BEAUCAIRE Conseil municipal : le terrain du futur Ehpad au centre des débats

Le maire de Beaucaire, ce mardi 22 juillet en conseil municipal.
- S.MaLe projet de nouvel établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) revient une nouvelle fois sur le devant de la scène politique, à l’occasion du conseil municipal de Beaucaire qui s'est tenu ce mardi 22 juillet.
Les Hôpitaux des Portes de Camargue (HPC) prévoient la construction d'un nouvel établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Beaucaire, et ainsi d'y regrouper le personnel et les 160 lits actuellement répartis à "L'Oustau" et "Gaston-Doumergue". "Ces établissements, bien que gérés avec professionnalisme et dévouement par des équipes engagées, présentent un état de dégradation structurelle et fonctionnelle important [...] avec des installations techniques extrêmement défaillantes et des conditions d'accueil qui ne répondent plus ni aux normes actuelles, ni aux besoins des résidents", peut-on lire dans la délibération du conseil municipal de ce mardi 22 juillet. Une délibération portant sur un engagement de cession de foncier aux HPC.
Revenons d'abord sur ce dossier estimé à 28 M€. En complément du financement direct des HPC (emprunt et autofinancement), des subventions ont été sollicitées, notamment celle du Conseil départemental du Gard. Celui-ci a effectivement notifié par mail, au porteur de projet, avoir voté une autorisation de paiement d’un montant de 9,3 millions d’euros, avant de s’engager dans le courant de l'été 2024, à participer à hauteur de 7,2 millions d’euros. Ce qui n'avait pas échappé au maire de Beaucaire, Nelson Chaudon, co-signataire avec le député de la 1re circonscription du Gard, Yoann Gillet, et la conseillère départementale, Élisabeth Mondet, d'un communiqué dans lequel ils dénonçaient "un désengagement [qui] risque d'enterrer le projet."
>> À relire : FAIT DU JOUR. Le Département se désengage-t-il vraiment ?
Dans un précédent article, Christophe Serre, vice-président du conseil départemental du Gard, délégué à l’Autonomie des personnes âgées et handicapées, expliquait la raison de cette révision après réception de la demande officielle de subvention, indiquant que ce montant de 7,2 millions d’euros "correspond au plafond de 45 000 euros par lit, fixé dans une doctrine départementale votée par l’Assemblée départementale à l’unanimité de tous les conseillers." L'Agence régionale de santé Occitanie s'est quant à elle engagée par courrier du 18 mars dernier à accorder un financement de 5,6 M€, après plusieurs étapes qui avaient d'ailleurs conduit le premier édile beaucairois et le député Yoann Gillet jusqu'au ministère de la Cohésion sociale. "Il reste encore 2 M€ à trouver", souffle ce mardi, Nelson Chaudon.
Une cession du foncier à l'euro symbolique, si...
Qu'en est-il du terrain, des parcelles d'une superficie d'un peu plus de 8 000 m² situées avenue de la Croix Blanche, à l'endroit où se trouve l'ancien centre des impôts, qui sera détruit par ailleurs ? "Ils disent qu’ils se soucient des personnes âgées. Mais ils se soucient tellement bien de leur bien-être que la commune de Beaucaire souhaite vendre le terrain pour un montant de 1,8 M€ aux Hôpitaux des Portes de Camargue", avait contre-attaqué Christophe Serre en septembre dernier, citant l’exemple de Quissac, qui venait de faire don d’un terrain pour la construction de son Ehpad.
Suite au conseil de surveillance du 6 mai 2025, la municipalité beaucairoise a revu sa copie. Il faut dire qu'il y avait un peu urgence. Selon nos informations, la direction des HPC a été approchée par plusieurs élus, notamment de Bellegarde et Jonquières-Saint-Vincent, lesquels lui ont proposé d’implanter son projet sur leur commune pour un euro symbolique. Proposition sur laquelle la Ville de Beaucaire s'est alignée, non sans conditions.
C'est-à-dire que cet engagement vaut "en cas de refus de subventionnement de la part de la Région Occitanie et de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence", sollicitées à hauteur de 500 000 € chacune. Dans le cas contraire, les montants de subventions "définiront le prix de cession de ce foncier". La mairie a rendez-vous ce mardi après-midi avec la Région à ce sujet.
Pourquoi imposer de telles conditions et ne pas directement enclencher la cession à l'euro symbolique ? "C'est un terrain estimé à 2 M€, répond le maire Nelson Chaudon. J'ai la possibilité de le garder, de le céder à un gros investisseur qui sera prêt à en payer le juste prix ou aux Hôpitaux des Portes de Camargue. J'ai beaucoup de projets pour la ville, les Ehpad ne sont pas de la responsabilité de la commune de Beaucaire, mais du Département, qui peut être accompagné par la Région et la Communauté de communes. L'objectif est de faire tout le nécessaire pour que les HPC – premier entrepreneur de la ville – restent à Beaucaire, mais en ménageant aussi les finances de la Ville."
Dans les deux cas précités, les Hôpitaux des Portes de Camargue devront en contrepartie s'engager à démarrer les travaux dans un délai de trois ans à compter de la signature de l'acte, à maintenir le nombre de postes actuels avec pour objectif la création d'emplois, de même que pour le nombre de lits. Mais aussi à maintenir une activité gérontologique sur site pour une durée minimale de 30 ans, sous peine d'une indemnité équivalente à la valeur du terrain. Les Hôpitaux des Portes de Camargue sont soumis à une interdiction de revente ou de changement de destination du terrain sans accord préalable, ainsi qu'à une clause résolutoire en cas de non-réalisation du projet dans le délai imparti.
Le petit bois va-t-il disparaître ?
Lors du conseil municipal de ce mardi, Luc Perrin et Pascale Noailles-Duplissy ont reconnu "la nécessité et l'urgence de remplacer les deux Ehpad", mais... Les élus d'opposition Unis pour Beaucaire (UPB) s'inquiètent - comme Jean-François Milesi, secrétaire de la section de Beaucaire du PCF, l'avait déjà évoqué sur Objectif Gard - de voir disparaître le petit bois inclus dans les parcelles retenues pour ce projet dont "nous n'avons aucun plan". "Comment voulez-vous que l'on prenne une décision éclairée sans avoir tous les éléments ?", se sont-ils plaints. "Loin de nous l'idée de nous opposer à un tel projet d'intérêt général, a martelé l'élue UPB. Il y a urgence oui, mais j'ose espérer qu'il n'y a pas eu de précipitation dans ce choix du lieu."
"C'est un espace vert, important pour le quartier, je ne peux accepter cette destruction", a poursuivi Luc Perrin, seul et unique argument justifiant son intention de vote contre ce projet. Le maire a modéré le propos, conseillant au conseiller municipal d'opposition de se contenter de s'abstenir : "On est loin de détruire le petit bois. Mais si on en arrive à devoir couper trois arbres pour réussir à garder ce projet sur Beaucaire, je suis prêt à en endosser la responsabilité. Faire de la politique, c'est parfois faire des choix, je vous expose le mien en mon âme et conscience." Résultat du vote : quatre abstentions des élus Unis pour Beaucaire, une autre de Charles Ménard (par procuration).
Mais aussi...
Lors de ce conseil municipal, les élus ont voté à l'unanimité l'attribution de subventions à diverses associations dans le cadre de la politique de la Ville, pour un montant total de 27 000 €. Tous se sont également entendus sur la création du prix du "Meilleur tourneur" de la Palme d'Or lors de la saison 2026 des courses camarguaises. Enfin, en réponse à une interpellation de Luc Perrin, au sujet du "retard de renouvellement des canalisations d'eau", le maire a indiqué que "cette année, on a avancé sur le schéma directeur des eaux, ce qui va nous permettre d'avoir une politique pluriannuelle d'investissement à ce sujet et surtout de pouvoir obtenir 50% de subventionnement sur les travaux."