Premier acte avant le début de la séance, lorsque Laëtitia Gaillard, qui avait la procuration du député RN Pierre Meurin, a décidé de changer de place : initialement placée sur les bancs de l’opposition, elle a choisi de s’asseoir avec la majorité, aux côtés d’Olivia Gemtu-Chantry, la deuxième élue concernée. Puis, alors que la séance venait de débuter, les deux élues ont demandé la parole.
Olivia Gemtu-Chantry d’abord, pour « un droit de réponse » suite au communiqué du maire évoquant une décision qu’elle « ne comprend pas ». « J’ai donné ma procuration pour une commission au CCAS à Ludovic Nicolas (élu d’opposition du groupe Simplement Pont, ndlr), qui m’avait déjà donné sa procuration à deux reprises, sans que ça ne dérange personne », explique-t-elle. L’accusation de trahison, elle la retourne : « je t’ai fait confiance et tu m’as trahie », lance-t-elle au maire, avant de s’en prendre à ses « méthodes malsaines » et au fait que Valère Segal « décide seul », évoquant l’affaire du terrain du collège, la venue des médecins de Saint-Julien-de-Peyrolas ou le recrutement de la directrice générale des services. « La dictature continue », lancera-t-elle en guise de conclusion.
Puis Laëtitia Gaillard lui succèdera, « pour te remercier, commencera-t-elle à l’adresse du maire. En m’enlevant ma délégation, tu m’as enlevé un poids : celui de devoir m’associer à des décisions et des choix politiques qui ne résonnent plus en moi mais que je me devais de suivre. » L’élue évoquera « le manque de communication » entre le maire et les élus, et rappellera qu’elle avait « suivi l’équipe portée par Gérome Bouvier, avec des valeurs de transparence, alors que ça fait des mois qu’on nage en eaux troubles, avec des projets devenus aussi vides que le dernier conseil municipal. » Puis Laëtitia Gaillard niera « tout ralliement à un parti », et dira s’être livrée à « un acte démocratique pour faire tomber le voile. Je retrouve ma liberté. »
Le maire ne répondra pas, et déroulera l’ordre du jour, jusqu’à la délibération n°4, à savoir la communication de l’avis rendu par la Chambre régionale des comptes sur le terrain du collège. Sur le fond, on n’apprendra pas grand chose, si ce n’est que l’audience devant le Tribunal judiciaire, entre la mairie et l’Établissement public foncier a eu lieu le 24 septembre et que le délibéré est attendu pour le 22 octobre. Pas grand chose, car le débat a ressemblé à tous les autres sur le sujet depuis des mois.
Crise au sein de la majorité
Mais ce n’était que le début : la délibération n°8, qui consistait en la création d’un poste de collaborateur de cabinet, mettra au jour des fissures encore plus importantes dans la majorité. Ainsi, le conseiller municipal Jean-Pierre Morel prendra la parole pour s’inquiéter du fait que le maire avait bien le droit de voter ladite délibération, puis du fait que l’emploi de Bernard Seu précédemment à ce poste n’avait pas fait l’objet d’une délibération de ce type. L’adjointe Karine Bommenel lui répondra que, à l’époque, la municipalité s’était appuyée sur une délibération de 2018 créant ce poste, et qu’elle n’avait pas vu une délibération de 2023 le clôturant, d’où son ouverture ce soir. « Ça aurait pu a minima faire l’objet d’une communication en conseil », regrettera Jean-Pierre Morel.
L’opposition, qui n’en demandait pas tant, renchérira : Ludovic Nicolas évoquera sa « surprise » et son « désaccord », et Claire Lapeyronie que « ce n’est pas aux Spiripontains de payer » la campagne du maire sortant. Le maire se défendra en arguant de la légalité de la décision et du fait que son futur directeur de cabinet « ne sera pas un directeur de campagne », et son adjointe Vérah Randrianasolonandrasana du fait que ce poste comble « un véritable besoin. »
Place au vote, et il sera serré : 16 voix pour, 15 contre et 2 absentions. Au sein de la majorité, Alain Barbato, Ludivine Fabre, Jean-Pierre Morel, Hervé Rouquette, Michel Feger et les deux élues déchues de leurs délégations, Olivia Gemtu-Chantry et Laëtitia Gaillard ont voté contre, et Sylvie Barral et Mireilla Raveloson se sont abstenues.
Le vote passé, Jean-Pierre Morel reprendra la parole pour lire une déclaration « avec l’assentiment de ceux qui ont voté contre », pour affirmer que, en juillet, Valère Segal avait dit à son équipe qu’il ne souhaitait pas repartir en 2026. « Deux adjoints se sont manifestés pour reprendre le flambeau », rappelle-t-il, en l’occurence François Carli et Hervé Rouquette, selon nos informations. « Nous devions nous réunir le 23 septembre pour désigner à bulletin secret celui des deux adjoints derrière lequel nous allions partir, or vous avez fait part de votre candidature le 22 septembre », poursuivra Jean-Pierre Morel à l’adresse du maire, avant de suspecter que ce dernier ne se retire après une éventuelle réélection « en faveur de (son) poulain », à savoir François Carli.
Le maire ne démentira pas l’histoire de la réunion avortée : « je devais vous informer de ma décision le 22 septembre, ce que j’ai fait. » Il rappellera qu’effectivement, il ne pensait pas se représenter initialement, « mais malheureusement, quand j’ai vu cette bataille interne, j’ai été sollicité par beaucoup d’adjoints, de colistiers, pour revoir ma position. » « Nous avons estimé qu’en tant que maire sortant, tu étais légitime, mais ce n’était pas pour autant un quitus », précisera Jean-Pierre Morel. Les débats s’achèveront par une intervention d’Olivia Gemtu-Chantry affirmant que le maire était en conflit d’intérêt en ayant voté la délibération, et par Aurélie Delwarte prévenant qu’elle saisirait « les autorités pour l’invalider. » Reste désormais à voir quelles suites aura cette délibération, à tous les niveaux.