FAIT DU JOUR Les Mille Couleurs : 30 ans d'engagement au cœur de Pissevin

Les directeur Raouf Azzouz (au centre) avec des adhérentes.
- DRÀ Nîmes, le centre social Les Mille Couleurs célèbre ses 30 ans ce samedi. Depuis trois décennies, il s'impose comme un pilier de la vie locale en tant qu’espace d’accueil, d’éducation, de solidarité et de culture.
En 1995, un collectif d'enseignants et d'habitants de Pissevin crée le centre social Les Mille Couleurs. Les objectifs étaient d'accompagner les résidents et de répondre aux besoins sociaux du quartier. Le directeur Raouf Azzouz a intégré la structure en 1997 en tant que comptable. L’année suivante, il prend la direction de la structure. “Ma mission consiste à assurer la bonne gestion du centre social et à veiller à ce que les financements publics soient utilisés de manière efficace au service des habitants”, assure-t-il. Avec plus de 2 000 adhérents, l'association occupe aujourd’hui une place essentielle pour la population locale, en apportant une dynamique positive et en offrant un véritable soutien à tous. Porté par une équipe de 20 salariés et d’une trentaine de bénévoles, le centre réunit un public intergénérationnel : enfants, adolescents, adultes et séniors.
Les missions du centre
Au quotidien, l'association Les Mille Couleurs joue un rôle de coordination, d’accompagnement et de médiation dans la vie du quartier. Elle multiplie aussi les initiatives pour répondre aux besoins des habitants. “Nous menons pas moins de 60 actions chaque année, sur trois secteurs spécifiques : l'accueil, l’insertion et la jeunesse”, affirme Eugénie Diolot, directrice adjointe du centre social depuis dix ans. Dans le secteur de l’accueil, le centre propose un accompagnement aux démarches administratives, un appui pour mieux connaître ses droits, ainsi qu’un accès aux outils numériques.
Ensuite, des permanences assurées par des professionnels et partenaires sont organisées autour de différentes thématiques telles que l’emploi, la santé ou encore l’éducation. Côté insertion, Les Mille Couleurs anime neuf ateliers linguistiques, comme l’apprentissage du français, la lecture, l'écriture, ou encore la préparation à des diplômes spécifiques. “Notre objectif, c’est de les accompagner le plus loin possible. La montée en compétences est au cœur de notre action”, souligne la directrice adjointe. Puis, spécifiquement pour les séniors, des ateliers de bien-être et de lien social sont prévus : sports adaptés, activités, sorties et moments conviviaux.
Dans le domaine de la jeunesse, le centre social propose un accompagnement à la scolarité destiné aux élèves du primaire et du collège. De plus, l’Espace Jeunes ouvre ses portes deux soirs par semaine, jusqu’à 20 heures, pour accompagner les adolescents dans leurs projets d’orientation, les aider à réfléchir à leur avenir professionnel et leur faire découvrir différents métiers. Le sous-préfet est d’ailleurs intervenu pour évoquer son parcours. “C’est un lieu de rencontre, de construction de projets et de convivialité. Il y a beaucoup de jeunes dans le quartier, mais il existe peu d’espaces pour se retrouver. Ici, ils peuvent se réunir, échanger et avancer ensemble”, assure Eugénie Diolot. Et chaque été, des sorties à la plage sont organisées avec les jeunes.
Les projets en action
Porté par la volonté de favoriser le vivre-ensemble, Les Mille Couleurs met en place différents projets avec les adhérents. L’année dernière, une dizaine de femmes ont travaillé sur une action citoyenne au sein du quartier, afin de se mobiliser autour d’un problème récurrent à Pissevin : les incivilités. En se concentrant sur la propreté du quartier, elles ont mené une campagne de sensibilisation à travers des photos, des rencontres, notamment avec Nîmes métropole, et des ateliers pédagogiques. Leur prochaine ambition : devenir les ambassadrices de la propreté, avec des gilets verts pour affirmer leur rôle dans l’espace public.
Dans le prolongement de cette dynamique citoyenne, un nouveau projet a pris forme cette année autour de la place Léonard-de-Vinci, avec une volonté de réhabiliter l’espace public. Habitants et bénévoles s’y retrouvent pour jardiner, planter des fleurs et embellir les alentours. Un collectif de jeunes a également pris place au projet en travaillant sur la réalisation d’une fresque murale avec un grapheur professionnel. Ce projet a débuté par une démarche de porte-à-porte : les jeunes ont consulté les riverains sur leurs envies et leurs couleurs préférées pour faire de ce graphe un véritable projet participatif.
“Depuis que nous sommes davantage dehors, les habitants viennent de plus en plus nous voir. Ils sont intrigués et viennent s’informer sur les projets que nous menons”, explique l’équipe de direction. Ces actions, pensées et construites avec les habitants, sont aussi importantes pour 2026, dans le cadre du renouvellement de l’agrément “centre social”. Avec leurs partenaires, notamment la Caf, les équipes évaluent l’impact de leurs actions sur le quartier : réduction des incivilités, prévention de la délinquance, engagement des jeunes… Ces différents projets mettent donc en lumière le rôle du centre social.
L’évolution du quartier
Cependant, la réalité sociale du quartier reste complexe. Depuis plusieurs décennies, Pissevin fait face à un déclin des associations, à une montée des trafics et à un sentiment d’insécurité croissant. Le souvenir tragique de la mort d’un enfant de 10 ans dans le quartier reste un marqueur douloureux. “Je n’oublierai jamais ce drame”, confie Raouf Azzouz. Les habitants, en particulier les personnes âgées, expriment souvent un profond découragement. “Ils sont nombreux à évoquer la nostalgie du passé. Avant, il y avait un cinéma, plus d’associations et d'animations. Aujourd’hui, la peur et la dégradation impactent la qualité de vie et le moral de la population”, assure le directeur. Malgré les difficultés, acteurs associatifs, élus et habitants gardent espoir, convaincus que la rénovation urbaine et les politiques de la ville peuvent faire évoluer le quartier.
Le centre social en fête
Malgré le contexte économique difficile, la décision a été prise de célébrer cet anniversaire important. “J’ai hésité, mais je voulais créer un moment de partage entre mes équipes et les habitants”, assure Raouf Azzouz. Le centre social a donc organisé une journée festive pour souffler ses 30 bougies ce samedi 14 juin. Les festivités se dérouleront à la salle Jean-Pierre-Morise à Pissevin. À midi, un repas convivial est prévu, avec une paella géante au prix de 2 euros (sur réservation). Les bénévoles historiques seront mis à l’honneur, avec une surprise offerte par Les Milles Couleurs.
Puis, à partir de 14 heures, des stands d’animations seront organisés : photobooth, quiz, activités créatives, coin bien-être, salon de thé et jeux de société. De plus, tous les articles de presse parus depuis la création de l’association seront exposés. Des enfants de l'accompagnement à la scolarité chanteront une chanson écrite spécialement pour l'événement. Enfin, un violoniste et un duo originaire du Chili viendront interpréter de la musique latine. À 18 heures, pour le bouquet final, les Gipsy de Nîmes feront un concert sur scène. Une grande fête se prépare pour rendre hommage au centre social Les Milles Couleurs, un acteur incontournable du quartier de Pissevin.