FAIT DU JOUR Johan Reboul, du lycée Daudet à Shimla, sans avion

« Les larmes aux yeux. Après 2 ans de travail, notre documentaire avec Victoria Guillomon est bientôt à vous. Un voyage de 6 mois jusqu'en Inde sans avion », c’est le message lancé par le jeune nîmois sur son compte LinkedIn au mois d’avril. Désormais réalisateur, Johan Reboul présente son documentaire en avant-première, le 16 mai au Sémaphore de Nîmes, puis au grand Rex à Paris.
Né à Nîmes, il a suivi sa mère au Canada où il a découvert et aimé les grands espaces et la nature dans son état le plus brut. Et puis il est retourné vers la cité romaine où son père est ostéopathe. C’est au lycée Daudet que son engagement a pris naissance. « Ce sont les années Charlie. Ma prof’ d’histoire, madame Lozé, nous questionnait sur l’actualité, il y avait des débats dans la classe. Elle a ouvert ma citoyenneté », confie le jeune homme de 26 ans. De sa chambre, le lycéen lance deux pétitions sur le site internet change.org. Son appel au soutien des orangs-outangs menacés d’extinction par la surexploitation de l’huile de palme des grands groupes alimentaires mondiaux, obtient plus de 200 000 signatures.
Le destin du jeune homme est définitivement scellé, il se battra désormais pour les bonnes causes. « Ma conscience est née au Canada, dans ces grands espaces naturels. Mon engagement s’est vraiment concrétisé ici avec le scandale de l’huile de palme », raconte l’auteur du livre "Le Guide du jeune engagé pour la planète" aux Éditions Fleurus. En 2017, Johan crée le site internet et compte Facebook jeuneengagé. Pendant le confinement, il débarque sur Instagram avec des vidéos humoristiques autour de l’environnement et du rapport à la nature.
Victoria
C’est l’histoire de la rencontre entre deux esprits éclairés sur l’environnement. Lui, sur le ton de l’humour et l’actualité. Elle, dans la réflexion profonde.
Victoria Guillomon, il la connaissait par ses podcasts Nouvel œil et les livres qu’elle a publiés chez Fayard. « Un jour, elle m'envoie un long pavé sur WhatsApp en me disant qu’elle a ce projet de partir en Inde, sans avion, afin de faire un documentaire. Ça te dirait de venir avec moi ? m’a-t-elle écrit. C’était incroyable, on ne se connaissait pas », se souvient Johan.
En septembre 2023, sac sur le dos, les deux aventuriers montent à bord d’un train gare de l’Est, direction la Turquie. Ils réussissent à embarquer dans le dernier bateau en partance vers l’Égypte, au moment des événements du 7-Octobre survenus en Israël. À pieds ou en auto- stop, ils longent le Nil vers le sud du pays des pharaons, accueillis chaque soir chez l’habitant. Ils traversent la mer Rouge sur un bateau de marchandises. « De Riyad, on est partis aux Émirats, parce qu'il y avait la COP 28. On a débarqué à cette conférence mondiale sur les changements climatiques en étant les seuls Européens à être venus sans avion ! », confie le jeune réalisateur. Et puis Oman, où ils restent coincés pendant plus d’un mois sans trouver un seul cargo qui accepte de les faire traverser la dernière mer vers leur destination. Alors ils décident de prendre l’avion, arrivent en Inde, remontent tout le pays avant de revenir par le Népal, le Tibet, la Chine, la Russie… Six mois de voyage que les deux aventuriers présentent dans un documentaire cinématographique.
Johan pense que l’engagement via les réseaux sociaux n’est pas suffisant, qu’il faut aller sur place. « Alors que mon métier est très instantané et virtuel, je souhaitais savoir pourquoi je faisais tout ça. Et de rencontrer les personnes qui subissent le dérèglement climatique. Aujourd'hui, ça me donne encore plus de motivation pour continuer ce que je fais. Je l'ai vécu de plein fouet l'impact du dérèglement climatique ! », explique Johan Reboul.
Le jeune réalisateur nîmois confie que cette expérience l’a transformé personnellement dans sa relation avec l’autre, en remettant en question sa vie confortable en France. Il souhaite démontrer qu’oser aller vers l’autre, c’est très simple, et important. Et surtout, comme ils l’ont fait en prenant un avion, préserver l’environnement n’est pas un absolu, c’est un équilibre à trouver entre respect de la nature, les besoins humains, les activités économiques et les réalités locales.
La diffusion
Auto-produits, auto-distribués, Johan et Victoria préservent leur liberté créatrice. Ils ont ouvert la porte d'une des plus grandes salles de cinéma d’Europe. Le 26 mai, le Grand Rex accueille la projection de Shimla. Mais avant cela, l’avant-première est gardoise. Johan présente son documentaire le 16 mai à Nîmes, au Sémaphore. L’endroit où il a découvert le cinéma, l’endroit où ses parents le trainaient de force voir des vieux films. L’endroit qu’il a finalement adopté et adoré.