours de cette conception : « La femme ici est sombre, elle est camouflée, comme si elle n'était plus vivante. Le corps est donné sans demander son avis. Plus l'homme abuse d'elle, plus elle s'efface. »
Pour que cette soirée reste dans sa mémoire, ainsi que celle de tous ses proches et invités, Sorriso a embrasé le buste d'une mannequin, portant un t-shirt rouge avec le slogan : "#MeToo Fovever". Devant la façade du restaurant villeneuvois, l'artiste a prononcé avec fermeté cette sentence : « Voilà ce qui arrive aux femmes, et c'est une de trop. »
L'Art permet d'éveiller les consciences : « Faites-vous confiance, prenez cette force en vous et fuyez », conseille-t-elle. Un message humaniste qui résonnera dans le cœur de femmes villeneuvoises et gardoises qui se reconnaîtront et survivront.