Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 26.09.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 292 fois

NÎMES Quand l'histoire fait face à son avenir

Les intervenants de la journée d'étude de l'Inrap à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) organisait une journée d'étude à Nîmes, l'occasion de partager le savoir acquis.

La salle cruciforme, ici lors des dernières fouilles de l'Inrap (Photo Archives Anthony Maurin).

L’archéologie préventive apporte aujourd’hui des données scientifiques et des preuves tangibles aux professionnels du patrimoine, confrontés à des chantiers de restauration voire à des reconstructions partielles de monuments historiques.

Les exemples médiatisés des fouilles menées à Notre-Dame de Paris, à Saint-Denis ou encore à Villers-Cotterêts montrent, qu’au-delà de l’intervention sur site ou dans l’urgence, les études archéologiques menées en laboratoire ont encore considérablement enrichi notre connaissance de ces symboles patrimoniaux nationaux.

Qu’en est-il aujourd’hui dans une ville comme Nîmes, dont l’héritage monumental est tout à la fois une chance et une contrainte qui pèse sur les services de l’État, les élus, les aménageurs, les architectes, les professionnels de la culture et de l’urbanisme ? Comment les recherches archéologiques récentes ont-elles permis d’orienter les partis pris de restauration ou de confortement des monuments urbains antiques et médiévaux en élévation ? Pourquoi cette phase d’expertise et de documentation scientifique est-elle nécessaire avant toute intervention ?

Les intervenants de la journée d'étude de l'Inrap à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Archéologues et professionnels du patrimoine proposent d’échanger sur leurs contributions respectives, leurs pratiques et savoir-faire complémentaires : respecter l’histoire, préserver les modes constructifs des monuments, transmettre et valoriser la connaissance.

L’accueil de cet évènement au Musée de la Romanité était indispensable, tant le musée est la plus belle vitrine de l’actualité de la recherche archéologique menée dans la commune, à proximité immédiate de l’amphithéâtre romain, comme une illustration du thème de cette journée d’étude.

Le Musée de la Romanité de Nîmes accueillait donc cette première grande journée d’étude de l’Inrap. Une belle occasion de faire rayonner la cité des Antonin, son patrimoine et son histoire, quelques heures seulement après l’inscription de la Maison Carrée à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Le public passionné par les propos des experts (Photo Anthony Maurin).

Pour Jean-Yves Breuil, directeur-adjoint scientifique et technique de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) Méditerranée - Gard, Lozère et Hérault : « Cette journée à l’initiative de Dominique Garcia est une rencontre entre public, professionnels et curieux car la valorisation est importante. On veut proposer un regard croisé. Il est pertinent que cette journée se fasse ici car les monuments sont vivants et sont menacés. Il faut continuer à les documenter, à les lire. Il faut poursuivre la recherche avec les nouveaux outils et les nouvelles méthodes, cela participe au développement futur de la ville. Les experts font attention au patrimoine et ça, c’est un art ! »

Julien Plantier, premiier adjoint à la ville de Nîmes, pense à « Jean-Paul Fournier qui a une bonne raison de ne pas être là... Il rentre d’un périple important pour notre ville. Grande et heureuse nouvelle avec la Maison Carrée, le timing est très bon. Félicitations à Mary Bourgade pour avoir suivi et porté cette candidature. La Maison Carrée a une valeur exceptionnelle, cette conservation exceptionnelle est une volonté politique, celle de notre maire. Ce moment d’échanges et de partage est pour Nîmes un signe fort, pas d’endroit plus approprié pour mettre en avant les recherches archéologiques. »

Domnique Garcia préside l'Inrap depuis près de dix ans et connaît bien le travail de l'institut à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Dominique Garcia, président de l’Inrap, prend la parole à son tour : « Monsieur Plantier se croit chauvin mais il faut choisir entre être juge et partie. Aujourd’hui on prend le parti de Nîmes car Nîmes était le bon endroit pour parler de ce sujet. Le timing face au beau résultat du patrimoine mondial ? D’autres ont dit que l’avenir ne se prévoit pas et qu’il se prépare mais en archéologie on le prévoit depuis longtemps dans une volonté de restituer l’information au public, notamment dans ce Musée de la Romanité. Je me suis d’ailleurs garé dans un parking que j’ai fouillé en centre-ville avec mon ami Marc Cellié. L’exemple nîmois mérite d’être connu et doit rayonner. La restitution par l’étude concilie l’aménagement du territoire et la préservation du patrimoine, on essaie de tracer un cercle vertueux au fil des aménagements de notre pays. Cette archéologie doit regarder vers le bas mais aussi vers le haut, vers les édifices. On a des experts qui travaillent sur du bâti, à toutes les époques. Le patrimoine a du sens, l’éternité est un vocable religieux. On sait que le patrimoine a eu un début et qu’il aura une fin, il faut y donner du sens, le renseigner, le documenter par la connaissance et l’expertise. »

Et le président Garcia de poursuivre sur sa lancée : « Cette journée d’étude n'est pas strictement régionale mais c'est ue exemple au niveau national. L’année prochaine elle aura lieu ailleurs. Cette journée doit servir à savoir comment on éclaire ce patrimoine. Je suis réellement heureux d’être ici et d’échanger avec vous car Nîmes depuis plus de 20 ans est un laboratoire à ciel ouvert. Essayons de mettre en place une plateforme commune que l’on diffusera sur d’autres territoires. »

C'était au Musée de la Romanité qu'avait lieu la journée (Photo Anthony Maurin).

Directeur régional des affaires culturelles, Michel Roussel est lui aussi ravi de l'organisation cette journée. « C’est le moment le plus redoutable pour le DRAC ! Vous attendez la suite… Le thème est particulièrement stimulant ! Les fouilles préventives nous permettent de comprendre notre passé en commençant par la fin. C’est une vision classique mais que connaît-on du bâti par l’archéologie ? C’est une aide à la décision qui nous est très importante pour mieux le préserver et le conserver. L’archéologie est importante pour la Drac et les Préfets m’appellent souvent car les archéologues sont souvent les empêcheurs de tourner en rond… C’est un jeu de rôle mais nous voulons des outils de communication car le public est fasciné. Améliorer nos connaissances, s’approprier tout ça, c’est aussi le rôle de la Drac qui est au cœur de la chaîne patrimoniale. Enfin parlons de la Maison carrée pour laquelle l’archéologie a pris toute sa part. Grâce à elle on a mieux compris le bâtiment et cela a permis ce classement à l’Unesco. »

Enfin, l'accuel se faisait au Musée de la Romanité et son conservateur Nicolas de Larquier, a lui aussi pris la parole. « Je ne résiste pas à me réjouir de l’inscription de la Maison carrée à l’Unesco, aussi au titre du Musée lui-même car nous valorisons ce patrimoine. En tant que conservateur je me dois d’être plus prosaïque et trivial. Je suis à la tête d’une collection qui regorge d’exemples, de pièces monumentales, qui sont peu étudiés. L’état de notre dépôt rejoint la thématique du devenir et de la gestion de la documentation. C’est essentiel pour les chercheurs ! »

Anthony Maurin

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