ALÈS Le comité de défense de l'hôpital repart au front pour défendre l'accès aux soins et à la santé
Après s'être mis en sommeil pendant quelques temps en raison de la pandémie, le comité de défense de l'hôpital d'Alès-Cévennes reprend du service à l'heure où l'offre en matière d'accès aux soins et à la santé se "détériore" sur le bassin alésien. C'est ce qu'ont laissé entendre ses membres à l'occasion d'une conférence de presse organisée ce vendredi 21 avril, en vue d'annoncer la rencontre-débat du 25 avril à l'espace Alès-Cazot, en présence de Michèle Leflon et Christophe Prudhomme.
Le docteur généraliste Jean-Marc Leyssenne, président du comité de défense de l'hôpital public d'Alès-Cévennes et de la promotion de la santé dans le bassin cévenol - c'est ambitieux -, avait donné rendez-vous à la presse locale au bar des Alliés ce vendredi 21 avril, en fin de matinée. Cette conf' s'est tenue en présence de plusieurs membres du collectif, dont Christiane Thomas, animatrice de la section alésienne du PS, et Mireille Julien, ancienne élue d'opposition à la ville d'Alès, militante LFI.
Mais c'est bel et bien Roger André, membre fondateur du comité de défense de l'hôpital en 2000, qui s'est chargé d'un petit rappel historique. Car le comité sort du placard et repart au front pour défendre la santé après une petite mise en sommeil faisant suite à quelques "belles victoires". "Le comité est né d’une initiative lumineuse du syndicat CGT de l’hôpital à l'heure où celui-ci était menacé", a entamé l'infirmier. Des manifestations d'ampleur ayant rassemblé "jusqu'à 4 000 personnes" ont permis de "conserver le service des urgences tel qu’il fonctionnait", tandis que la maternité avait été maintenue, comme le service cardiologie.
Après quoi, sans trop y croire compte tenu du contexte d’austérité qu'avait déclenché "le plan Juppé", le comité de défense réclamait la construction d'un nouvel hôpital flambant neuf, voyant le leur se dégrader à vue d'œil. "Ça a demandé 10 ans de gestation. On nous a compliqué la vie en nous demandant de réduire les surfaces et tout un tas de choses. Mais au final, on a eu l’accord du ministère. Et l’hôpital neuf a vu le jour en 2011, avec le même nombre de lits qu’à l’époque !", rembobine Roger André.
Ces points historiques abordés, Jean-Marc Leyssenne a dégainé une demi-douzaine de fiches sur lesquelles étaient mentionnées un certain nombre de données piochées "sur le site de l'Insee". D'après les chiffres édictés par le médecin généraliste alésien, "12 millions de français habitent dans un désert médical", "7 millions de français n'ont pas de médecin traitant" et "64% des français ont renoncé dans l’année 2022 à des soins en raison de délais de prise en charge trop longs".
Le Dr Leyssenne, "préoccupé" par "la difficulté de trouver un médecin de proximité ou d’avoir accès aux services d’urgences en ce moment", n'a pas manqué de soumettre ces données au jeu de la comparaison avec les chiffres du bassin alésien. "La réalité alésienne révèle une densité de 97 médecins pour 100 000 habitants contre 148 à l'échelle de la France", a ainsi précisé le président du comité de défense de l'hôpital Alès-Cévennes.
"C’est une catastrophe sanitaire !"
Mais à Alès comme ailleurs, "la raréfaction de l’offre ambulatoire et de l'accès à la médecine de ville" constituerait "une angoisse" chez la population et renforcerait le sentiment de vivre au beau milieu d'un "désert médical". Au cœur d'une agglomération qui "devrait voir sa population augmenter de 15 000 habitants en 10 ans", les conséquences sont immédiates, notamment matérialisées par un recours en hausse à la médecine médicale de garde. Jean-Michel Suau y est allé de son exemple personnel émanant d'une discussion avec un docteur de la structure de garde alésienne. "Récemment, un samedi, 180 personnes sont venues dans la journée à la médecine de garde. C'est énorme !", a martelé l'élu d'opposition à la ville d'Alès.
Par ailleurs, "le profil de santé de la ville d'Alès fait apparaître des taux de décès prématurés dûs à l’alcool, au tabac et aux produits illicites bien supérieurs à la plupart des villes de plus de 5 000 habitants", a rajouté le Dr Leyssenne, quand Béatrice Ladrange, élue d'opposition à la ville d'Alès, considère que "la précarité prégnante à Alès aggrave les choses en matière de santé".
Pour agrémenter ce tableau déjà bien sombre, la fermeture programmée des urgences de Bonnefon au 20 juin est un autre motif d'inquiétude aux yeux du président du comité de défense qui prédit le pire : "On n’arrivera pas à contenir l'afflux de patients qui avaient l'habitude d'aller à Bonnefon. Il faudra attendre des heures et des heures. C’est une catastrophe sanitaire !"
"La santé ne doit pas être une marchandise"
Une fois opéré ce constat, les protagonistes de la conférence de presse ont esquissé un certain nombre de propositions pour redorer le blason de la santé, telles que la modernisation et l'extension des services d'urgences, la création de centres de santé pluriprofessionnels publics, l'arrêt des fermetures de lits, l'embauche de personnels, ainsi que la réouverture du service de soins de suite et rééducation.
"L’hôpital public ne paie pas assez son personnel de santé. On a donc recours aux intérimaires. On tire les professionnels vers les secteurs de rentabilité. Or la santé ne doit pas être une marchandise", analyse Jean-Michel Suau, reprenant un slogan bien connu des syndicats. Pour toutes ces raisons, et avec en ligne de mire les États Généraux de la santé portés par le président d'Alès Agglo en juin prochain, le comité de défense de l'hôpital d'Alès-Cévennes a jugé pertinent de convier à Alès Michèle Leflon, présidente de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et martenité de proximité, et Christophe Prudhomme, porte-parole de l'association nationale des médecins urgentistes de France.
Une après-midi chargée attend le tandem ce mardi 25 avril, laquelle débutera par une visite du centre hospitalier en présence du député de la 5e circonscription Michel Sala, et s'achèvera par une rencontre-débat à partir de 18h, à l'espace Alès-Cazot
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