Fils d'un papa américain et d'une maman française, Marco La Via, a quitté la Californie pour s'installer avec sa famille, à Bouillargues, alors qu'il n'avait que six ans. De ses années passées dans le Gard, l'homme aujourd'hui âgé de 33 ans, se rappelle l'époque du lycée, à Daudet, "j'ai grandi en faisant du skate et des vidéos avec mes amis !", s'amuse-t-il. Des premières envies de films, de ses premières réalisations inspirées du film Jackass tournées avec ses demi-frères, "on a tout perdu malheureusement". 

Les images se perdent, la passion reste. Après deux ans d'études de journalisme à Cannes et une licence Information-Communication à Paris 8, Marco La Via co-réalise en 2012, avec Hanna Ladoul et Matthieu Cabanes, un documentaire intitulé Le populisme au féminin, puis un premier long-métrage toujours avec Hanna Ladoul, Nous les coyotes, présenté lors de la 71e édition du Festival de Cannes. Six ans plus tard, le duo récidive et présente Au fil des saisons, une comédie dramatique dressant le portrait de trois femmes que tout oppose, Charlie étudie la finance tandis que sa mère, Laura, gère un élevage de poules. Après une longue absence, Solange, la mère de Laura, grand-mère de Charlie, débarque à la ferme. Le trio formé par les actrices Morgan Saylor, Andrea Riseborough et Catherine Deneuve, doit apprendre à composer ensemble, à se connaître, à s'aimer même peut-être, et ce malgré les erreurs du présent, du passé. 

Ce sont ces fameuses poules, quatrième personnage principal dans ce conte de femmes, qui vont finalement leur permettre de créer un lien. Comédiennes malgré elles, on ne peut qu'imaginer la cocasserie de certaines scènes. "Ah oui, c'était super... Mais vous savez, c'est Catherine Deneuve qui était la plus à l'aise avec les poules. Elle connaît toutes les races, elles apprenaient aux autres actrices la manière dont il fallait les prendre", se souvient Marco La Via, rieur. Ce rôle de Solange, spécialement écrit pour elle, l'icône du cinéma français l'a accepté bien volontiers, sans hésité. "Notamment parce qu'elle a cette image de bourgeoise citadine. Elle nous a dit qu'elle n'est pas du tout comme ça, elle nous montrait ses mains en nous disant : "regardez, j'ai des mains de jardinière !". Elle est très proche de la nature, du monde agricole. Elle a aimé jouer ce personnage, le défendre."

Un personnage féministe, excentrique, bien loin de la mère poule, mais qui va tout de même démontrer qu'elle peut l'être. Chaque rôle se rapporte au gallinacé, Charlie, empêché de vivre ses rêves, mettant sa vie entre parenthèse, comme un oiseau à qui on aurait coupé les ailes, pour aider sa maman, Laura, atteinte d'un cancer. Maladie qui gagne du terrain au moment où la grippe aviaire sévit dans le pays. "Ces femmes sont toutes les trois indépendantes, féministes chacune à leur façon de par leur choix de vie. Toutes les trois sont imparfaites, volontairement on ne prend pas partie. L'important au bout du compte, c'est qu'elles apprennent à accepter leur différence, souligne Marco La Via. Et finalement, c'est en passant du temps ensemble qu'elles arrivent à se comprendre."

Le film "Au fil des saisons", sera projeté en avant-première au Cinéode au Vigan ce mardi 6 février à 20h et au Gaumont Comédie à Montpellier le mercredi 7 février à 19h30. La sortie officielle est prévue le 21 février.