Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 01.09.2023 - Corentin Migoule - 4 min  - vu 6332 fois

FAIT DU JOUR La cave de Vézénobres à l'heure de la métamorphose

cave Vézénobres

Antonin Aurand et Laure Longuet ont de beaux projets pour la cave de Vézénobres.

- Corentin Migoule

À l’état de ruines depuis des décennies, la cave coopérative de Vézénobres, véritable verrue en plein centre du village, a été rachetée par deux pharmaciens qui projettent de la rénover pour en faire un pôle de santé. Le premier coup de pioche est imminent !

Ça bruisse au village ! Depuis des semaines, "tout le monde est au courant". Mais parce qu'ils sont précautionneux, les porteurs du projet sont restés discrets jusqu’à ce que le délai de recours des tiers relatif au permis de construire soit purgé. C'est désormais chose faite et les deux pharmaciens vézénobriens Laure Longuet et Antonin Aurand ont toute la latitude pour présenter leur démarche. 

À Vézénobres, la cave coopérative construite à la fin des années 1920 est à l’état de ruines depuis que l’activité vinicole a cessé au mitan des années 90, avant qu’une société d’assurances occupant la partie bureaux en fasse de même une dizaine d’années plus tard. Ainsi, la cave, située sur l’axe principal (RD936) qui traverse la commune, est une verrue qui dénote dans le paysage.

cave Vézénobres
Antonin Aurand et Laure Longuet ont de beaux projets pour la cave de Vézénobres. • Corentin Migoule

Longtemps propriétaire du bâtiment, l’ancien conseiller municipal d’opposition Alain Parisot l’a vendu en fin d'année dernière aux deux pharmaciens qui codirigent la pharmacie du village, située dans la zone commerciale à une petite centaine de mètres de la cave. Les associés se sont rencontrés par le plus grand des hasards, par le biais d'une connaissance plus ou moins directe du Dr Jacques Gras, bien connu à Vézénobres et ses alentours.

Le rachat de la cave n'a, lui, rien d'une opération hasardeuse tant il a fait l'objet d'une longue réflexion. Face à l'imposante cave haute de 17 mètres, "on a d'abord eu du mal à se projeter" reconnaît Laure Longuet. "On a vu cette cave qui était dans son jus. C'était trop gros ! Il a donc fallu mûrir le projet." Dans l'esprit des deux pharmaciens, comme pour beaucoup de confrères à l'heure de la désertification médicale, il s'agissait avant tout de trouver le moyen de conserver les médecins généralistes prescripteurs. 

"Pour donner envie à de nouveaux médecins de s'installer sur la commune, il faut des locaux adaptés, un parking et la possibilité d'exercer à plusieurs", résume Antonin Aurand. "Les professionnels de santé souhaitent de plus en plus travailler à plusieurs en exercice coordonné. Ceux qui travaillent seuls ont des conditions de travail dégradées", complète la pharmacienne qui a exercé pendant 20 ans dans une officine nîmoise. 

Un déménagement au printemps prochain

Depuis son arrivée il y a trois ans, dès lors qu'il a été question d'envisager un déménagement, le duo a fait le tour des locaux disponibles dans les entrailles de la commune à laquelle il est déjà attaché. Aucun d'entre eux n'a trouvé grâce à ses yeux, à l'exception de la cave, choisie car cochant beaucoup de cases. "On aura de la visibilité, sur un axe passant, avec un grand parking, tout en étant à proximité du champ de foire", se réjouit le jeune pharmacien.

Le défi de la métamorphose de la cave coopérative sera relevé par l'architecte héraultais Thierry Assante. L'enjeu sera de préserver en partie la structure initiale tout en la rendant exploitable. "On va mettre en avant le côté historique de cette cave. Les Vézénobriens y sont attachés et n'auraient pas aimé qu'on la rase", avance Laure Longuet. "On ne compte plus les clients qui nous racontent une histoire personnelle avec cette cave", enfonce son compère d'aventure. 

Une transformation partielle de la cave suivie d'une extension seront opérées. Le premier coup de pioche est d'ailleurs imminent. Mi-septembre, la démolition du préau en béton ouvrira un long chantier. "Des ouvertures vont être réalisées avec une grande véranda pour apporter de la lumière naturelle et gagner en espace de vente", avertit par ailleurs Antonin Aurand. Le transfert de la pharmacie vers un espace de 400 m² neuf et fonctionnel est espéré pour le mois d'avril 2024.

cave Vézénobres
Une idée de ce à quoi pourrait ressembler le projet final. • A3 Plans

Conscient que la population locale est "plutôt vieillissante", le binôme d'associés a l'intention de profiter de l'agrandissement pour développer de nouveaux services tels que le maintien à domicile. "On va prendre la cause du service à la personne à bras-le-corps", promet Antonin. Et d'ajouter : "Ici, beaucoup de gens ne savent pas qu'on fait de la vente et de la location de matériel médical car on n'a pas la place pour exposer les produits. Dans la future pharmacie, on aura carrément un appartement témoin équipé d'un lit médicalisé, de différents modèles de fauteuils roulants et de déambulateurs, permettant aux patients de véritablement se projeter."

Le futur pôle de santé attenant sera lui en mesure d'accueillir une douzaine de professionnels de santé. En plus des médecins généralistes, plusieurs spécialistes sont ciblés, dentiste, cardiologue et pneumologue notamment. Mais la priorité absolue revient à la venue d'un dermatologue. "Il n'y en a quasiment plus sur Alès et à Nîmes les délais vont jusqu'à 18 mois", se désole l'ancienne pharmacienne nîmoise. 

Kiné, sage-femme et infirmières de la commune devraient aussi suivre les deux pharmaciens. "On a encore des possibilités d'extension. Tout dépendra de la demande", indique Laure Longuet. L'installation des professionnels de santé devrait intervenir quelques mois après le déménagement de la pharmacie, soit au dernier trimestre de l'année 2024. "Ça ne sera pas un pôle médical au sens strict du terme car nous ne recevrons pas de subventions de l'ARS, mais pour le patient ça sera la même chose. Il retrouvera en un même lieu tous les professionnels de santé", résume la dernière nommée.

"Ça va donner une nouvelle vie à ce bâtiment"

Ce projet 100 % privé, initié sans aucune aide financière extérieure, est celui d'une vie pour les deux pharmaciens. Côté "gros sous" justement, les associés ne souhaitent pas communiquer le coût du projet mais parlent volontiers d'un "montant très conséquent". "On a intérêt à ce que ça fonctionne...", fait habilement comprendre la pharmacienne. Et les raisons d'y croire sont nombreuses ! 

"Quand ça touche à la santé, la population est en demande. Les gens attendent beaucoup de nous", s'alerte Laure Longuet. "Tout le monde veut savoir quels spécialistes on pourra retrouver. La santé, ça génère du stress", soutient celui qui fait partie du bureau de la nouvelle communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) alésienne. Refusant de coller au projet l'étiquette d'"opération immobilière", Antonin Aurand préfère y voir la preuve de son attachement à la commune. "J'ai toujours exercé en milieu semi-rural. Je n'ai jamais eu envie de travailler en ville. À la campagne, on est plus proche des gens, la communication est plus simple."

Après deux décennies au cœur d'un quartier populaire nîmois, sa partenaire en est aussi convaincue : "La clientèle est plus agréable et plus charmante à Vézénobres." Ce qui fait les affaires du maire, Sébastien Ombras. Interrogé à ce sujet il y a quelques mois au détour d'une interview, l'édile vézénobrien se voulait enthousiaste : "Ça va donner une nouvelle vie à ce bâtiment. C’est un super projet qui s'intègre à merveille avec notre rénovation du champ de foire !"

Contact : pharmacie de Vézénobres 04.66.83.53.84 ou par mail (pharmaciedevezenobres@orange.fr)

Corentin Migoule

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