Quelle rentrée ! Ce lundi, les élus de Nîmes Métropole ont retrouvé le chemin du Colisée, après la pause estivale. Au total : quatre heures de débat pour valider 121 délibérations. La séance de « l’équinoxe », a commenté le président LR Franck Proust, pas avare ces derniers temps d’envolées lyriques, a démarré par les traditionnels ajustements budgétaires.
Une dette de 480 M€ à la fin du mandat ?
L’occasion pour l’élue nîmoise, membre du groupe d’opposition La Gauche Unie, Sylvette Fayet, de faire part de son inquiétude quant à la dette : « Au fil des dossiers, on voit des recours à de nouveaux emprunts. La tentation peut être grande en fin de mandat d’accélérer des travaux, des achats… Cet emballement nous laisse craindre une dégradation de la situation financière. Pourtant, cette tactique, vous l’aviez dénoncée lors de la gestion précédente. »
Le vice-président aux finances, Frédéric Beaume, se veut rassurant : « il y aura une très légère augmentation d’emprunt, d’une vingtaine de millions d’euros. » Toutefois, « la hausse était de 180 M€ d’emprunt lors du mandat précédent ! On reste dans une marge très raisonnable et, de plus, nos ressources ont augmenté. » Franck Proust, par ailleurs candidat LR aux municipales de Nîmes, abonde : « On rembourse chaque année autour de 30 M€. Fin 2025, la dette sera de 480 M€, comme annoncé. La situation est sous contrôle. » L'avenir le dira.
Franck Proust : « Conair est là, bien là »
Le principal sujet, ce lundi soir, était l’aéroport, avec l’organisation d’une concertation sur son avenir. L’Agglo a retenu le cabinet d’architecture A+ pour l’accompagner dans sa conception et sa mise en œuvre, ces huit prochaines années. « C’est toujours embêtant de prendre, à six mois des élections, des décisions engageant le mandat suivant », pique Vincent Bouget, lui aussi candidat aux municipales. L’opposant de La Gauche Unie poursuit : « Le coût de 855 000 € pour 2025 pour ce cabinet. Quel est l’objet réel de cette concertation ? Puisque les objectifs ont été définis, comme le périmètre. » Le vice-président au développement économique, Olivier Fabregoul, l’assure : « Le schéma n’est pas écrit ! On donne simplement des axes, comme le trafic passager, mais aussi de l’aéroindustrie avec des installations d’entreprises en bord de piste. La formation aussi, c’est exponentiel… On a une pépite ! »
Pas très convaincu, Vincent Bouget interroge sur l’arrivée annoncée de Conair, leader mondial dans la formation de pilotes bombardiers d’eau. Franck Proust reprend la main : « Il y a eu un décalage lié à la commande publique passée avec les États. Pour dimensionner leur projet d’implantation, la société a besoin d’avoir une idée sur le volume du marché. Nous ne sommes pas maîtres des décisions géopolitiques. En tout cas, le projet est toujours là, et bien là ! Le permis a été déposé, les lettres d’engagement signées, et Conair verse ses loyers. »
L’aéroport, enjeu des prochaines municipales ?
Les débats sur l’aéroport ont repris lors du rapport annuel 2024 du gestionnaire, Édeis. Olivier Fabregoul se félicite « du record des 260 000 passagers, même si nous sommes assujettis aux décisions de Ryanair », seule compagnie desservant Nîmes. Et d’indiquer : « L’aviation d’affaires a subi une baisse notable : moins 41 % par rapport à 2023. » Également candidate, Valérie Rouverand s’oppose franchement à la gestion de Franck Proust : « La réalité financière est intenable pour le trafic passager. Quelles sont les subventions versées à la compagnie ? Quel contrat lie Édeis à Ryanair ? Faut-il rappeler les annonces de nouvelles lignes qui n’ont jamais vu le jour ? Aujourd’hui, les billets au rabais sont payés avec l’argent des contribuables ! »
Il n’en fallait pas plus pour agacer Franck Proust qui, pour le coup, troque ses envolées lyriques contre un élan de colère : « Il ne faut pas dire n’importe quoi ! Quelle pression fiscale ? L’aéroport de Nîmes, en 2024, a dégagé un excédent de 407 000 €. C’est l’aéroport qui ramène des recettes fiscales ! » Concernant les subventions à Ryanair : « Qu’est-ce que je fais ? Je dis que l’aéroport touche des subventions, on ferme ? Le trafic aérien civil, c’est 1 300 emplois et 130 M€ de valeur ajoutée. Quant au contrat commercial, nous n’avons pas le pouvoir légal de le demander. Allez leur dire à Marseille de fermer les lignes Ryanair, je vous souhaite bon courage ! »
Sur les destinations, souvent critiquées, le président se défend : « Aujourd’hui, les lignes entrantes correspondent au profil des touristes qui viennent sur le territoire. Ce n’est pas ma faute si la mise en place d’une taxe par la France nous a privés de l’opportunité d’ouvrir une ligne vers l’Espagne. Ensuite, si les Nîmois sont contents d’aller faire un mariage à Marrakech, je ne vois pas pourquoi ce serait mal. » Un voyage à Marrakech ? Une référence directe à un séjour de Valérie Rouverand l’an dernier. L'élu appréciera... « Je veux bien que l’on soit en campagne, mais arrêtons de dire n’importe quoi », a-t-il conclu. La suite de ce voyage communautaire, à la prochaine séance du 4 novembre.