C’est un sujet tabou chez les agriculteurs. Toutefois, les études le montrent : le risque de suicide au sein de leur profession est 30 % supérieur à celui des autres catégories professionnelles. Selon le dernier décompte publié par la MSA (Mutualité sociale agricole), repris par France Info, 529 agriculteurs se sont donnés la mort en 2016, soit environ 1,5 par jour. Ce mardi, en marge d’un déplacement de la députée européenne sur la politique agricole, le responsable de la FDSEA, David Sève, a fait une triste annonce : « Depuis le début de l’année, trois agriculteurs se sont suicidés. » Une preuve, s’il en fallait encore une, du profond désarroi que vivent plusieurs exploitants sur fond de crise agricole. 

« Le taux de suicide moyen en France est d’un pour 15 000. Chez nous, c’est un pour 1 300 ! Il faut voir les coups de téléphone que je reçois… Dans ma fonction de syndicaliste, c’est le plus difficile à supporter », poursuit-il. Un dispositif, nommé « RÉAGIR », a été réactivé par la Chambre d’agriculture du Gard, en lien avec la MSA. « Nous avons une cellule spéciale. Nous faisons un état des lieux avec des conseillers pour évaluer les marges de manœuvre économiques. L’accompagnement psychologique est aussi assuré par la MSA. » Problème : pour aider les personnes en difficulté, encore faut-il les identifier…

« Parfois, on voit des collègues pour qui tout semble aller bien et, quand ça arrive, on tombe des nues… », raconte Benoit Dupret, du Domaine du Vistre. « Un agriculteur qui prend la suite de l’histoire familiale ressent une forme de responsabilité, quoiqu'on en dise… » Conseillère régionale de l’Hérault, présente lors du déplacement de la députée européenne, Myriam Gairaud lance, avec émotion : « Les agriculteurs ne se suicident pas pour le plaisir… Moi, j’ai trois copains qui se sont déjà suicidés. Ce n’est pas parce qu’ils avaient divorcé ! C’est un scandale d’État ! »

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