Eddie Pons est aussi célèbre que les sujets qu’il dessine ! À Nîmes, il est connu comme le toro blanc. Attachant, malicieux, taquin et doué d’un savoir-vivre hors pair, Eddie est en plus de tout cela un dessinateur de génie. Son atelier, c’est chez lui, entre La Placette et les arènes, logique. « Mon trajet de travail ? De mon lit à mon bureau, il y a un bon mètre ! J’allume Franceinfo et quand je pense aux embouteillages… Je ne me sens pas trop concerné ! »

Concerné, il le fut un peu plus quand, alors qu’ils étaient pitchounets, ses enfants lui parlaient de son travail. « C’est difficile de faire comprendre à des enfants que je travaille quand je dessine ! Mon métier, c’est le dessin et j’ai la chance de le pratiquer depuis plus de 40 ans… »

De l’actu, bien sûr, des toros, aussi, mais tous les sujets qui peuvent traverser notre planète, notre société, notre région, notre cité. En presse écrite locale ou nationale, la politique, l’agriculture… « J’ai gardé ce réflexe de dessiner l’actualité et quand un sujet me titille et que je n’ai pas de commande, je le publie sur mes réseaux sociaux. Il ne faut pas trop en faire, j’ai 72 ans, faut pas pousser pépé dans les orties ! »

Parlons un peu de cette future grande exposition. Une première pour lui depuis sa magnifique rétrospective (2006) à la Galerie des arènes. « Un gros tiers de l’exposition a été fait pour cette occasion ! Il y a donc beaucoup de nouveaux dessins mais je prépare, pour 2027, un livre sur les toros qui paraîtra aux éditions du Diable Vauvert pour la feria de Pentecôte. »

Revenons à l’expo à voir pour cette feria des Vendanges 2025 à l’Atelier de Nicole Bousquet. Une trentaine de dessins donc, mais aussi une surprise grandeur nature que certains ont déjà vu, le torero assis en train de fumer la pipe. Fait en papier mâché par Guylaine Ragheboom (JemaNîmes), il est à lui seul une pièce à voir de l’expo !

En parlant de torero et même si l’expo est centrée sur le toro, difficile d’en dessiner un sans faire l’autre… « Le torero est là, souvent, mais le personnage principal, c’est le toro. Après, je fais tout ça à ma manière ». Et la manière d’Eddie est de, souvent, retourner, inverser les situations. Donc, c’est régulièrement de mettre le torero en position d’infériorité par rapport au toro. Toujours en douceur, dans le rire et la douce satire.

« Il y a aussi quelques références, quatre ou cinq, à des tableaux ou à des artistes que j’apprécie. Renoir, Matisse, Van Gogh… Mais ce que j’aime, ce sont les scènes de la vie quotidienne et j’aime désacraliser le torero, toujours avec respect et amour bien sûr ! »

Essentiellement mis en couleurs par Eddie lui-même, l’artiste a de plus en plus de mal à les laisser en noir et blanc ! Il ait des toros mais depuis quand ? « Au milieu des années 1980, le journal La Marseillaise m’a proposé de faire un dessin chaque jour pendant la feria. À l’époque, les ferias étaient plus longues et j’ai dessiné des toros. À Nîmes, j’allais aux arènes, je vis ici depuis plus de 40 ans, j’ai aimé cette culture dès que j’y suis arrivé. Mes toros sont humanisés, ils meurent très rarement et même s’ils sont combattus, ils continuent à parler et à avoir le rôle central. »

Être dessinateur est une chose spéciale. Croquer des Hommes, l’actualité, le monde qui nous entoure n’est pas une chose aisée. Il faut essayer de le comprendre ou de le faire comprendre, tenter de plaire et d’avoir sa griffe, vouloir faire passer un message… Mais avant toute chose, un dessinateur doit dessiner ! Quelles qualités faut-il pour exercer ce métier-passion ?

« L’expérience ! En dessin, il faut travailler et autant vous dire que quand je dessine je ne fais pas l’apéro ! Bourré, je n’ai jamais d’idée et je ne dessine certainement pas mieux… Par contre, j’aime me retrouver devant une feuille blanche et voir mes saynètes se mettre en place. Des fois, j’ai le dessin en tête avant de le coucher sur le papier, d’autres fois c’est en gribouillant que les idées viennent. En fait, c’est souvent en exécutant que le cerveau se libère, que l’esprit redevient libre ! »

Eddie, des dessins, depuis plus de 40 ans, il en a fait des milliers et des milliers et tant que cela lui plaît, il continue sa belle aventure. Hors exposition, il dessine au crayon à papier, scanne et colorise numériquement ses créations. Pour une expo, il débute au crayon puis repasse à l’encre de Chine et met en couleurs sans peindre.

Vous pouvez retrouver une partie de la production d’Eddie Pons sur ses réseaux sociaux. Mais, le mieux, c’est quand même de venir lui faire coucou pendant la feria ou juste après. Pourquoi venir ? Eddie sourit et répond. « Ne venez surtout pas ! Mais, si vous venez vous allez vous régaler, c’est drôle, l’univers est beau et il faut soutenir les artistes locaux mais aussi ceux qui nous soutiennent et nous exposent comme Nicole Bousquet par exemple ! »