Publié il y a 7 h - Mise à jour le 05.08.2025 - Propos recueillis par Coralie Mollaret - 5 min  - vu 332 fois

FAIT DU SOIR Qui est le maire de La Capelle-et-Masmolène qui titille tant Fabrice Verdier... ?

Xavier Gayte, maire de La Capelle-et-Masmolène

Xavier Gayte, maire de La Capelle-et-Masmolène 

- Coralie Mollaret

Création d’une association pour un parc naturel régional, mise en place d’un syndicat intercommunal pour la gestion de l’eau… Le quinquagénaire Xavier Gayte entend bien trouver les moyens de ses ambitions. Lors du dernier conseil communautaire avant la pause estivale, l’édile a titillé le président du Pays d’Uzès sur plusieurs sujets. Rencontre.

Objectif Gard : Tous nos lecteurs ne vous connaissent pas. Pouvez-vous vous présenter ?

Xavier Gayte : J’ai 55 ans, je suis issu d’une vieille famille de La Capelle. Mon père était polyagriculteur (vignes, tomates, cerises…) et ma mère, secrétaire de mairie pendant 40 ans. Après mes études à Montpellier, je suis parti à Chambéry faire un doctorat en écologie. Je suis resté en Haute-Savoie pendant 20 ans. J’ai notamment dirigé le Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie. Quand mon père est tombé malade, je suis revenu à La Capelle avec ma femme et nos deux enfants pour reprendre l’exploitation agricole. En parallèle, j’ai saisi une opportunité professionnelle à Montpellier lors de la création de l’Office français de la biodiversité.

Le parc naturel régional toujours dans le viseur

À votre retour, vous avez aussi réalisé la première étude pour le parc naturel régional de l’Uzège ?

Oui, je m’étais mis à mon compte dans ma spécialité. À la demande du syndicat mixte des Gorges du Gardon, présidé par le député Christophe Cavard et soutenu par un autre député, Fabrice Verdier, nous avons réalisé l’étude de faisabilité en 2014. L’étude était favorable à la création d’un parc, avec un périmètre et un mode de gouvernance. Entre-temps, les municipales se sont organisées. Le maire d’Uzès, Jean-Luc Chapon, a posé ses exigences, comme le pilotage du parc par le PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural), présidé par le premier adjoint de Montfrin, Philippe Marchesi, et non le syndicat mixte. Jean-Luc Chapon a aussi souhaité une modification du périmètre, incluant les communes de l’autre côté de l’autoroute, membres de l’intercommunalité du Pont du Gard. Des choses qui ont été faites. 

Où en est ce projet aujourd’hui ?

La Région Occitanie, elle, s’est prononcée favorablement sur le sujet. Elle a demandé une réactualisation des études avant un vote de l’ensemble des communes sur le périmètre du parc. Problème : Uzès a voté contre alors que 73 % des communes ont émis un avis favorable ! Ce vote est intervenu après les municipales de 2020, avec le « deal » politique entre Jean-Luc Chapon et Fabrice Verdier, devenu son premier adjoint. Pour moi, c’est un déni de démocratie… Du coup, nous avons lancé, en juin, une association pour la création du parc naturel régional des Garrigues gardoises. Sur les 80 communes potentiellement concernées, nous avons 40 communes adhérentes. Le 3 octobre prochain, nous ferons notre assemblée générale et les comptes des adhésions.

En conseil communautaire, vous avez proposé à Fabrice Verdier de participer à cette assemblée générale… Pourquoi ? 

Oui ! Fabrice Verdier avait publiquement dit qu’il était pour ! Avec Jean-Luc Chapon, c’est l’un des rares, si ce n’est le seul point de divergence. Vous savez, pour nous, communes rurales souffrant d’un manque d’ingénierie, le PNR est un plus. En termes de fiscalité, cela rapporterait 12 000 € de plus à ma municipalité (budget annuel de fonctionnement : 600 000 €). Et, contrairement à ce que croit le maire d’Uzès, un parc naturel régional est un projet de développement économique tenant compte du patrimoine culturel. Ce sont les élus qui mettent ce qu’ils veulent à l’intérieur. Après, je sais que le mode de gouvernance – une voix par commune – ne plaît pas à Jean-Luc Chapon. Et qu’il ne veut pas laisser penser que ce projet est la réussite d’associations environnementales.

Du coup, quelles relations avez-vous avec Fabrice Verdier ?

On s’entend bien. Nous avons travaillé ensemble sur l’aménagement de l’étang. Ça s’est très bien passé. Au départ, c’était mon boss quand on a fait l’étude pour le PNR. Nous avons le même âge… C’est le sujet du PNR qui le met en porte-à-faux aujourd’hui. Ensuite, je trouve que dans la gestion de l’intercommunalité, il y a très peu de prospective et d’anticipation. Le seul projet d’avenir, dans ce mandat, ne peut pas être une piscine ! En début de mandat, j’avais émis l’idée de créer un groupe pour les petites communes rurales de notre intercommunalité. Vous pensez, ça n’a jamais été accepté !  

Militant de la filière bois 

Quand vous parlez de « vision », un autre projet a suscité le débat entre vous lors du dernier conseil communautaire : la pertinence de créer une filière bois sur le territoire. Pourtant, cette fois, Fabrice Verdier a assuré le cofinancement de l’étude de faisabilité…  

Oui, je l’avoue, c’était un peu pour le titiller. Certains élus qui ne connaissent pas le sujet se permettent d’en parler de façon négative. L’idée est de savoir si le mode développé par La Capelle peut servir à tout notre territoire. Nous allons bientôt créer des hangars servants, entre autres, au séchage de nos plaquettes forestières. Sur notre commune, nous avons 850 hectares de forêt, c’est énorme. Et ces plaquettes serviront à alimenter nos nouvelles chaudières. Grâce à la croissance naturelle du bois dans la garrigue, l’on pourrait alimenter trois fois La Capelle. C’est une solution vertueuse pour lutter contre le risque incendie et créer de l’activité économique. Le 3 octobre, nous validerons le cahier des charges, et le PETR devra porter le projet, c’est-à-dire commander l’étude, en sa qualité de maître d’ouvrage.

Concernant l’intercommunalité, vous êtes aussi favorable au transfert de la compétence eau et assainissement à l’intercommunalité. Beaucoup de maires sont contre. Pourquoi ?

Je pense que c’est toujours mieux de mutualiser les gros investissements. C’est dommage, nous n’en avons jamais parlé avec Fabrice Verdier. Pour nous, les investissements liés à l’eau ont représenté 1 M€ sur le mandat. Nous sommes allés chercher des subventions partout, avec les dents ! Cette compétence, pour les communes, c’est une responsabilité technique : nos deux agents s’occupent du niveau de chloration, des châteaux d’eau, de la station d’épuration… Si on connaît très bien le réseau, il y a parfois des fuites que nous n’arrivons pas à trouver, et nous n’avons pas le matériel des entreprises spécialisées. Du coup, avec plusieurs communes (Saint-Quentin-la-Poterie, Flaux, Saint-Victor-des-Oules, Saint-Hippolyte-de-Montaigu, Vallabrix), nous allons créer un syndicat pour mutualiser cette compétence.

Pour en revenir à vous et votre commune, comment êtes-vous devenu maire de La Capelle-et-Masmolène ?

En 2014, j’aurais aimé me présenter avec le maire sortant, mais il n’avait pas voulu que je siège à la communauté de communes. Nous avons donc monté notre liste et nous avons perdu. En 2020, on s’est représenté. À l’époque, on m’a dit que j’étais trop écolo pour l’emporter. Finalement, nous avons gagné !

Candidat aux Municipales 2026

Quel bilan faites-vous de votre action ?

On s’est concentré sur la ressource en eau. Nous avons refait la station d’épuration, calibrée pour 1 000 équivalents habitants. On a refait la canalisation d’alimentation en eau potable, datant de 1963 et totalement érodée, pour 600 000 €. On a également créé un bistrot de Pays : la mairie est propriétaire des lieux, du matériel. Nous avons une convention d’affermage avec un couple pour avoir la main sur les tarifs, l’offre culturelle et les périodes d’ouverture. Un espace de coworking a été mis en place, il a bien marché pendant la crise sanitaire. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur notre étang, en créant le premier crapauduc du Gard, afin que les batraciens passent sous la route.

Serez-vous candidat en 2026 ?

Oui, je l’annoncerai le 12 septembre lors d’une réunion publique. S’il le veut, le maire peut faire beaucoup de choses, même si, aujourd’hui, nous le voyons que l’expression « intérêt général » est devenue un gros mot.

Quels nouveaux projets avez-vous à proposer aux habitants ?

La reconversion de notre lavoir en logement, la création d’une ferme agrivoltaïque sur laquelle quatre éleveurs devraient s’installer, avec la construction de hangars qui serviront aux agriculteurs du territoire ainsi qu’au séchage de nos plaquettes forestières. 

Serez-vous candidat aux Départementales ? Votre nom a circulé pour vous présenter aux côtés de la conseillère départementale sortante, Bérangère Noguier…

Nous n’en avons jamais parlé. Ce n’est même pas un sujet d’actualité. Comme certains qui pensent que je veux présider la communauté de communes du Pays d’Uzès ! C’est ridicule, je n’ai aucune chance au regard des rapports de force au sein du Pays d’Uzès !

Propos recueillis par Coralie Mollaret

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