L'INTERVIEW Armando Melim : "Fin 2025, le déploiement de la fibre devrait être généralisé dans le Gard"

Armando Melim, directeur Orange des relations avec les collectivités locales du Gard, lors du salon des communes et intercommunalités du Gard 2025
- CDEn cours depuis plus de cinq ans, le remplacement du réseau cuivre par le réseau fibre touche au but. Armando Melim, directeur Orange des relations avec les collectivités locales du Gard, explique ce passage au Très Haut Débit, ses futures échéances, ses raisons et ses conséquences.
Objectif Gard : En quoi consiste ce passage du réseau cuivre au réseau fibre, dans le Gard comme en France ?
Armando Melim : L’arrêt du réseau cuivre est un chantier national, qui concerne toute la France, pour moderniser le réseau et le rendre très haut débit. Il se fait en lien avec le plan 'Très Haut Débit' de l’État instauré en 2013. L’ancien réseau cuivre sera ainsi remplacé par un nouveau réseau fibre. Il y a trois solutions très haut débit en réalité, qui sont complémentaires. La fibre est la plus connue, mais il y a aussi la 5G et les satellites.
Quelles sont les raisons de cette évolution ?
Les usages sont en pleine transformation et expansion, notamment pour les collectivités et entreprises et les communications vidéos. La crise du télétravail a aussi fait exploser le télétravail et donc la demande du débit pour participer à des réunions. L’ancien réseau suffisait parfois, parfois non. Il y a aussi une raison technique, puisque le réseau est vieillissant et vétuste. On préfère investir sur un nouveau réseau plutôt que la rénovation d’un actuel.
Quelles améliorations apportera ce nouveau réseau ?
Le nouveau réseau sera moins sensible à l’humidité, aux orages, au vandalisme et donc aux pannes. D’autant plus que le réseau fibre n’a pas de valeur marchande. Une tonne de réseau cuivre vaut 10.000 euros, ce qui pose un problème en France avec des problèmes de vols. Le Gard fait d’ailleurs partie des dix départements les plus touchés par ce vice. Une plaque géographique en réseau fibre connait ainsi trois fois moins de pannes que celle en cuivre.
L’impact environnemental et financier est aussi évident puisque le réseau fibre consomme quatre fois moins d’énergie que celui cuivre. On met alors en place en parallèle une filière de recyclage pour récupérer les milliers de kilomètres de plastique, cuivre et éléments actifs pour donner un sens à cette transition. On sélectionne actuellement les entreprises qui proposent des options de recyclage.
Quelles sont les échéances et prochaines étapes de ce passage de relais ?
On a mis 40 ans à construire les réseaux cuivre et électrique, mais on ne devrait mettre que 15 ans à développer le réseau fibre. Orange a commencé en 2018-2019 le déploiement fibre et est aujourd’hui à un taux de couverture d’environ 85%. Fin 2025, le déploiement de la fibre devrait être généralisé, avec quelques points de blocage bien sûr malgré tout, sur des domaines privés ou à cause de gaines bouchées par exemple. Mais nous sommes déjà le premier pays européen à ce niveau-là.
Le délai butoir de l’arrêt du réseau cuivre est fixé à 2030. Il se déroule en quatre étapes, sur un peu plus de deux ans. La première est la notification d’éligibilité aux maires concernés, puis l’arrêt de la commercialisation, puis de l’arrêt technique et enfin l’installation du réseau fibre.
La fermeture du réseau commercial a été actée en janvier 2025 pour les huit premières communes du Gard. 26 communes suivront en janvier 2026 et ce sera le tour de 104 communes en 2028-2029 (voir liste complète des communes plus bas). La préfecture est informée de ces différentes démarches, le conseil départemental aussi, afin de se coordonner au mieux et les maires enfin logiquement, en plus des communautés de communes. On s’assure ainsi de n’oublier aucun territoire, cette coopération est nécessaire pour assurer au mieux le processus.
Quel est le coût et la rentabilité de l’opération pour les opérateurs ?
À l’échelle du Gard, cela représente plusieurs dizaines de millions d’euros. Ceci dit, ce changement est effectué par trois opérateurs d’infrastructures. Orange gère une partie de l’Agglo d’Alès, une majeure partie de la métropole de Nîmes, et une part du Grand Avignon. SFR investit en fonds propres à Bagnols-sur-Cèze et sa filiale XPFibre a remporté le réseau d’initiatives publiques du Gard.
Les administrés sont demandeurs de la fibre, mais la bascule sur ces abonnements n’est pas celle qu’on aimerait. Le taux de pénétration et abonnements est d’environ 60 %. Il faut anticiper cette bascule de réseau en sensibilisant la population à migrer sur un abonnement fibre dès qu’ils sont éligibles et ne pas attendre le dernier moment. Surtout que le prix de l’abonnement fibre est au même prix, voire parfois moins élevé que celui du cuivre, puisque les opérateurs ont intérêt à inciter à cette bascule.
Quelles difficultés, spécifiques ou non au Gard, rencontrez-vous lors de ce chantier ?
Notre département n’est pas le plus simple. Premièrement, car il compte des zones très rurales où nous devons déployer autant d’énergie pour une seule prise fibre que pour vingt en territoire urbain. Les reliefs, les forêts, les aléas météorologiques compliquent les choses aussi. Les réseaux enfouis en ville nous permettent de simplement utiliser les réseaux déjà créés. Mais lorsqu’il s’agit d’installer des poteaux, c’est une autre histoire.
L’aspect touristique n’est pas anodin non plus. Les grands évènements, comme les ferias, nous empêchent d’utiliser des nacelles ou autre matériel conséquent en pleine ville. Mais si je compare le Gard à d’autres départements, les élus et autorités sont très constructifs et bienveillants pour trouver des solutions.