Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 21.12.2023 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 3 min  - vu 928 fois

L'INTERVIEW Pierre Prat (CCPG) : "De deux pauvres, on ne fait pas un riche et des deux pauvres, nous sommes le plus riche"

Pierre Prat, président de la communauté de communes du Pont du Gard. 

- Stéphanie Marin

L'année 2023 s'achève, dans un contexte très tendu dans les rangs de la communauté de communes du Pont du Gard (CCPG). Le ton incisif employé dans les échanges entre la majorité et l'opposition lors du dernier conseil communautaire, au sujet de la dotation solidaire, en est un exemple. Quelques minutes avant ce conseil, Pierre Prat, président de la CCPG, répondait aux questions d'Objectif Gard. Interview.

Objectif Gard : 2024 arrive à grands pas. Quels seront les projets structurants ?

Pierre Prat : Nous sommes dans la lancée de notre mandat. Donc les principaux projets que nous poursuivons sont l'extension de la zone industrielle de Domazan, les deux pôles échanges multimodaux d'Aramon et de Remoulins, des études sur les communes de Meynes, Montfrin, Aramon et Remoulins pour implanter des zones artisanales. Et puis, il y a ce projet de création d'une cuisine centrale que nous lançons mais qui, je pense, sera fait lors du prochain mandat. On travaille pour que ce soit fait sur Meynes.

Parmi ces projets, y aura-t-il des travaux lancés cette année ?

Le temps des études est si long que, je ne sais pas si on pourra démarrer les travaux en 2024. On fait tout pour, mais je ne pense pas. En tout cas en 2025, oui, tout aura démarré et sera terminé. À mi-mandat, nous sommes dans la feuille de route prévue.

Concernant l'aspect financier, comment envisagez-vous 2024 après une année fortement marquée par l'inflation ?

La CCPG a l'avantage d'avoir une trésorerie très importante - au 31 décembre 2022, la trésorerie de la CCPG s'élevait à 12,7 M€, NDLR - donc on peut absorber tout le surcoût, notamment en matière de fonctionnement. Pour 2023, cela représente un peu plus de 100 000 €. On s'attend à la même chose pour 2024. Après c'est toujours difficile de faire des prévisions, on ne sait jamais ce qui peut nous tomber sur la tête. 

Cette trésorerie relève d'un choix politique assumé...

Un choix qui, vous le voyez, nous permet d'être à l'aise en ces temps difficiles. Ça prouve qu'on ne balance pas l'argent par les fenêtres. Nous avons des projets, nous les mettrons en œuvre avec l'argent que nous avons. Ça évite de passer par la case endettement et de financer les projets en attendant les subventions.

Pierre Prat, président de la communauté de communes du Pont du Gard.  • Stéphanie Marin

Cela peut vous être reproché : certains élus parlent d'un manque d'ambition, d'absence de projet pour le territoire.

Je mets 10 M€ sur la zone industrielle de Domazan, qu'est-ce que je peux faire de plus ? C'est toujours facile de faire des reproches. Les pôles d'échanges multimodaux sont des projets importants pour le territoire. Si ça c'est un manque d'ambition ! Pour moi, quand on n'a plus rien à dire, on en est réduit à ce genre d'arguments.

L'ambiance n'est pas vraiment à la fête à la CCPG, vous ne vous en cachez pas, les réglements de compte se font en public, je parle là de l'affaire avec Élisabeth Viola (*).

On m'interpelle en conseil, je réponds en conseil sur des propos qui, en plus, sont des mensonges. Mais ce n'est qu'une anecdote. 

Ce n'est pas si sûr. C'est une des raisons, en tout cas, la goutte qui a fait déborder le vase et décidé Castillon-du-Gard a quitté la CCPG pour la communauté de communes Pays d'Uzès...

Pour Castillon, c'était dans les tuyaux depuis quelque temps. Le départ d'une commune est toujours regrettable, mais quand on me dit : "Je pars parce qu'il n'y a pas de fonds de concours", je l'entends. On s'apprête à voter une dotation de solidarité communautaire, avec une enveloppe de près de 70 000 € pour Castillon-du-Gard (**). Jamais elle (Muriel Dherbecourt, maire de Castillon-du-Gard, NDLR) n'aura cette somme-là avec un fonds de concours.

C'est en tout cas un départ de plus après Argilliers. Craignez-vous que d'autres suivent ? 

Toutes les communes sont libres de partir si elles le souhaitent et où elles le souhaitent. Vont-elles vers du mieux ? Je ne sais pas.

Fabrice Verdier, président de la CCPU, vous a récemment envoyé un courrier pour...

Pour ? 

Pour travailler ensemble...

Nous avons des sujets communs donc effectivement nous continuons à travailler ensemble. Parmi ces sujets, il y a le parc naturel régional, les 16 communes de la CCPG ont voté pour, qu'ils en fassent de même du côté d'Uzès. Il y a les déchets, la SPL, le PETR, etc. 

Pourquoi ne pas fusionner comme vous l'avait proposé Fabrice Verdier il y a trois ans. Restez-vous campé sur votre position ? 

Ça fait des années et des années, que ce sujet revient sur la table. Il n'y aura pas de fusion, les maires ne m'ont pas fait part de leur volonté de fusionner. Il n'y a pas de logique en termes de bassin de vie. Ce qui ne veut pas dire que nous ne travaillons pas avec la CCPU. Mais vous savez, de deux pauvres, on ne fait pas un riche et des deux pauvres, on est le plus riche. 

FAIT DU JOUR. CC du Pont du Gard : le président Prat réclame la démission de sa vice-présidente, Élisabeth Viola. 

** L'interview a été faite quelques minutes avant le conseil communautaire du lundi 18 décembre, lors duquel la dotation de solidarité communautaire a été rejetée.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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