Les éditions Alcide font dans le beau livre, celui qui a du sens, celui qu’il faut avoir dans sa bibliothèque. Cette année encore, Yann Cruvellier et son équipe ont bien bossé, notamment en sortant cet ouvrage historique accessible à tous.

Raconter autrement l'histoire des Cévennes, en offrant à la fois de nouvelles perspectives et une lecture ludique et variée, Les Cévennes en 70 dates, par Jean-Paul Chabrol avec des illustrations de Frédéric Cartier-Lange est un vrai must.

De la première mention des Cévennes par Jules César en 52 av. J.-C. à leur inscription au patrimoine mondial de l'humanité au XXIe siècle, que d'événements ! Connus ou méconnus, souvent bouleversants, tous ont « fait » les Cévennes. 70 dates magnifiquement illustrées par Frédéric Cartier-Lange pour découvrir de manière originale les Cévennes !

Les légions de César dans les congères, le plus ancien code minier de France, le châtaignier, la soie, les guerres de Monsieur de Rohan, les Camisards, l’héroïne Marianne Cabanis, Solier dit « Sans-Peur », le procédé Gensoul, l'épopée du charbon, Stevenson qui rend célèbre Modestine, Pasteur au chevet de la sériciculture, le chant La Cévenole, le sauvetage des juifs, le dernier observatoire météorologique de montagne au mont Aigoual, un parc national... Pays patiemment « construit » et terre de refuge, les Cévennes ont marqué l'histoire, de la défense de la liberté de conscience à l'esprit de résistance.

L'historien Jean-Paul Chabrol allie au savoir une connaissance intime de ce petit pays. Son talent de plume donne une saveur particulière à cette singulière histoire, avec des entrées courtes, fourmillant d'anecdotes.

Diplômé de l'Université, professeur agrégé d'histoire et de géographie, passionné d'escalade et de randonnée, Jean-Paul Chabrol est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages de référence sur les Cévennes, la guerre des Camisards, le prophétisme protestant, la « Bête » du Gévaudan et du Gard...

L'histoire événementielle traditionnelle se contentait jadis d'une succession de dates mettant en scène de grandes figures et des faits dignes d'être retenus (batailles, victoires, inventions, découvertes...). Ce fut le cas de notre histoire nationale, notamment celle enseignée à l'école.

Désormais, il ne s'agit pas seulement de dater et de décrire l'événement mais d'en étudier le sens, l'écho et les traces (voire les traumatismes) laissées dans la mémoire, d'en livrer une interprétation. Le premier défi auquel l'historien est confronté est celui des limites des Cévennes, aujourd'hui encore l'objet d'aimables disputes. Héritière de César et de Strabon, la géographie savante a longtemps présenté les Cévennes comme une très longue chaîne de montagnes....

Martel, le grand spéléologue, dans son ouvrage sur les « Cévennes et la région des Causses » s'inscrit dans cette tradition longtemps véhiculée par la cartographie scolaire. N'a-t-il pas écrit que les « environs du Puy-en-Velay sont le digne couronnement du voyage des Cévennes » ? En rupture avec cette représentation héritée de l'Antiquité, les cartographes du roi, dans les années 1620, ont été parmi les premiers à distinguer au sein de cette dorsale un « pays » cévenol prenant en compte l'hydrographie, la végétation, le relief et... le peuplement réformé.

Le territoire dont parle ce livre regroupe 135 communes (93 Gardoises, 41 Lozériennes et une Héraultaise avec Ganges). Elles se situent à l'intérieur d'un espace nettement délimité par ses « portes ». C'est le « pays des serres et des valats », celui des Gardons, du Tarnon et du Tarn, de l'Hérault et de la Cèze. Mais les Cévennes ont acquis (par la singularité de leur histoire, de leur géographie et de leurs paysages) une célébrité qui dépasse très largement ses limites.

Les Cévennes en 70 dates, 136 pages au format de 17x24cm au prix de 18 euros.