Quatre décennies ont passé et, pour ceux qui ne l’ont pas vécu, il est probablement difficile d’imaginer la portée de l’évènement mondain qui a eu lieu les 27 et 28 septembre 1985. C’est une véritable pluie de célébrités, de paillettes et de champagne qui est tombée sur la cité des Antonin. Nous sommes à l’époque où la ville est en pleine mutation et les vedettes du show-biz s'affichent les soirs de feria. L’évènement en question est le mariage d'Yves Mourousi, le plus célèbre journaliste français de son temps, et de Véronique Audemard d’Alançon, elle aussi journaliste.
Un mariage parodié par Coluche et Thierry Le Luron
Deux jours avant le rendez-vous nîmois, Thierry Le Luron et Coluche organisent une fausse union à Paris, restée aussi célèbre, et qui met en doute la sincérité du mariage d’Yves Mourousi en raison de l’homosexualité du journaliste, dont il ne s’est jamais vraiment caché. Mais ce week-end-là, c’est à Nîmes que le Tout-Paris se presse. Si la préfecture du Gard a été choisie, c’est parce que la star de 13h est un habitué de la Churascaia à Vauvert, du mas de Jean Lafont au Caylar et accessoirement des ferias nîmoises.
Alors, pendant deux jours, les petits plats sont mis dans les grands. Rien n’est trop beau pour le mariage de l’année en France, celui du siècle à Nîmes. « Un évènement que Mourousi a l’idée de faire sponsoriser : Cardin pour les tenues, Cartier pour les alliances, Mercedes pour la voiture des mariés. On installe 1 600 projecteurs et 15 000 bougies afin d’accueillir 2 000 invités », explique le journaliste Fabrice Drouelle dans Affaires sensibles « Yves Mourousi, roi de l’info spectacle ». Un apéritif est organisé le samedi dans les arènes pour 5 000 personnes, puis vient le moment où les époux se disent « oui » devant Jean Bousquet, maire de Nîmes.
Bernard Tapie et Dominique Baudis sont les témoins
La salle des mariages est pleine comme jamais, sous une chaleur étouffante, stars du show-biz et photographes jouent des coudes. En bonne place, on trouve les témoins, Bernard Tapie et Dominique Baudis, alors maire de Toulouse. Devant l’hôtel de ville, les badauds voient arriver les personnalités une à une et l’évènement est même retransmis par des télévisions installées devant la mairie. Le cortège doit ensuite rejoindre l’église Saint-Paul, ce qui n’est pas une mince affaire, car la fête est venue s’ajouter à la feria des Vendanges qui a lieu en même temps.
« J’ai failli faire une grosse chute »
Dans l’édifice religieux, Placido Domingo, qui a dû décliner l’invitation, est remplacé par la cantatrice Jane Rhodes et les petits chanteurs à la croix de bois. Sur le parvis, on peut reconnaitre Jack Lang, Charles Aznavour (qui chante l’Ave Maria dans l’église), Christophe Lambert, Albert de Monaco, Annie Girardot, Carlos, Thierry Lhermitte, Jacques Chazot, Eddie Barclay, le sculpteur César et bien d’autres. « Je me rappelle Alice Sapritch. Son émotion l’avait embellie », se souvient Daniel-Jean Valade. L’adjoint délégué à la Culture à la ville de Nîmes se remémore un moment moins agréable : « J’étais à l’entrée de la Maison Carrée et il y avait beaucoup de photographes qui poussaient et qui parlaient très mal. Tant est si bien que j’ai failli faire une grosse chute. »
Le fastueux mariage se poursuit ensuite dans les Jardins de la Fontaine où le cirque Zingaro s’est installé. C’est Jacques Maximin qui est aux fourneaux. Le chef étoilé du Chantecler, le restaurant du Negresco, est arrivé spécialement de Nice avec un bus rempli de 50 de ses cuisiniers. Au menu des 300 couverts, il y a de la langouste, du homard et bien sûr du champagne. La fête dure deux jours et elle se termine avec un feu d’artifice. Le tout est largement retranscrit par les médias français, faisant de Nîmes la ville du moment.
Une histoire qui se termine mal
Mais ce mariage connait une suite plus tragique puisque Véronique décède d’une méningo-encéphalite foudroyante le 17 juillet 1992. Elle n'avait que 31 ans. Le journaliste enterre sa femme le jour de ses 50 ans. Puis, il meurt à son tour le 7 avril 1998 d’une maladie cardiaque. Quarante ans après cette union ultra-médiatisée, leurs noms restent associés à la ville de Nîmes où l’on parle encore du « Mariage du siècle ».