Publié il y a 9 mois - Mise à jour le 20.12.2023 - Propos recueillis par Abdel Samari - 3 min  - vu 892 fois

IMMIGRATION Le député Modem du Gard Philippe Berta explique son vote en faveur de la loi : "J'assume"

Élu de la 6e circonscription, Philippe Berta, s'exprime après le vote sur la loi Immigration

- Photo Objectif Gard

"Nous sommes droits dans nos bottes, nous ne transigeons pas. Parce que nous ne voulons pas de l'extrême-droite au pouvoir en 2027."

Alors que le vote à l'Assemblée nationale hier soir sur la loi Immigration a considérablement divisé, notamment dans la majorité présidentielle, le député Modem du Gard Philippe Berta assume d'avoir voté en faveur du texte. Il s'explique.

Objectif Gard : Vous n'avez pas trop la gueule de bois aujourd'hui après avoir voté avec le Rassemblement national cette loi Immigration ?

Philippe Berta : J'assume. Je n'ai aucune leçon à recevoir. Surtout de la Gauche qui a voté la motion de rejet avec le RN et a empêché toute discussion sur cette loi. Depuis des mois, ils servent la soupe au Front National. Au départ, c'est quand même cela la situation. La loi qui est adoptée n'est pas du tout sur une base idéologique de Marine Le Pen et de son père. Je voudrais rappeler que le Rassemblement national a voté contre la loi au Sénat, contre en commission à l'Assemblée nationale. Pour la motion de rejet main dans la main avec la Gauche. Hier, ils ont voulu faire une entourloupe alors que le matin même, Jordan Bardella avait annoncé qu'il ne voterait pas ce texte. J'ajoute que tous les marqueurs de l'extrême-droite depuis des années ont été franchis puisque la loi prévoit désormais de régulariser les étrangers en activité professionnelle. C'est donc de la politique politicienne de bas étage, ils ne savent faire que cela.

Vous avez pourtant bénéficié de leurs voix pour faire passer le texte, non ?

Absolument pas. S'ils s'étaient abstenus, le texte serait de toute façon passé. Nous n'avons pas eu besoin de leurs voix, et on ne les voulait pas. Nous avons été clair dès le départ.

Cette loi vous convient donc ?

Je retiens surtout les points positifs. D'abord, les mineurs ne seront plus enfermés en centre de rétention. Il y a une régularisation des sans-papiers qui travaillent et depuis longtemps dans une insécurité sociale permanente. L'AME (l'aide médicale de l'État, NDLR) ne sera pas remise en cause. Il faut préciser aussi que le Conseil constitutionnel, garant de notre constitution, aura l'occasion de se prononcer sur les détails des mesures. Si une partie est considérée comme anticonstitutionnelle, il fera le ménage. Enfin, sur le volet plus répressif, il y a la possibilité désormais d'expulser les étrangers les plus violents ou qui pourraient s'en prendre à notre pays et aux personnes dépositaires de l'autorité. Moi, je pense qu'à la fin, il n'y a rien d'aussi extraordinaire qui mérite tous les commentaires que nous entendons. Nous sommes droits dans nos bottes, nous ne transigeons pas. Parce que nous ne voulons pas de l'extrême-droite au pouvoir en 2027. Faut donc regarder en face les sujets. Depuis longtemps, madame Le Pen et ses amis n'ont qu'un seul sujet : l'immigration. Ils n'ont plus rien à dire, nous avons fait ce qu'attendaient de nous les Français. Il suffit de regarder le sondage de ce soir où plus de 80 % des Français interrogés sont satisfaits... C'était donc une attente sociétale très forte.

Un des ministres que vous connaissez bien, le Gardois Aurélien Rousseau, n'avait pas l'air de se satisfaire de cette loi. Il vient de démissionner...

Moi, je ne veux pas commenter les décisions personnelles. Je regrette son départ car nous avions aujourd'hui même une réunion de travail pour faire avancer des dossiers gardois. C'est donc surtout dommage pour notre territoire. Agnès Firmin Le Bodo, qui le remplace au ministère de la Santé, est une amie. Elle a d'ailleurs salué aujourd'hui à l'Assemblée nationale mon action pour les maladies rares. Je dois la revoir prochainement.

Revenons à cette loi votée hier. Vous n'êtes pas chagriné par la disposition sur les étrangers à qui l'on réclame une caution pour étudier en France ?

Cela ne passera pas le Conseil constitutionnel. Nous sommes en France, et cet accompagnement de la jeunesse d'ici comme d'ailleurs, c'est la France que l'on aime. Mais soyons honnête, nous sommes un peu seul dans le monde à proposer ces dispositions. Que ce soit en Angleterre, en Allemagne, aux États-Unis, des cautions sont exigées. Moi, j'ai toujours privilégié la qualité des candidatures des étudiants étrangers plutôt que l'argent sur leur compte bancaire...

La loi Immigration introduit aussi la préférence nationale chère au RN. Une digue a sauté, non ?

On ne peut pas parler de préférence nationale. il y a des critères effectivement qui différencient ceux qui travaillent et les autres. Mais là encore, à mon sens, il y a une forme de discrimination qui ne passera pas le Conseil constitutionnel.

Cette crise politique révèle peut-être au grand jour la fin du "en même temps" du président Macron et le retour du duel de la Droite et de la Gauche ?

Moi, je suis sur le même raisonnement : comment on évite l'extrême-droite en 2027 ? Nous avons pris nos responsabilités. Il y a dans la loi des dispositions dont on avait besoin depuis longtemps, qui vont permettre de mieux protéger la population française. C'est aussi l'occasion de reconnaître les étrangers sans papiers qui travaillent. Et de favoriser une immigration choisie, celle qui bosse.

Propos recueillis par Abdel Samari

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