ANDUZE Depuis près de trois ans, Pascale Maurand-Hugonnet subit les symptômes du Covid long
Ils seraient deux millions en France, 34 millions en Europe, pour qui le Covid n'est pas qu'un lointain souvenir. Épuisement, pertes de mémoire, Pascale Maurand-Hugonnet ne sort plus du brouillard depuis novembre 2020 et sa contamination au Covid-19. Elle n'a toujours pas repris le travail et reproche au gouvernement l'absence de prise en compte de cette situation au niveau national. Tout en louant le travail incessant des soignants et chercheurs.
Elle ne quitte le masque que lorsque elle est en couple. Au-dessus, un regard fatigué où transparaît une grande lassitude. Pascale Maurand-Hugonnet a l'impression de vivre le même jour depuis le 30 octobre 2020, où elle a été contaminée par le Covid-19. Sérieusement handicapée par des absences, elle n'a jamais repris son travail de secrétaire de mairie. Elle souffre désormais du regard des autres sur un handicap non-apparent et pour lequel elle reproche à l'État de ne pas investir. "On subit un manque de reconnaissance au niveau national, énonce-t-elle. Surtout que l'État ne met pas d'argent sur la recherche."
Pour elle, les deux millions de malades français justifient amplement l'engagement national. "D'autant que beaucoup de médicaments ne sont pas pris en charge : comme les soignants tâtonnent, on nous donne beaucoup de choses naturelles pour atténuer les symptômes, que la Sécurité sociale ne reconnaît pas." En face de cette absence de considération, Pascale met "le handicap permanent que l'on a. Pour l'instant, les chercheurs ont mis en évidence environ 200 symptômes." Fatigue, problèmes gastriques ou neurologiques reviennent de façon récurrente. Pascale, elle, n'a pas retrouvé le goût depuis la maladie. "Un ORL montpelliérain m'a dit que si je ne les retrouvais pas au bout d'un an, c'était perdu à jamais."
"S'adapter en permanence, en fonction de l'inflammation du corps"
Pascale Maurand-Hugonnet garde contact avec "des collègues avec lesquels j'ai été hospitalisée à Montpellier. Les gens ne se rendent vraiment pas compte du nombre que nous sommes et du handicap." En congé longue maladie jusqu'en novembre, percevant un demi-salaire, elle se demande si son avenir passera par une reprise forcée ou une retraite d'invalidité. Dans son malheur, Pascale a la chance d'avoir un mari bien présent, retraité de la Défense nationale, constamment au chevet de son épouse, et qui l'emmène, tous les matins aux rendez-vous de kinésithérapie, d'orthoptiste ou d'orthophoniste.
Chez le kiné, justement, "j'étais la seule en covid long, au départ". Pascale Maurand-Hugonnet en croise désormais trois au cabinet alésien, et deux à Anduze, où elle se rend aussi. "70 % des Covid longs sont des femmes, relève-t-elle grâce à l'appui de l'association Après J20 (*), entre 30 et 60 ans." Elle-même en a 60. "Ce sont des personnes qui travaillaient, faisaient du sport. Moi, dès que je fais des efforts, je les paye." Une séance de kiné s'accompagne forcément d'une plage de sommeil, désormais. "Il faut s'adapter en permanence, en fonction de l'inflammation du corps."
Et Pascale insiste, cette absence de prise en compte a des conséquences économiques. parce que dans les deux millions de malades, il existe tout type de personnes, de l'emploi précaire au cadre ou chirurgien, de l'étudiant incapable de suivre ses cours au professeur de lycée qui ne sait plus articuler. Une incidence qui n'est absolument pas calculée, et le sera d'autant moins que le Covid est désormais sous les radars, alors même que le site Covidtracker a cessé de livrer le taux d'incidence depuis le 31 mars. En attendant, ceux souffrant d'une affection longue durée, invisible de prime abord, restent regardés de travers.
(*) www.apresj20.fr
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