Gérer le Conseil départemental s’apparente de plus en plus à un exercice d’équilibriste. D’un côté, une inévitable hausse des dépenses, conséquence des décisions de l’État et de la situation du département du Gard, le sixième le plus pauvre de France. De l’autre, une baisse des recettes due notamment à la crise immobilière et à l’absence de levier fiscal. Ce vendredi, la présidente socialiste présentera son rapport d’orientation budgétaire pour 2026. Un exercice d’autant plus difficile en pleine instabilité gouvernementale : « C’est la première fois que nous présentons un rapport d’orientation budgétaire sans loi de Finances. »
50 M€ d'économies prévues en 2026
Quid des futures mesures prises par l’État sur les finances du Département ? « Nous avons près de 28 000 bénéficiaires du RSA, soit une dépense de 200 M€. Si la revalorisation est de 2 %, faites le calcul… », commente l’une de nos sources au Département. Après avoir prévu 31 M€ d’économies en 2025, le Gard prévoit « un effort de 50 M€ » en 2026 sur un budget de fonctionnement d’environ 870 M€ en 2025. Par quoi va-t-il passer ? « Les arbitrages ne sont pas calés, mais aucune politique publique ne sera arrêtée. Nous avons une réunion, lundi prochain, avec les vice-présidents », indique une autre source.
Cette année encore, les économies sur les agents contractuels devraient se poursuivre. La collectivité pourra aussi profiter d’une vague de départs à la retraite d’environ 100 agents. Reste à savoir si le niveau des services proposés baissera dans le Gard ? Côté recettes, « les DMTO (Droits de mutation à titre onéreux) devraient légèrement remonter par rapport à l'an dernier ». De quoi donner un peu d’oxygène à la collectivité qui, cette fois, ne devrait pas être en déficit et prévoit une capacité d’autofinancement positive. Néanmoins, le Département empruntera 50 M€ pour financer ses investissements à hauteur de 120 M€.
Ce que demandent la droite et le centre
Si l’opposition de droite et du centre devrait se satisfaire de la volonté de réaliser des économies, elle sera particulièrement attentive aux investissements. Lors de la dernière séance publique dédiée à la présentation du rapport de la Chambre régionale des comptes, la présidente du groupe d’opposition Le Bon Sens Républicain, Valérie Meunier, a taclé : « Depuis 45 ans, le Département n’aurait-il pas dû favoriser le développement de l’économie, du tourisme ? D’autres choix nous auraient amenés à moins de population fragile… »
Certaines intercommunalités, chargées du développement économique, aimeraient être davantage soutenues par le Département : « C’est le cas de Nîmes Métropole pour son l’aéroport », commente un maire de l’Agglo. Une autre abonde : « Comment lutter contre la pauvreté ? En créant de l’emploi ! Selon moi, ce n’est pas en réhabilitant les places des mairies que l’on va inverser la courbe du chômage ! Pourquoi ne pas créer plus de structures pour les personnes handicapées ? C’est un vrai besoin et un investissement qui correspond aux compétences de la collectivité ! » Interrogé, un élu de la majorité rétorque : « Le Département du Gard est l'un des seuls départements à construire des maisons de retraite ! (...) Qui a la compétence de développement économique ? Les intercommunalités et la Région. Les créations d’emploi, ce n’est pas le Département ! »
Une dette en baisse
Enfin, sur la question de l’endettement, le Département remboursera un peu plus de 50 M€ en 2026 et verra « des emprunts toucher à leur fin. » Du coup, « la dette n’augmentera donc pas. Elle devrait même baisser, pour repasser sous une capacité de désendettement de 10 ans, contre 14 ans en 2025. » De quoi alimenter surement les débats, à quelques mois des municipales, sur les comparatifs d’endettement entre le Département et Nîmes métropole.