UZÈS La capitelle retrouvée à la vallée de l’Eure bientôt rénovée

Le chantier de restauration de la capitelle de la vallée de l'Eure est en cours
- Thierry AllardNombreux sont ceux qui, au cours des cinquante dernières années, sont passés tout près d’elle sans savoir qu’elle existait. Bientôt, la capitelle de la vallée de l’Eure, à Uzès, située tout près du sentier de randonnée PR39, sera entièrement rénovée par le chantier d’insertion du Centre social intercommunal Pierre Mendès-France de Saint-Quentin-la-Poterie.
Rénovée, ou plutôt reconstruite à l’identique, puisque la capitelle, construction typique des garrigues gardoises, s’était écroulée au mitan des années 1970. Depuis, « elle était noyée dans la verdure, la mémoire l’avait oubliée, il y a un an, personne ou presque ne savait qu’elle existait », explique le chef de projet du label Ville d’art et d’histoire à la mairie d’Uzès, Guillaume Boccaccio.
Intrigué par une ancienne photo aérienne où il distingue la capitelle et trois terrasses, Guillaume Boccaccio décide de se rendre sur place et y trouve « un gros tas de cailloux caractéristique. » Il toque alors à la porte du bureau du maire d’Uzès Jean-Luc Chapon avec le projet de la rénover, et l’édile donne son aval. « Avec les services techniques et le Centre social, nous avons dégagé les trois terrasses et commencé la reconstruction de la capitelle mi-avril », retrace-t-il. Avec un but : reconstituer à l’identique la capitelle, qui présente la particularité d’être la construction de ce type la plus proche du centre-ville, à l’aide de ses pierres originelles. « Un Tetris en version plus compliquée », résume l’encadrant technique du chantier d’insertion Frédéric Notte. « Un défi technique puisque cette capitelle s’est effondrée car elle s’était affaissée, nous avons trouvé le problème et renforcé la structure », développe-t-il.
Charge ensuite aux salariés du chantier d’insertion de remonter la capitelle avec ses pierres d’origine, non-taillées et de différentes formes et tailles, et d’en maçonner la porte pour solidifier le tout. Le chantier devrait être fini début juillet. On connaît donc la date à venir de la reconstruction de la capitelle, mais pas celle de sa construction. « Depuis un an, nous avons fait des recherches dans les archives et retrouvé l’histoire de la parcelle depuis 1818, date de la mise en place du cadastre napoléonien », commence Guillaume Boccaccio.
« Le patrimoine des gens du peuple »
Ainsi, la parcelle a appartenu à un boulanger d’Uzès et était plantée de vignes, puis sera revendue plusieurs fois, deviendra une olivette puis de nouveau une vigne, avant d’être rachetée par la mairie à une date inconnue, probablement dans les années 1960. « Certaines capitelles d’Uzès ont des dates de fin de construction gravées, en général entre 1780 et 1830 », affirme Guillaume Boccaccio, qui estime que celle de la vallée de l’Eure date de cette période. Quant à la date de son effondrement, il l’estime à environ 1975, sachant qu’elle était encore debout en 1974 : « j’ai trouvé une archive de l’INA de 1974, une interview du maire de l’époque, André Rancel, dans la vallée de l'Eure où on voit la capitelle en fond », avance-t-il.
Cette capitelle rejoint la collection déjà mise au jour à Uzès : « il y en a environ 600 encore visibles », précise Guillaume Boccaccio, notamment sur des terrains privés et sur le bien nommé sentier des Capitelles, qui passe tout à côté de celle de la vallée de l’Eure et sur lequel le chantier d’insertion a d’ores et déjà rénové plusieurs exemplaires. Ces constructions en pierre sèche caractéristiques des régions de Nîmes et d’Uzès servaient d’abri de jardin, dans lesquels on rangeait les outils.
Des constructions typiques, qui ont leur place au sein de la grande famille du patrimoine uzétien. « Je suis chargé de la valorisation du patrimoine à Uzès, il y a le grand patrimoine, celui des puissants, avec le duché ou la tour Fenestrelle, le patrimoine des bourgeois, avec les hôtels particuliers, et ici c’est le patrimoine des gens du peuple, de tout le reste de la population », estime Guillaume Boccaccio. Du reste, l’art de la construction en pierre sèche a été inscrit en 2014 sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’Humanité par l’Unesco, et concerne 13 pays européens, dont la France.
De quoi largement justifier cette restauration, qui a coûté environ 20 000 euros en comptant aussi la restauration des murets des terrasses, qui sera achevée en septembre avant une revégétalisation du site qui sera conduite avec des élèves de la Maison familiale rurale du Grand Mas. Une somme subventionnée par le Conseil départemental et la Direction régionale des affaires culturelles.